Accueil des migrants: combien ça coûte?

Publié le 08/09/2015 à 10:47

Accueil des migrants: combien ça coûte?

Publié le 08/09/2015 à 10:47

Avec AFP - L'Allemagne a annoncé l'accueil de 800000 réfugiés en 2015. Une générosité admirable qui a un coût: 10 milliards d'euros, soit 15 milliards $CA. Mais contrairement à d'autres, le pays a les reins assez solides pour assumer cette charge supplémentaire. 

10 milliards d'euros, c'est quatre fois plus que l'an dernier. Une hausse proportionnelle à celle du nombre de migrants enregistrés sur le sol allemand: 800000 hommes, femmes et enfants devraient demander l'asile en 2015, contre 203000 l'an dernier.

L'Etat évalue à 12.000 à 13.000 euros par personne (soit environ 18000 $CA) le coût annuel de la prise en charge des réfugiés par les communes, intégrant l'hébergement pendant l'examen de la demande d'asile, les repas, le suivi médical et l'argent de poche.

S'y ajoutent un demi-milliard d'euros pour les postes supplémentaires d'enseignants payés par les Etats régionaux, ainsi que l'embauche de 2000 employés supplémentaires par l'Office fédéral de l'immigration et des réfugiés et les renforts policiers, pour un montant non précisé.

L'Allemagne mettra tous les moyens financiers nécessaires en oeuvre pour accueillir et intégrer les réfugiés appelés à s'installer dans le pays, a promis mardi le ministre des Finances Wolfgang Schäuble. «Nous devons financer tout cela, dans la mesure du possible sans contracter de nouvelles dettes», a précisé ce conservateur, connu pour son orthodoxie budgétaire. En conséquence, a-t-il prévenu, «les velléités de dépense (des autres postes) verront se ranger derrière» ce qu'il a décrit comme «le plus gros défi depuis longtemps» pour l'Allemagne et l'Europe.

Pour l'Allemagne, «venir à bout de cette tâche énorme est la priorité absolue», a déclaré le grand argentier dans un discours au Bundestag, chambre basse du Parlement allemand, où il venait présenter le projet de budget 2016. «Nous pouvons venir à bout de ce défi, notre pays en a la force, notre situation économique est bonne», a-t-il poursuivi.

«Nous avons des marges de manoeuvre (budgétaires) supplémentaires, et nous pouvons et devons les utiliser pour accomplir cette grande mission», a poursuivi le doyen du gouvernement Merkel, très critiqué ces derniers mois pour son intransigeance envers la Grèce.

Rappelons que le budget fédéral de l'Allemagne était à l'équilibre l'an dernier, pour la première fois depuis 1969, et doit le rester pour les années à venir. Le budget public, qui inclut les comptes des Länder, des communes et des caisses de sécurité sociale, est à l'équilibre ou en excédent depuis 2012.

Du côté français

En France où les finances ne sont pas au mieux, la perspective n'est pas exactement la même. Le pays prévoit l'accueil de «seulement» 24.000 réfugiés en deux ans. C'est «une question de quelques millions et ça ne se fera pas au détriment d'autres politiques», a assuré lundi le ministre des Finances Michel Sapin.

L'argent qui sera dégagé pour ces personnes «n'a rien à voir avec les enjeux globaux qui sont ceux de l'équilibre du budget de l'Etat et des collectivités locales», a affirmé le responsable sur RMC et BFM TV.

«Nous faisons un geste à la hauteur de la générosité necessaire», a souligné M. Sapin. Mais «c'est totalement à la mesure de ce que nous pouvons faire», a ajouté le ministre en reconnaissant que l'accueil des réfugiés représentait aussi «un poids».

«On ne parle pas de milliards, on parle de millions. On est dans des domaines où les choses sont possibles», a précisé lors d'un point presse le ministre, évoquant pour l'Etat des «frais de transport» et «de renforcement de l'Ofpra» (organisme chargé d'étudier les dossiers des réfugiés), mais aussi des «frais pour les départements», qui vont prendre en charge une partie de solidarité.

Interrogé sur la possibilité que l'Etat dégage dans le budget une ligne spéciale consacré à l'accueil des réfugiés, le responsable a répondu «évidemment».

«Nous verrons en coordination avec les collectivités locales comment partager les conséquences de notre acte de générosité», a souligné M. Sapin, assurant que le travail était «en cours».

Les opinions publiques

Qu'on trouve cela logique ou qu'on s'en lamente, on peut constater une étrange corrélation entre l'état des finances publiques et celle de l'opinion publique.

En Allemagne, selon un sondage du magazine Stern mené en août dernier, 76% de la population estime ainsi qu'il faut accueillir sans condition les réfugiés venus d'un pays en guerre. Ils sont même 57% à estimer qu'il faudrait appliquer les mêmes règles en cas de persécution politique et religieuse.

De l'autre côté du Rhin, le contraste est saisissant. En France, 55% de la population se dit opposée à l'assouplissement des règles d'octroi du statut de réfugiés selon un sondage Odoxa réalisé il y a quelques jours pour Le Parisien. En fait, seulement 44% des Français voudrait prendre exemple sur l'Allemagne. Même la photo du petit Aylan n'a pas réussi à renverser cette tendance qui reste relativement stable depuis plusieurs mois.

Pour autant, il ne serait pas juste de réduire la générosité d'un peuple à l'état de ses finances publiques. Il y a pléthore d'autres facteurs qui pèsent dans la balance et qui déterminent l'ouverture d'un pays à ces vagues de réfugiés: le contexte politique intérieur, le poids de l'Histoire, des réflexes culturels et sociétaux... La santé financière d'un pays n'est qu'une des dimensions du problème. Corrélation n'est pas causalité.

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