Ukraine: Poutine signe le rattachement de la Crimée à la Russie, l'Occident condamne

Publié le 18/03/2014 à 14:40

Ukraine: Poutine signe le rattachement de la Crimée à la Russie, l'Occident condamne

Publié le 18/03/2014 à 14:40

Par AFP

Le président Vladimir Poutine a signé mardi un traité historique rattachant la Crimée à la Russie, faisant fi des sanctions occidentales contre Moscou et d'un retour aux pires heures de la Guerre froide.

Aussi bien Kiev que les Occidentaux ont aussitôt fermement condamné cet accord, signé à l'issue d'un discours sous les ors du palais du Kremlin chaudement applaudi par les deux chambres du parlement et les gouverneurs russes réunis pour l'occasion.

Un militaire ukrainien a été tué mardi dans une tentative d'assaut contre son unité militaire à Simféropol, a annoncé à l'AFP le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense en Crimée.

Le rattachement de la Crimée à la Russie, conclu avec les nouveaux dirigeants pro-russes de la péninsule, est entré en vigueur dès mardi, même si le Parlement russe doit encore ratifier une loi en ce sens, une simple formalité.

A Sébastopol, environ 2.000 personnes ont regardé M. Poutine sur un grand écran dans le centre-ville et ont crié "Hourra" et "Russie! Russie!"

A Kiev, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé mardi Vladimir Poutine de suivre l'exemple de l'Allemagne nazie en "annexant" la péninsule ukrainienne de Crimée. Le ministre de la Justice Pavlo Petrenko a dit que l'Ukraine se réservait le droit de saisir les biens de la Russie si celle-ci approuvait la "nationalisation" des propriétés de l'Etat ukrainien en Crimée.

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a estimé que le conflit en Crimée passait "de la phase politique à une phase militaire" et le ministère ukrainien de la Défense a annoncé que les militaires ukrainiens en Crimée étaient autorisés à utiliser leurs armes.

Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a qualifié à Varsovie le rattachement de la Crimée de "confiscation de territoire", menaçant Moscou de nouvelles sanctions.

Le président américain Barack Obama a invité les dirigeants du G7 et de l'Union européenne à se réunir la semaine prochaine à La Haye pour débattre de la situation en Ukraine.

 

La Crimée, "partie intégrante de la Russie"

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a annoncé la suspension de toute coopération militaire avec Moscou, jugeant "regrettable" que la Russie ait "fait le choix de l'isolement" et estimant hautement probable que la Russie soit exclue du G8.

La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé un accord allant "contre le droit international" mais a estimé que le dialogue avec la Russie devait se poursuivre, tandis que le président français François Hollande a appelé à "une réponse européenne forte et coordonnée" lors du sommet européen des 20 et 21 mars.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy devait néanmoins se rendre à Moscou mercredi pour rencontrer M. Poutine, mais il a annulé sa visite "parce que les Russes l'ont rendue publique", a indiqué une source européenne à Bruxelles.

Dans son discours, marqué par des élans de patriotisme et un ton très anti-occidental, M. Poutine a joué sur la fibre émotionnelle et assuré que la Russie ne voulait pas d'une scission de l'Ukraine, deux jours après un référendum en Crimée qui a plébiscité un rattachement à la Russie.

"Dans le coeur et la conscience des gens, la Crimée était et reste une partie intégrante de la Russie", a-t-il lancé, affirmant que Moscou aurait "trahi" les habitants de la péninsule si elle n'avait pas répondu à leur appel à les protéger face à la contestation à Kiev qui a abouti à la destitution du président Viktor Ianoukovitch.

La Crimée, qui appartenait à la Russie au sein de l'URSS, avait été offerte en 1954 à l'Ukraine par le numéro un soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Ne croyez pas ceux qui vous font peur au sujet de la Russie, qui vous crient qu'après la Crimée, vont suivre d'autres régions", a déclaré M. Poutine à l'adresse de ceux qui s'inquiètent d'une éventuelle répétition du même scénario dans l'est russophone de l'Ukraine.

"Nous ne voulons pas la scission de l'Ukraine, nous n'en avons pas besoin", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat russe s'est aussi livré à une dénonciation en règle des Occidentaux qui ont décrété des sanctions contre Moscou, estimant qu'ils avaient "franchi la ligne rouge" et s'étaient comportés de "manière irresponsable" dans la crise ukrainienne. Il les a accusés de faire preuve de "cynisme" et d'agir selon "le droit du plus fort".

 

Ironie russe sur les sanctions

Un conseiller du Kremlin visé par les sanctions, Vladislav Sourkov, a ironisé et jugé que c'était une sorte d'+Oscar+ de la part de l'Amérique, dans la catégorie +meilleur second rôle masculin+".

Plutôt symboliques, les sanctions annoncées lundi concernent un nombre limité de hauts responsables russes et ukrainiens pro-russes.

Onze personnes sont visées selon la Maison Blanche : sept Russes et quatre personnes accusées de collusion avec la Russie en Ukraine, dont le président déchu Viktor Ianoukovitch, un conseiller, et deux dirigeants séparatistes de Crimée, Serguiï Axionov et Volodymyr Konstantinov.

Parmi les Russes, qui voient leurs éventuels avoirs gelés aux Etats-Unis, figurent le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, la présidente du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement), Valentina Matvienko, deux proches conseillers de M. Poutine (Vladislav Sourkov et Sergueï Glaziev) et deux élus de la Douma.

Dans le même temps, les ministres européens des Affaires étrangères ont pris des sanctions --restrictions de visas et gels d'avoirs-- contre 21 responsables ukrainiens et russes dont MM. Axionov et Konstantinov et des militaires russes actifs en Crimée.

De telles sanctions sont inédites dans l'histoire des relations UE-Russie depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.

Les sanctions sont "inacceptables" et auront des conséquences, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à son homologue américain John Kerry.

L'option militaire exclue, les Occidentaux comptent sur l'impact d'un isolement international croissant de la Russie. Les Etats-Unis et l'UE, qui comptent parmi les principaux partenaires de Moscou, se réservent la possibilité d'imposer des sanctions économiques et commerciales.

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a annulé une visite prévue mardi à Moscou avec le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, a déclaré que Paris pourrait suspendre la vente de deux navires polyvalents Mistral à Moscou, aux termes d'un contrat signé en 2011.

Il a toutefois indiqué que le président russe était toujours invité le 6 juin en France aux cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement des forces alliées.

Le maître du Kremlin, sorti renforcé du référendum et dont la cote de popularité en Russie a battu un record depuis sa réélection à la présidence en mai 2012, a clairement montré qu'il restait imperturbable face aux menaces occidentales.

Quelque 120 000 personnes se sont rassemblées mardi en fin de journée sur la place Rouge où un concert était organisé pour soutenir la politique du Kremlin, et où M. Poutine est apparu.

"Nous sommes ensemble ! Gloire à la Russie", a-t-il lancé à l'assemblée avant que ne retentisse l'hymne russe.

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