Entrevue n°251: Ma Jun, fondateur, Institute of Public and Environmental Affairs


Édition du 06 Juin 2015

Entrevue n°251: Ma Jun, fondateur, Institute of Public and Environmental Affairs


Édition du 06 Juin 2015

Par Diane Bérard
D.B. - Parlons de vos tactiques. Vous écrivez directement aux pdg des multinationales...

M.J. - Nous tentons de savoir qui sont les sous-traitants chinois de chaque multinationale. Nous vérifions ensuite ceux dont le nom apparaît sur nos listes de manufacturiers délinquants. Puis, nous envoyons leur nom au pdg de chaque société internationale en lui disant : «Votre sous-traitant enfreint les règles environnementales, nous en avons la preuve. Que comptez-vous faire ?» Les multinationales ont longtemps plaidé l'ignorance. Cet argument ne tient plus, nous sommes là.

D.B. - Apple vous a donné du fil à retordre...

M.J. - En 2010, nous avons écrit aux pdg de 29 marques technos pour leur demander la liste de leurs sous-traitants. Ils ont tous répondu, sauf Apple. Nous ne pouvions pas en rester là. Apple est trop importante, ses activités ont un impact considérable sur l'environnement. Nous avons donc publié, à partir de l'information que nous possédions, un premier rapport sur Apple, puis un deuxième. Après le deuxième rapport, les relationnistes d'Apple nous ont rencontrés à Beijing. Un an et demi avait passé depuis l'envoi de la lettre. À la deuxième rencontre, toujours en Chine, Apple a envoyé quelques membres de la direction en plus des relationnistes. Les troisième et quatrième rencontres ont eu lieu au siège social de Cupertino, avec la haute direction. Jusqu'à la quatrième rencontre, Apple a soutenu que son personnel suivait les sous-traitants et que tout était maîtrisé.

D.B. - Comment êtes-vous venu à bout des résistances d'Apple ?

M.J. - Je m'en suis tenu aux faits. J'ai répété que je m'étais rendu sur les lieux. Je leur ai montré les résultats des tests de l'eau des lacs et des rivières à proximité des usines de leurs sous-traitants. À la fin de la quatrième réunion, la direction d'Apple a reconnu qu'il serait bon d'introduire un certain niveau de transparence dans leur chaîne d'approvisionnement. Ils ont recruté des inspecteurs indépendants qui ont confirmé ce que je leur avais dit.

D.B. - Où se classe Apple aujourd'hui ?

M.J. - Au début, l'entreprise figurait au bas de notre classement. Aujourd'hui, elle se trouve en haut. Cela nous donne confiance.

D.B. - Après le secteur de la techno, votre ONG s'attaque à un autre pollueur important, l'industrie textile.

M.J. - Oui, et les entreprises de ce secteur ont répondu bien plus vite que celles des TI. Elles ont l'habitude qu'on leur réclame des comptes. Et elles encadrent déjà bien leurs sous-traitants, mais seulement ceux du premier maillon de la chaîne. Or, les maillons faibles sont les sous-traitants des sous-traitants. Ceux qui teignent les tissus ou qui cousent les boutons ou les perles, par exemple. Pour les conscientiser à cette réalité, nous venons de publier le rapport «L'angle mort du secteur du vêtement».

D.B. - Êtes-vous victime de censure ?

M.J. - Notre site est parfois bloqué ou en panne, mais rarement pendant longtemps. Utiliser les données du gouvernement nous donne un coup de pouce.

D.B. - Perdez-vous parfois patience ?

M.J. - Oui, lorsque je constate que nous sommes loin du point de bascule. Nous arrivons à limiter certains dommages environnementaux, mais pourtant, ni la qualité de l'air ni celle de l'eau ou des sols ne s'améliorent.

D.B. - En quoi vos défis diffèrent-ils de ceux du dirigeant d'une ONG environnementale occidentale ?

M.J. - Mes homologues occidentaux peuvent compter sur le soutien populaire pour faire avancer leur mission. En Chine, la participation citoyenne est un phénomène récent, tout comme les ONG. Nous éveillons beaucoup de méfiance. Le peuple chinois est habitué à ce que les directives viennent de l'État, pas de la rue.

À la une

Bourse: Wall Street clôture en ordre dispersé

Mis à jour à 18:12 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a clôturé en légère hausse.

Bourse: les gagnants et les perdants du 18 avril

Mis à jour à 18:32 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.

À surveiller: Banque TD, Marché Goodfood et Lion Électrique

Que faire avec les titres de Banque TD, Marché Goodfood et Lion Électrique? Voici quelques recommandations d’analystes.