Les Affaires au Forum économique mondial des nouveaux champions


Édition du 17 Octobre 2015

Les Affaires au Forum économique mondial des nouveaux champions


Édition du 17 Octobre 2015

Par Diane Bérard
MAIN-D'OEUVRE

Éducation juste-à-temps

«À 35 ans, votre formation est déjà dépassée. Elle est vieille de 10 ans. Pensez plutôt éducation juste-à-temps», prévient Tom Mitchell, directeur du Centre de l'apprentissage automatisé de l'université Carnegie Mellon, à Pittsburgh. Le concept d'éducation juste-à-temps renvoie à tous ces cours auxquels nous nous inscrivons nous-mêmes : cours informels en ligne aussi bien que formations accréditées. Mais il comprend aussi les occasions d'apprentissage que nous offre notre employeur. «La capacité de développer de nouvelles connaissances en cours d'emploi influence de plus en plus le choix des candidats vers un employeur plutôt qu'un autre, souligne Harry West, pdg de la firme californienne frog design. Prenez nos employés : pour les garder, il faut les déplacer constamment afin de leur offrir de nouvelles occasions d'apprendre.»

MAIN-D'OEUVRE

Fracture...

«Ne soyons pas naïfs à propos du monde du travail qui s'annonce, prévient Jonas Prising, pdg de la firme internationale de recrutement Manpower. Il y aura ceux qui bénéficient du changement et ceux qui sont à sa merci. Des hommes et des femmes n'auront pas le seuil minimal de littératie technologique pour gagner leur vie. Il en résultera des tensions sociales très fortes. On le constate déjà dans certaines régions du monde comme l'Europe.» Tom Mitchell, directeur du Centre de l'apprentissage automatisé de l'université Carnegie Mellon, à Pittsburgh, ajoute : «La tendance à l'automatisation des emplois basés sur la répétition s'accélère. Un gain pour les employeurs et pour la productivité, mais pas nécessairement pour les travailleurs.»

MAIN-D'OEUVRE

Du travail ou un emploi ?

Les sites offrant des mandats de courte durée se multiplient. Ces sites offrent des contrats à la fois pour les cols bleus et les cols blancs. Quel prix payons-nous pour un monde de travail plus flexible ? Arriverons-nous à une société qui ne créera plus aucun emploi, se contentant d'offrir du travail à la pièce ? Si tel est le cas, la fracture n'en sera que plus importante entre ceux qui tireront leur épingle du jeu - qui gagneront décemment leur vie tout en profitant de la flexibilité - et ceux qui ne sauront pas se vendre ou qui n'auront rien à vendre. «La révolution touche plusieurs fronts : la façon dont le travail est accompli, le lieu où il est accompli et la personne qui l'accomplit», résume Jonas Prising, pdg de la firme internationale de recrutement Manpower.

Comment influencer le changement plutôt que de le subir

Adopter un nouveau vocabulaire

«On a cessé de sous-estimer les vendeurs de rues et leur contribution à l'économie le jour où on les a appelés des microentrepreneurs, raconte Martin Burt, fondateur de la Fundación Paraguay, spécialisée en microfinance. Combien de perceptions pourrions-nous influencer en adoptant un nouveau vocabulaire ?»

Compter sur le pouvoir d'une bonne histoire

«La connaissance vous confère de la crédibilité. Enveloppez ces informations dans une histoire bien ficelée et vous y gagnerez de l'empathie», souligne Calvin Chin, fondateur de la société de capital de risque chinoise Transist Impact Labs. L'entrepreneur établit un parallèle avec l'impact des orateurs grecs Cicéron et Démostène. «Après un discours de Cicéron, le peuple disait : "Il a bien parlé". Après une prestation de Démostène, le peuple déclarait : "Levons-nous et suivons-le !" Désirez-vous qu'on vous apprécie ou qu'on vous suive ?»

Voir grand

«Si vous souhaitez implanter un changement durable, proposer une nouvelle solution ne suffit pas, croit Kalsoom Lakhani, pdg d'Invest2Innovate, un accélérateur d'entreprises sociales de Karachi, au Pakistan. Il faut souvent bâtir l'écosystème qui soutiendra votre solution.» À titre d'exemple, citons Elon Musk, de Tesla. Il ne peut pas se contenter de construire des véhicules électriques. Pour que son innovation soit adoptée, Elon Musk doit contribuer, par exemple, au développement d'un réseau de bornes de recharge et à l'avancement des recherches sur le stockage de l'énergie.

Andreas Raptopoulos, cofondateur de Matternet

«Plusieurs citoyens de pays émergents ont sauté l'étape du téléphone filaire. Ils ont adopté directement le cellulaire, raconte Andreas Raptopoulos, cofondateur du constructeur californien de drones Matternet. Il pourrait en être de même pour les infrastructures. Dans certaines régions difficiles d'accès, il est plus rentable d'utiliser des drones pour la livraison que de construire des routes.»

Nina Tandon, cofondatrice d'Epibone

Coqueluche de l'édition 2015 du Forum économique des nouveaux champions, Nina Tandon a participé à trois panels. Elle a aussi remporté un «Technology Pioneer Award» du Forum économique mondial. «Le corps est une machine qui a parfois besoin de pièces de rechange, explique la jeune scientifique, qui a été consultante chez McKinsey. Epibone, située dans le quartier Harlem de New York, permet à chacun d'entre nous de créer ses propres pièces de rechange, dans un bioréacteur en laboratoire, à partir de ses cellules.»

Louis-Philippe Morency, professeur associé à l'université Carnegie Mellon

Ce natif de l'île d'Orléans appartient à la communauté 2015 des Young Scientists du Forum économique mondial. Le jeune chercheur publie des travaux sur l'intelligence artificielle, plus particulièrement la reconnaissance faciale. «Nos recherches ont des applications pour recruter des employés ou pour dépister des maladies mentales, explique-t-il. D'une part, on analyse la bande vidéo des entrevues pour permettre aux recruteurs de découvrir les intentions réelles du candidat. D'autre part, on réussit à déceler des expressions faciales annonciatrices d'épisodes psychotiques.»

Asher Hasan, fondateur de Naya Jeevan, Fondation Schwab

De plus en plus de grandes sociétés sont désignées du doigt relativement aux conditions de travail de leurs sous-traitants. Il ne suffit plus de montrer patte blanche pour ses propres activités. Asher Hasan apporte une solution. Son entreprise, Naya Jeevan, de Karachi au Pakistan, élabore des programmes d'assurance santé que les grandes sociétés offrent à leurs sous-traitants. Naya Jeevan négocie des tarifs préférentiels auprès d'assureurs partenaires. C'est une entreprise hybride qui combine des activités à but non lucratif et lucratif. Les grandes sociétés comme L'Oréal et Unilever financent une partie des programmes, les utilisateurs cotisent aussi et le reste des revenus provient de diverses sources, comme des organisations non gouvernementales.

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