La québécoise KDC vise l'Asie


Édition du 05 Décembre 2015

La québécoise KDC vise l'Asie


Édition du 05 Décembre 2015

Par François Normand

Le Japon est un marché très intéressant pour les clients de KDC, car la consommation de produits de beauté et de soins personnels par habitant y est la plus élevée du monde.

Le fabricant québécois en sous-traitance de produits de santé et de beauté KDC, né en Estrie en 2002, envisage de l'expansion à l'extérieur de l'Amérique du Nord, au premier chef en Asie, au cours des prochains mois. Dans un entretien avec Les Affaires, le président de KDC (Knowlton Development Corporation), Nicholas Whitley, mentionne le Japon et la Chine comme étant des marchés intéressants. KDC ne vise pas une localisation géographique en soi, mais plutôt un marché, dit-il. «C'est la demande à l'égard de produits de nos clients qui guidera notre décision de nous implanter en Asie ou non», souligne M. Whitley. KDC compte parmi sa clientèle de grands noms tels que Procter & Gamble, déjà présente au Japon et en Chine.

Le Japon est un marché particulièrement intéressant pour les clients actuels et potentiels de KDC, car la consommation de produits de beauté et de soins personnels par habitant y est la plus élevée du monde. En 2014, les Japonais dépensaient en moyenne 292 $ US par année pour ces produits. Suivaient les Français (259 $ US) et les Américains (236 $ US), d'après une analyse de Canaccord Genuity.

Le marché japonais poursuit d'ailleurs sa croissance, selon l'Euromonitor International. En 2014, les ventes de produits de beauté et de soins personnels y ont progressé pour une troisième année consécutive. Comme le pays est une société vieillissante, les fabricants de ces produits ciblent de plus en plus les consommateurs de 50 ans et plus, entre autres pour le traitement de la peau.

En Chine, les ventes sont en perte de vitesse, principalement en raison du ralentissement général de l'économie chinoise, indique l'Euromonitor International. Par contre, elles continuent de progresser, affichant même une croissance supérieure à 10 % dans le créneau des produits destinés aux nouveau-nés et aux enfants.

Croissance interne et acquisitions

Pour réaliser sa percée en Asie, KDC adoptera la même stratégie de croissance qu'en Amérique du Nord, insiste Nicholas Whitley. «Nous augmenterons nos ventes grâce à la croissance interne et aux acquisitions, mais en misant encore davantage sur l'achat d'entreprises», dit-il.

Depuis le début de l'année, l'entreprise a d'ailleurs fait trois acquisitions aux États-Unis : ChemAid Laboratories au New Jersey, Kolmar Labs Group (ses deux filiales, Kolmar Laboratories et Acupac Packaging) dans l'État de New York et Cosmetic Technologies en Californie. Dans la foulée de ces transactions, 75 % de la capacité de production de KDC se trouve aux États-Unis et 25 %, au Canada, à son usine de Knowlton en Estrie (le nouveau siège social de l'entreprise est toutefois situé à Longueuil).

La stratégie d'acquisitions de KDC s'inscrit dans un contexte où l'ensemble de l'industrie des soins personnels connaît une importante consolidation. «L'année 2014 a été la plus active en matière de transactions dans l'industrie depuis 2005, année où Procter & Gamble avait acheté Gillette pour 57 milliards dollars américains, soit l'une des plus importantes acquisitions dans le secteur de la consommation», écrivent dans une note Eddy Hargreaves et Alicia Forry, analystes chez Canaccord Genuity.

En 2005, les fusions et acquisitions dans l'industrie des soins personnels avaient totalisé quelque 65 G$ US, selon Bloomberg. C'est trois fois plus qu'en 2014, où elles se chiffraient à près de 20 G$ US. Si la tendance se maintient, le montant des transactions en 2015 dépassera celui de l'année dernière.

Comme KDC est toujours en quête d'acquisitions, cette stratégie pourrait faire bondir les revenus totaux de l'entreprise de 800 millions de dollars à 1 G$ d'ici avril prochain.

Une concurrence continentale

Le fabricant québécois de produits de santé et de beauté a dans sa mire des sociétés dont l'équipe de direction est efficace et compétente et qui comptent un solide réseau de clients. «On regarde aussi de près les entreprises qui investissent beaucoup dans l'innovation», dit Nicholas Whitley. KDC injecte environ 5 % de ses revenus en R-D, précise-t-il.

KDC oeuvre dans une industrie où la concurrence est vive, en plus d'être essentiellement continentale. Cela signifie qu'en Amérique du Nord, la concurrence vient essentiellement d'entreprises américaines comme KIK Customs Products, qui a affiché des revenus de 1,6 G$ US en 2013 et pour laquelle Nicholas Whitley a déjà travaillé dans le passé.

Si KDC s'implante en Asie, l'entreprise québécoise sera donc en concurrence avec des fabricants japonais, chinois ou sud-coréens. Pour se démarquer, elle dit miser sur la qualité de ses employés, la flexibilité de son réseau de production et de distribution, la qualité de son service, de même que sur l'innovation. Rappelons que KDC a aussi le projet de s'inscrire en Bourse, possiblement en 2017, afin de l'aider à financer sa croissance. Selon le Registraire des entreprises du Québec, les principaux actionnaires de KDC sont Novacap, la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ et Investissement Québec.

« Nous augmenterons nos ventes en misant encore davantage sur l’achat d’entreprises. » – Nicholas Whitley, président de KDC.

PROFIL DE KDC

Fondation: 2002

Nombre d'employés: 2 647, dont 760 au Québec

Emplacements de production: Knowlton (Québec), Columbus (Ohio), Lynchburg (Virginie), Toronto (Ontario), Saddle Brook (New Jersey), Newbury Park (Californie)

Chiffre d'affaires: 650 millions de dollars américains (867 M$ CA)

Principaux actionnaires: Novacap, Caisse de dépôt et placement du Québec, Fonds de solidarité FTQ, Investissement Québec

Sources : KDC, Registraire des entreprises

À voir sur iPad et sur le Web

Notre entrevue vidéo avec Nicholas Whitley, président de KDC.

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