Chine: coup dur pour l'économie avant même les nouvelles sanctions américaines

Publié le 15/05/2019 à 06:55

Chine: coup dur pour l'économie avant même les nouvelles sanctions américaines

Publié le 15/05/2019 à 06:55

Par AFP

En pleine bataille commerciale avec les États-Unis et avant même l'entrée en vigueur des nouvelles sanctions américaines, l'économie chinoise multiplie les signes de faiblesse sur tous les fronts, consommation, production industrielle ou investissement.

La croissance des ventes de détail, baromètre de la consommation des ménages a chuté au plus bas depuis 16 ans à 7,2% en avril sur un an, 1,5 point de moins qu'en mars, selon le Bureau national des statistiques (BNS).

La hausse de la production industrielle a également brusquement ralenti le mois dernier, à 5,4% sur un an, après +8,5% en mars.

L'investissement - moteur clé de la demande intérieure - n'a pas résisté non plus en avril: les investissements en capital fixe ont progressé de 5,7% sur un an, au plus bas depuis huit mois, contre 6,5% en mars.

Ces chiffres officiels, pourtant sujets à caution, sont encore plus mauvais que prévu, au moment où la Chine et les Etats-Unis se livrent une bataille commerciale et affûtent leurs armes.

Pékin a annoncé lundi des surtaxes supplémentaires sur des produits américains représentant 60 milliards de dollars d'importations annuelles.

Le président américain Donald Trump avait lui dégainé quelques jours plus tôt de nouveaux droits de douane punitifs et lancé une procédure pour surtaxer la totalité des exportations chinoises vers les Etats-Unis.

L'impact des premières sanctions prises l'an dernier par l'administration Trump se fait déjà sentir: les exportations de la Chine à destination des États-Unis ont reculé de 13,2% en avril, selon des chiffres publiés la semaine dernière.

Espoirs douchés

«La faiblesse de la production industrielle et des ventes de détail en avril illustre les risques de ralentissement de l'économie chinoise» dans un contexte d'incertitudes liées à la guerre commerciale, analyse Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit.

«La consommation des ménages étant un moteur de croissance depuis cinq ans, le fort ralentissement des ventes de détail est une préoccupation majeure» pour l'économie chinoise, ajoute-t-il.

Les indicateurs du mois d'avril douchent quelque peu les espoirs de stabilisation de la seconde économie mondiale. Avec un objectif de croissance abaissé pour 2019 (entre 6 et 6,5% contre 6,6% en 2018), Pékin cherche à stimuler à tout prix l'activité.

Ces derniers mois, les banques ont été encouragées à gonfler leurs prêts aux petites entreprises et des réductions fiscales ont été octroyées.

Vents contraires

«Nous pensons que le gouvernement lancera d'autres mesures pour renforcer le sentiment du marché. D'autres réductions d'impôts et mesures de soutien à la consommation sont en préparation», estime l'économiste de la banque ANZ Raymond Yeung, cité par l'agence Bloomberg.

Mais cela «n'atténuera que partiellement l'impact des tensions commerciales», prévient George Zhu, de l'agence de notation Moody's.

«Nous continuons à voir des vents contraires pour les exportations, l'immobilier dans les villes secondaires, les ventes de voitures particulières», pointe l'économiste Ting Lu, de la banque Nomura.

Le marché automobile, longtemps considéré comme une vache à lait pour les constructeurs étrangers, a connu en avril un dixième mois de repli avec 1,98 million de véhicules vendus (-14,9% sur un an).

«Il fallait davantage de mesures de soutien à la croissance en particulier avec le retour du risque de guerre commerciale», regrette Ken Cheung, stratège à Mizuho Bank.

Signe de tension, les médias chinois, qui s'étaient abstenus de jeter de l'huile sur le feu durant les négociations avec Washington, ont brusquement haussé le ton cette semaine.

«Pour la discussion, la porte est grande ouverte. Pour le combat, nous nous battrons jusqu'au bout!», a martelé un présentateur de la télévision publique.

Face à l'adversité, la Chine pourrait toutefois prendre de sérieux coups dans cette bataille et «ne pas parvenir» à son objectif d'atteindre en 2020 un PIB deux fois supérieur à celui de 2010, avertit M. Cheung.

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