Pétrole de schiste: les Argentins prennent le taureau par les cornes


Édition du 31 Mai 2014

Pétrole de schiste: les Argentins prennent le taureau par les cornes


Édition du 31 Mai 2014

La société argentine YPF prévoit investir 5,5 milliards de dollars en 2014 au gisement Vaca Muerta, pour un total de 37 milliards d’ici 2018. Photo : Bloomberg

Tandis que les Québécois patienteront jusqu'à l'été 2015 pour savoir si l'île d'Anticosti recèle ou non du pétrole, l'Argentine n'a pas tardé à suivre l'exemple des États-Unis et fonce tête la première dans l'aventure de la production d'hydrocarbures non conventionnels. Jusqu'à maintenant, les grands acteurs de l'industrie ont répondu à l'appel.

Dans la capitale de Neuquén, les Schlumberger, Halliburton et autres spécialistes de la fracturation ont déjà pignon sur rue. À l'ouest de la ville, les puits semblent recouvrir l'ensemble du territoire - un vaste plateau aride et monotone, sillonné de routes d'exploration. Parmi ceux-ci, déjà plus de 300 puits de pétrole fracturés. Et ce n'est qu'un début : on en attend des milliers.

Le potentiel du gisement de schiste de Vaca Muerta («Vache morte»), dans la province de Neuquén, a d'abord été démontré en 2010 par l'espagnole Repsol et l'argentine YPF.

L'Agence américaine d'information sur l'énergie estime les ressources de gaz de schiste techniquement récupérables à plus de 300 billions de pieds cube - propulsant l'Argentine au deuxième rang dans le monde, après la Chine.

Les ressources en pétrole de schiste tourneraient autour de 20 milliards de barils, pour un total national dorénavant estimé à 27 milliards de barils.

Le défi est d'en faire des réserves... et donc, d'attirer des investisseurs qui y croient. «Si l'on pouvait transformer seulement 10 % de ces ressources de gaz en réserves, nous en aurions pour 100 ans !» s'enthousiasme Roberto Villa, associé à l'Institut argentin de pétrole et gaz (IAPG). «Et ce gaz, je ne l'exporterais pas.»

Des puits moins coûteux

L'un des atouts du schiste argentin, c'est son épaisseur, qui a jusqu'à maintenant dispensé les opérateurs du forage horizontal, nécessaire lorsque les formations sont trop minces. «Le problème des Américains, c'était qu'ils avaient besoin de forages horizontaux pour augmenter leur surface de contact», note Vladimir Cares, ingénieur oeuvrant à la faculté d'ingénierie de l'Université nationale du Comahue. «En Argentine, la plupart des puits sont verticaux et dirigés.»

Or, les forages non conventionnels horizontaux sont particulièrement coûteux. Un puits non conventionnel vertical coûte de 7 à 8 millions de dollars américains, selon Carlos Soraire, associé à l'IAPG. «Un puits horizontal, avec 10 fractures, ça grimpe à 30 M$.»

Le schiste Macasty, sous l'île d'Anticosti, s'avère jusqu'à maintenant plus mince que Vaca Muerta, mais outre la différence d'épaisseur, il est de nature similaire : il s'agit essentiellement de roches-mères sans perméabilité aucune, qui doivent être fracturées afin de libérer leurs hydrocarbures. D'une superficie de 36 600 km² - soit un peu moins que la Mauricie -, le gisement de Vaca Muerta se trouve à une profondeur pouvant atteindre les 3 400 mètres.

L'autre atout du schiste argentin, c'est qu'il est situé à Neuquén, province pétrolière du pays qui - contrairement au Québec - n'est nullement étrangère à l'exploration pétrolière, ni même à la fracturation. «Cent ans d'histoire, ça te donne quelque chose : une connaissance du bassin ; une géologie étudiée ; des géologues, des ingénieurs et des techniciens qui les connaissent bien», affirme Adolfo Giusiano, directeur des études en hydrocarbures de la province. Les Argentins savent depuis longtemps que Vaca Muerta contient du pétrole, puisqu'ils devaient souvent traverser la roche-mère pour atteindre les réservoirs conventionnels.

Quant à la fracturation hydraulique, elle y était déjà employée dans les années 1950 en tant que technique de stimulation des puits conventionnels. Ce qui est nouveau, c'est son utilisation dans les réservoirs non conventionnels tels le schiste, qui exige une pression beaucoup plus importante.

Enfin, rien de ceci n'aurait été possible si les Argentins n'avaient pas réussi à attirer autant d'investissements. Car développer Vaca Muerta nécessitera de l'argent - beaucoup d'argent. La société argentine YPF, dont le gouvernement de Cristina Fernandez a nationalisé 51 % des parts en avril 2012, prévoit investir 5,5 milliards de dollars en 2014, pour un total de 37 G$ d'ici 2018.

De tous les acteurs importants qui ont répondu à l'appel (dont Total, Petrobras et Royal Dutch Shell), c'est l'américaine Chevron qui s'est le plus engagée. En 2013, elle effectuait un premier investissement de 1,2 G$, puis un deuxième, en avril 2014, de 1,6 G$, pour financer 170 puits sur les concessions d'YPF, qui recouvrent 37 % de Vaca Muerta. À terme, Chevron prévoit investir un total de 15 G$ pour le développement 1 500 puits, d'une capacité quotidienne de 50 000 barils et de 30 millions de mètres cube de gaz.

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