Percer en Inde n'est pas qu'une partie de plaisir

Publié le 30/04/2010 à 14:00

Percer en Inde n'est pas qu'une partie de plaisir

Publié le 30/04/2010 à 14:00

Par Les Affaires

Photo : DR

On ne fait pas des affaires en Inde comme aux États-Unis. Le pays de Gandhi est réputé pour sa bureaucratie lourde et sa fiscalité complexe. Nous nous sommes entretenus avec Benoît-Jean Bernard, directeur du Bureau du Québec à Mumbai, en Inde. Ce politologue de formation, au service du ministère des Relations internationales du Québec depuis plus de 30 ans, parle des défis que doivent relever les entreprises québécoises en Inde.

Les Affaires - La mission indienne menée par Jean Charest début février a-t-elle été une réussite ?

Benoît-Jean Bernard - Oui. Il s'agissait de la plus importante mission étrangère de l'histoire du Québec, en nombre de délégués, avec 131 participants des secteurs des affaires, de l'éducation et de la culture. Notre but était de positionner le Québec en Inde. Plus de 600 rencontres d'entreprise à entreprise ont eu lieu dans trois villes, et 33 ententes, contrats et accords ont été signés.

Les échanges entre le Québec et l'Inde représentent à peine une journée du commerce annuel que la province effectue avec les États-Unis, soit environ 500 millions de dollars canadiens.

L.A. - Le Québec intensifiera-t-il ses relations commerciales avec l'Inde ?

B.-J. B - De grandes entreprises québécoises, comme SNC-Lavalin et Bombardier, sont ici depuis longtemps. En ce moment, les PME québécoises découvrent l'Inde. Elles comprennent aussi que la concurrence des entreprises européennes, américaines et asiatiques présentes ici est très forte. La prise de conscience québécoise de l'importance du marché indien a été un peu lente. Mais depuis deux ans, les PME ont accompli beaucoup de progrès. Il y a 15 ans, c'était la Chine, aujourd'hui, c'est l'Inde.

L.A. - Comment devraient procéder les entreprises québécoises qui veulent percer le marché indien ?

B.-J. B. - Il s'agit d'abord de savoir ce qu'elles veulent y faire. Si elles désirent vendre, elles devront chercher un distributeur. Si elles souhaitent produire, elles devront se demander si elles sont prêtes à chercher un partenaire pour créer une société conjointe. Ensuite, elles devront choisir où s'installer. Lorsqu'elles explorent, les entreprises québécoises doivent se souvenir que leur produit doit être d'excellente qualité et innovant par rapport au marché international. Elles doivent également faire preuve de patience, et ne pas avoir d'objectifs temporels nord-américains. Elles doivent viser des objectifs à long terme.

L.A. - Quels défis doivent relever les Québécois en Inde ?

B.-J. B. - Une bureaucratie lourde, un système de taxation complexe, des infrastructures parfois déficientes... L'Inde est un des pays qui comptent le plus de lois dans le monde. Lorsqu'ils participent à des foires en Inde, les Québécois repartent très enthousiastes. Toutefois, ils doivent prendre le temps d'étudier le marché, de faire le suivi, de se renseigner sur les aspects légaux et fiscaux, revenir... Il y a beaucoup d'inconnus; il faut d'abord briser l'inconnu. On ne vient pas ici à l'aveuglette. L'Inde, ce n'est pas la France.

L.A. - Est-ce risqué pour une PME de plonger seule en Inde ?

B.-J. B. - C'est très difficile pour une petite ou une moyenne entreprise de faire des affaires seule, sans contrepartie indienne. Il faut trouver un partenaire crédible. Pour y parvenir, il faut venir sur place; une, deux, voire trois fois. On ne conclut pas une entente de partenariat par Internet. C'est également plus facile de participer aux offres publiques d'achat si vous avez un partenaire indien qui se charge de soumettre une candidature.

L.A. - Quels sont les dossiers importants en cours entre l'Inde et le Canada ?

B.-J. B. - Les trois grands dossiers sont l'Accord de partenariat économique global, l'Accord sur la protection et la promotion des investissements étrangers et l'Accord de coopération nucléaire. Leur finalisation s'effectue lentement, mais nous sommes dans la bonne voie. Tous les signes sont encourageants.

L.A. - Comment les Indiens accueillent-ils les gens d'affaires québécois ?

B.-J. B. - Le Québec n'a pas une diaspora indienne comme l'Ontario (Toronto) et la Colombie-Britannique (Vancouver). Nous sommes relativement nouveaux pour les Indiens. Ils nous découvrent. Mais j'ai l'impression que plus ils nous connaissent, plus les Indiens nous affectionnent.

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?