Marijuana légalisée: un sujet brûlant opposant Trump à Trudeau

Publié le 21/12/2016 à 15:59

Marijuana légalisée: un sujet brûlant opposant Trump à Trudeau

Publié le 21/12/2016 à 15:59

Un graffiti de politique fiction sur les murs de Vilnius, en Lituanie.

La paix commerciale semblait déjà loin d’être acquise entre le Canada et son voisin du sud. Alors quand Ottawa dévoilera son plan de légalisation du cannabis au printemps, des tensions supplémentaires pourraient survenir. À plusieurs reprises, Donald Trump a indiqué qu'il avait l'intention de maintenir la marijuana illégale dans la législation fédérale américaine.

Len Saunders, un avocat spécialisé en immigration de Blaine, dans l'État de Washington, s'attend d’ailleurs à être très sollicité une fois que la marijuana mise en vente libre sur le sol canadien.

M. Saunders représente souvent nos compatriotes qui se sont vus interdire l'entrée aux États-Unis après avoir avoué la consommation de cannabis par le passé.

Chaque année, il remplit jusqu'à 30 demandes d'exemption coûteuses pour que ses clients puissent espérer ravoir accès.

Pieux mensonge

Bien des Canadiens se sentent à l'aise de révéler à un agent frontalier américain qu'ils ont fumé de la marijuana, étant donné que plusieurs États américains ont autorisé la consommation de cette drogue, a expliqué M. Saunders en entrevue. Or, les services frontaliers appliquent les lois fédérales et celles-ci ne risquent pas de décriminaliser la substance de sitôt, estime l'avocat.

Plus tôt cette année, le ministre canadien de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a qualifié de «ridicule» le fait que certains Canadiens se voient bannis du territoire américain pour une telle raison, ajoutant qu'il fallait faire face à un tel enjeu. Un porte-parole du ministre a indiqué que M. Goodale poursuivrait les discussions relatives à ce dossier avec ses homologues américains.

Entre-temps, l’avocat Len Sauders juge préférable pour les voyageurs d'éviter de répondre si un douanier leur demande s'ils consomment de la marijuana et s'ils en ont déjà fumé par le passé.

Fuite des cerveaux

Si des célébrités américaines qui avaient laissé entendre qu'elles prendraient la fuite au Canada si Donald Trump devenait président semblent maintenant reculer, la légalisation du cannabis pourrait convaincre certains adeptes de traverser la frontière nord.

Une avocate d'Ottawa spécialisée en immigration, Betsy Kane, dit avoir déjà rempli plusieurs demandes de visa pour des Américains qui cherchent un emploi au sein de l'industrie canadienne de la marijuana médicinale, que ce soit des horticulteurs, des cultivateurs, des biologistes ou des conseillers en gestion. Elle évalue que la légalisation du cannabis au Canada créera des emplois pour lesquels l'expertise d'Américains issus des États ayant déjà légalisé la substance -comme le Colorado et Washington- sera sollicitée.

«Vous n'avez pas besoin d'être un scientifique hors pair ou d'être un horticulteur pour voir qu'il peut y avoir des occasions d'affaires entre des compagnies canadiennes et des entreprises étrangères du marché (du cannabis)», a avancé Mme Kane.

Incidence diplomatique

Pour pouvoir aller de l'avant avec la légalisation de la marijuana, le Canada devra apporter des modifications à son adhésion à trois conventions internationales qui criminalisent la possession et la production de marijuana. L'un des pays qui défend le plus ces traités est justement les États-Unis, souligne le professeur en droit constitutionnel et international Errol Mendes, de l'Université d'Ottawa.

Cet expert estime que le meilleur moyen pour le Canada de se retirer de ces ententes internationales est de les dénoncer et ensuite de tenter de les réintégrer en bénéficiant de certaines exemptions. Or, pour que de telles dérogations soient accordées dans le cadre de la Convention unique sur les stupéfiants, l'approbation des autres signataires est requise.

«Des atouts diplomatiques seront nécessaires, dépendamment de ce que M. Trump fera», a dit M. Mendes.

Marché flambant neuf

Rappelons enfin que de plus en plus d'entreprises canadiennes qui cultivent le cannabis n’attendent qu’une seule chose: se distinguer du marché noir. Les actions du secteur ont d’ailleurs fortement progressé ces dernières semaines en anticipation de l’ouverture du marché légal. Marché dont la valeur fluctue beaucoup selon les sources d’analyses, entre 5 et 11 milliards de dollars, note l’agence Bloomberg, avec près de 4 millions de consommateurs récréatifs potentiels. Lire notre article Les producteurs de cannabis flambent sur les marchés.

 

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