Les Québécois passent à l'action à Hollywood


Édition du 01 Mars 2014

Les Québécois passent à l'action à Hollywood


Édition du 01 Mars 2014

La nomination aux Oscars d'Incendies en 2011 a permis à Denis Villeneuve de travailler avec le directeur photo Roger Deakins, connu grâce à ses nombreuses collaborations avec les frères Cohen.

Les noms de Jean-Marc Vallée, Denis Villeneuve et Philippe Falardeau résonnent de plus en plus à Hollywood. Les Québécois percent dans la capitale mondiale du cinéma parce qu'ils sont créatifs et... bon marché.

«Il n'y en a pas des centaines, mais de plus en plus de Québécois oeuvrent à Hollywood», mentionne Frédéric Tremblay, conseiller aux Relations gouvernementales et aux Affaires publiques de la Délégation du Québec à Los Angeles, en ajoutant qu'il est difficile de connaître leur nombre exact.

René Bourdages est l'un d'eux. Après avoir oeuvré dans le milieu du divertissement à Montréal, l'ex-président de la Division du marchandisage de Radio-Canada et ancien numéro deux de TVA a fondé sa propre firme de consultation en cinéma et télévision, Elevado Media, à Beverly Hills.

Selon ce diplômé en administration de l'industrie du divertissement de l'université de Californie à Los Angeles, le marché cinématographique américain est à la recherche de talents étrangers.

«Les grands studios constatent que [les résultats au] guichet augmentent davantage à l'international, en raison de la construction de salles dans les pays émergents. L'importance du marché mondial fait en sorte qu'ils cherchent des artistes internationaux», précise M. Bourdages, installé à Los Angeles depuis trois ans.

Ce sont les mégaproductions hollywoodiennes tournées à Montréal qui ont bâti le pont entre le Québec et Los Angeles. «À partir de 2008-2009, les producteurs et les réalisateurs du monde entier se sont aperçus que nous étions expérimentés, fait valoir Michel Trudel, président de la division studios et équipements de Vision Globale qui est propriétaire des studios Mel's à Montréal. Puis, des gens d'ici ont fait leur marque à l'étranger, raflant plusieurs prix et récompenses.»

Miser sur la créativité des artisans québécois

Grâce aux six films québécois qui ont été mis en nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, les cinéastes ont pu établir des relations avec des personnes très en vue dans l'industrie cinématographique américaine, poursuit M. Trudel. C'est le cas de Denis Villeneuve : la nomination aux Oscars d'Incendies en 2011 lui a permis de travailler avec le directeur photo Roger Deakins, connu grâce à ses nombreuses collaborations avec les frères Cohen. «Roger Deakins avait adoré le film et avait visionné mes autres réalisations. Il a ensuite demandé à être informé de mon prochain film. Je n'aurais jamais osé le lui demander !» indique Denis Villeneuve.

M. Deakins a ainsi travaillé sur Prisoners, long métrage au budget de 43 M$ US, pour lequel il est en nomination aux Oscars de 2014.

Dans un marché du divertissement basé sur la rentabilité des investissements, la clé du succès des cinéastes québécois repose entre autres sur leur créativité, précise Michel Trudel.

«Les Québécois sont capables de faire un film à petit budget, mais qui vaut une fortune à l'écran, lance-t-il. C'est ce qu'ils ont appris à faire ici, car l'argent provient de la SODEC et de Téléfilm Canada. J'ai souvent vu des films avec un budget de production de 4 M$ à 5 M$ équivaloir à 7 M$ ou 8 M$.»

Le travail du réalisateur Jean-Marc Vallée dans Dallas Buyers Club est un bel exemple de créativité technique, selon le directeur photo Yves Bélanger. Avec un maigre budget de 5,5 M$, le film se retrouve finaliste aux Oscars dans six catégories, dont celui du meilleur film, aux côtés de The Wolf of Wall Street de Martin Scorsese, qui a bénéficié d'un budget estimé à 100 M$.

«Dallas Buyers Club est l'un des rares films tournés sans équipement d'éclairage artificiel en raison du petit budget que nous avions. Jean-Marc Vallée m'avait demandé aussi de réduire le nombre de caméras pour qu'il y ait moins de monde sur le plateau. On s'est rendu compte que les acteurs appréciaient, car ils pouvaient davantage se concentrer sur leur jeu», dit Yves Bélanger. Il ajoute que, si l'actrice Jennifer Garner était sceptique au départ, elle a compris l'efficacité de la démarche dès leur première rencontre.

L'actrice américaine Reese Witherspoon a d'ailleurs demandé de tourner de cette façon pour le film Wild, réalisé par Jean-Marc Vallée à l'automne 2013, et pour lequel Yves Bélanger signait la direction photo. Le Québécois, inscrit depuis peu à une agence de Hollywood, reçoit maintenant des scénarios internationaux chaque semaine et revient d'un tournage en Irlande.

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