Le Mexique prêt à profiter de la reprise

Publié le 21/02/2009 à 00:00

Le Mexique prêt à profiter de la reprise

Publié le 21/02/2009 à 00:00

Par François Normand

Le Mexique est une destination très prisée des vacanciers et... des investisseurs. Les investissements directs étrangers entrant dans le pays ont plus que doublé entre la décennie 1990-2000 et l'année 2006, pour dépasser 19 milliards de dollars américains.

Les exportations canadiennes au Mexique, elles, ont augmenté énormément au cours des dernières années, même si le Mexique n'était encore qu'au 16e rang de nos partenaires commerciaux, en 2006.

Cet État d'Amérique latine compte 108 millions d'habitants. Près de 25 % d'entre eux habitent dans la région de Mexico, capitale et mégapole de ce pays de contrastes, du Nord industrialisé au Sud sous-développé en passant par le centre, où l'art de vivre prime sur les affaires.

Première économie du groupe des Prochains 13 pour son PIB (et 13e économie mondiale en 2007, selon le Fonds monétaire international), le Mexique est lui aussi frappé de plein fouet par la récession. Depuis trois mois, il a perdu plus de 50 000 emplois.

Et avant la crise, le Mexique était loin d'afficher le dynamisme de la Chine ou de l'Inde. "Ce pays n'a pas connu une croissance très forte ces dernières années", dit Martin Coiteux, professeur spécialisé en affaires internationales à HEC Montréal. De 2003 à 2007, le PIB mexicain a progressé en moyenne de 3,3 % par année, selon l'Economist Intelligence Unit.

Secteurs à surveiller

Malgré la conjoncture, plusieurs secteurs se distingueront bientôt par leur dynamisme.

Michel Villeneuve, représentant en chef pour Exportation et développement Canada (EDC) au Mexique, en voit six : l'automobile, l'aérospatiale, les télécommunications, les infrastructures, le pétrole et le gaz naturel, et le secteur financier (la Banque Scotia y a d'ailleurs une présence importante).

"Juste au chapitre des infrastructures, le gouvernement mexicain pourrait investir de 80 à 100 milliards de dollars dans les cinq prochaines années", dit Michel Villeneuve.

Tout y passe : routes (dont des autoroutes payantes comme à Toronto), ports (dont un projet sur la côte ouest du Mexique pour désengorger les ports américains, surtout celui de Los Angeles), aéroports (agrandissement de l'aéroport de Mexico ou construction d'un second).

Comme aux États-Unis, la lutte aux changements climatiques et la protection de l'environnement seront aussi des secteurs où les besoins seront importants. C'est ce que croit Robert Langlois, associé à un autre Québécois établi au Mexique, Luc Pelchat, dans la PME Green Point Energy, de Zaragoza, dans le Nord du pays, qui réalise des projets de captage de biogaz.

"Le pays a un déficit d'énergie. Toutes les sources seront concernées : l'éolien, le solaire, les biogaz, les biocarburants..." dit M. Langlois. Le traitement des déchets nécessitera aussi des investissements dans les sites d'enfouissement et le traitement des eaux et des boues usées, sans parler de la réhabilitation des sols pollués.

Pourquoi le Mexique, pourquoi pas la Chine ?

Plusieurs entreprises canadiennes sont implantées au Mexique, dont Bombardier Aéronautique, qui exploite, depuis 2005, une usine à Querétaro, au centre du pays. L'avionneur y emploie 1 100 personnes, qui fabriquent des pièces pour plusieurs de ses appareils, comme le Q400.

Plusieurs facteurs incitent des industriels à s'implanter au Mexique, et ce n'est pas seulement en raison des faibles coûts de main-d'oeuvre.

Les travailleurs sont qualifiés (en aéronautique, le Mexique ont adopté américaines et canadiennes), le marché américain est à la porte d'à côté (idéal pour les entreprises fonctionnant en juste-à-temps), la propriété intellectuelle est protégée, et enfin, le Mexique possède un système juridique indépendant, stable et prévisible.

"On oublie souvent ce facteur, mais le Mexique a aussi un accord de libre-échange avec l'Union européenne, ce qui permet d'exporter en Europe sans payer de tarifs douaniers !" fait remarquer Jean-Paul David, président de Mercadex, une firme montréalaise de consultants en commerce international.

Culture d'affaires similaire... mais distincte

Les impairs commis par des gens d'affaires nord-américains en Asie, surtout en Chine, sont légion. Au Mexique, il n'y a pas ce problème, grâce à la relative similarité de la culture d'affaires mexicaine et celle du reste de l'Amérique du Nord.

Mais attention, la culture mexicaine, dont les racines indiennes et européennes s'entremêlent, a ses spécificités : un certain formalisme dans les rapports, un respect de la hiérarchie et une relative difficulté à aller droit au but et à dire non.

Cela dit, les Canadiens y sont accueillis chaleureusement. Ce n'est pas toujours le cas des entrepreneurs américains. Entre le Mexique et les États-Unis, l'histoire n'a pas été un long fleuve tranquille et, encore aujourd'hui, les Mexicains digèrent mal la manière dont les Américains traitent parfois leurs compatriotes.

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