" Il y aura des occasions d'affaires pour notre industrie si les États-Unis adoptent des cibles de réduction de gaz à effet de serre [GES] ", affirme Alain Simard, le président de l'Association de l'aluminium du Canada.

Le Congrès américain étudie présentement deux projets de loi afin de réduire la dépendance énergétique des États-Unis à l'égard du pétrole du Moyen-Orient et pour lutter contre les changements climatiques.

Si la Chambre des représentants et le Sénat adoptent un projet de loi commun, ces nouvelles règles entraîneront des changements majeurs dans la production d'énergie, la fabrication de biens, la construction et le transport.

Vers des véhicules de transport plus légers

Le secteur du transport est dans la mire des alumineries québécoises. Pour réduire les émissions de GES des véhicules, autobus et avions qu'ils fabriquent, les constructeurs devront améliorer l'efficacité des moteurs et réduire le poids des véhicules.

Parce qu'il est plus léger que l'acier, l'aluminium permet de réduire la consommation d'énergie. " C'est un matériau recyclable qui a un long cycle de vie ", ajoute M. Simard. Le recyclage de l'aluminium consomme 95 % moins d'énergie que sa production.

Les centrales devront être plus efficaces

La demande sera forte pour les technologies qui réduisent les émissions dans les procédés utilisant des carburants fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel).

Le cabinet Fraser Milner Casgrain estime que 7 500 centrales et usines aux États-Unis seront touchées par la nouvelle réglementation : les producteurs d'énergie, à compter de 2013, et les entreprises en 2016.

CO2 Solution, qui a élaboré un procédé pour capturer le gaz carbonique (CO2), vise ce marché. Sa technologie, qui n'est pas encore commercialisée, réduit jusqu'à 90 % les rejets des centrales thermiques. " Trois entreprises américaines nous ont déjà approchés ", dit Glenn R. Kelly, le patron de la PME. Les États-Unis comptent 625 centrales au charbon qui émettent une grande quantité de GES, mais aussi des polluants atmosphériques nocifs.

La production d'énergie verte augmentera

Les énergies vertes prendront aussi du galon grâce aux nouvelles règles.

À l'été 2008, elles représentaient 11 % de la puissance installée aux États-Unis, selon l'Energy Information Administration. Ce pourcentage est appelé à augmenter.

Seulement en 2009, des investissements de 18,6 milliards de dollars (G$) américains ont été recensés dans ce secteur, selon le Pew Center on Global Change.

Pour Jean-François Samray, pdg de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable, les entreprises d'ici pourraient en profiter. " Par exemple, les occasions seront intéressantes dans la réfection des centrales hydroélectriques existantes, un domaine où le Québec a une bonne expertise ", dit-il.

Dans l'éolien, une entreprise comme Marmen, qui fabrique des tours d'éoliennes et assemble des turbines, pourrait aussi bénéficier de marchés en pleine effervescence, surtout dans le Midwest américain.

Un réseau de transport d'énergie à refaire

La modernisation du réseau électrique sera aussi un marché clé pour le Québec.

En 2007, le ministère québécois du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE) estimait à 30 G$ CA les investissements requis d'ici 2017 aux États-Unis.

Un des objectifs sera de mieux intégrer les réseaux régionaux qui produiront davantage d'énergie verte.

francois.normand@transcontinental.ca