Le conflit sino-américain pourrait profiter au Canada et au Mexique

Publié le 03/04/2019 à 10:19

Le conflit sino-américain pourrait profiter au Canada et au Mexique

Publié le 03/04/2019 à 10:19

Par AFP

Impact sur les flux commerciaux et le PIB, perturbations des chaînes de valeur et de certains secteurs économiques, les effets de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis sont multiples, mais ils pourraient s’avérer positifs pour des pays tiers comme le Canada et le Mexique, estime le FMI.

Se basant sur une hypothèse d’une hausse de 25 points de pourcentage des taxes douanières sur tous les biens échangés entre les deux premières puissances mondiales, le Fonds monétaire international note que les grands perdants sont les deux belligérants, dans un rapport publié mercredi en amont des réunions de printemps qui se dérouleront la semaine prochaine à Washington.

L’an passé, les États-Unis ont exporté 120,34 milliards de marchandises vers la Chine et ont importé 539,5 milliards de biens chinois.

« Le point de départ est un effondrement du commerce sino-américain de 25 à 30 % à court terme, et de 30 à 70 % à long terme », expliquent les auteurs du rapport.

La baisse de la demande extérieure, poursuivent-ils, entraînerait non seulement un déclin des exportations des deux pays, mais encore une baisse de leur Produit intérieur brut (PIB). 

Le PIB américain pourrait ainsi être amputé de 0,3 à 0,6 %, celui de la Chine de 0,5 à 1,5 %, chiffrent-ils également.

L’administration Trump a déclaré l’an passé la guerre commerciale au géant asiatique pour tenter de rééquilibrer les échanges entre les deux pays. Ce conflit s’est matérialisé par des taxes douanières supplémentaires réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises : quelque 270 milliards de marchandises chinoises surtaxées de 10 à 25 %, 120 milliards de biens américains également de 10 à 25 %.

« L’impact sur la Chine est naturellement plus fort dans la mesure où les exportations vers les États-Unis représentent une part plus importante de l’économie chinoise (que vice-versa) », observent-ils.

Et, dans le scénario retenu, l’effet est plus marqué à court terme pour Pékin « en raison de l’impossibilité d’ajuster suffisamment les salaires et les prix pour compenser la baisse de la demande extérieure ».

Les effets négatifs s’amplifient, eux, au contraire, à long terme, aux États-Unis à mesure que les tarifs douaniers sont plus élevés.

En outre, « bien que le déficit bilatéral se réduise, in fine, il n’y a pas de changement majeur dans la balance commerciale multilatérale de chaque pays », en d’autres termes, la balance commerciale américaine resterait déficitaire, souligne le FMI.

Car le scénario fait apparaître un déplacement des flux avec des exportations chinoises vers le géant américain supplantées par celles d’autres pays.

Ralentissement des échanges

D’une manière générale, notent les économistes du FMI, les effets sur les exportations des pays tiers sont positifs, le Mexique et le Canada étant les principaux bénéficiaires du conflit entre Washington et Pékin, « en raison de leur relation commerciale solide et leur proximité géographique » avec les États-Unis.

Le FMI note que, à long terme, la chaîne des valeurs pourrait, elle, être redessinée avec la Chine qui « pourrait finalement céder sa place d’exportateur numéro 1 en matière d’électronique et de machinerie » au profit d’autres pays d’Asie ou encore, du Mexique et du Canada.

Outre des taxes sur les biens chinois, les États-Unis ont imposé des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium en provenance notamment du Canada. Ils entendent également forcer l’Union européenne à se mettre autour de la table des négociations pour réduire leur déficit.

De son côté, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) a une nouvelle fois déploré mardi les tensions commerciales dans le monde, qui ralentissent la croissance des échanges.

Elle table désormais sur une hausse des échanges commerciaux de 2,6 % en 2019, marquant un ralentissement après une expansion de 3,0 % en 2018. En septembre, l’institution tablait alors encore sur une croissance de ces échanges de 3,7 % pour 2019 et de 3,9 % pour 2018.

« Si les tensions continuent de s’accroître, nous pourrions voir un effet d’essoufflement encore plus important sur l’économie » internationale, a prévenu le directeur de l’OMC, Roberto Azevedo.

La dirigeante du FMI Christine Lagarde a, elle, exhorté à abolir les barrières douanières qui « détériorent nettement l’investissement et l’emploi ».

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