Comment profiter du boom du commerce extérieur aux États-Unis


Édition du 23 Novembre 2013

Comment profiter du boom du commerce extérieur aux États-Unis


Édition du 23 Novembre 2013

Par François Normand

En devenant fournisseurs des exportateurs américains, notamment dans l'automobile, les entreprises manufacturières québécoises peuvent profiter d'un des secteurs - le commerce extérieur - qui stimulera le plus la croissance de l'économie au sud de la fron

Série 1 de 6 - Nous vous présentons quatre secteurs et deux États qui se démarqueront aux États-Unis d'ici 2020, et ce, par leur croissance, leurs investissements et les emplois qu'ils créeront. Cette semaine, le commerce extérieur.

Les exportations américaines ont bondi de 40 % depuis de l'élection de Barack Obama, en novembre 2008. Un dynamisme qui fait du commerce international l'un des secteurs qui stimuleront le plus la croissance américaine d'ici 2020, selon la firme McKinsey. Nos entreprises peuvent en profiter si elles deviennent des fournisseurs des exportateurs américains, disent les spécialistes.

C'est déjà le cas de Spectra Premium, une entreprise de Boucherville, sur la Rive-Sud de Montréal. Elle fabrique des composants de remplacement (réservoirs, radiateurs, etc.) vendus aux détaillants de pièces automobiles, en plus de produire des réservoirs à essence pour voitures neuves vendues directement à General Motors, Ford et Chrysler. Or, l'automobile est l'un des secteurs dynamiques qui exportent aux États-Unis.

Spectra Premium en profite, tout comme elle profite de la hausse de production des constructeurs automobiles américains dans leurs usines asiatiques et européennes. «Nos clients s'attendent de plus en plus à ce qu'on soumissionne sur leur plateforme globale [qui se décline en plusieurs véhicules, selon les régions du monde]», dit Denis Poirier, vice-président exécutif et chef de la direction financière de Spectra Premium.

Par exemple, si une usine américaine de Ford hausse sa production pour exporter en Amérique latine, Spectra Premium augmentera la sienne. Même scénario dans le cas d'une usine de GM en Chine, qui accroît sa production pour répondre à la demande chinoise. Un bel exemple des conséquences positives de l'intégration à la chaîne logistique d'une multinationale américaine.

Visez une industrie, pas une région

Ce type d'intégration est la clé pour profiter du boom du commerce extérieur aux États-Unis, affirme Tom Creary, président pour le Québec de la Chambre de commerce américaine au Canada (AMCHAM). «Si les entreprises du Québec s'intègrent bien à la chaîne logistique des exportateurs américains, elles peuvent notamment leur offrir des technologies de l'information, des pièces électroniques, des composants en aérospatiale ou des équipements de télécommunication.»

Une intégration qui doit se faire par industrie, et non en fonction de la proximité géographique des exportateurs américains. «Si le principal donneur d'ordres de votre industrie est à Los Angeles, eh bien, allez à Los Angeles !» dit Tom Creary. Selon lui, trop d'entreprises québécoises se cantonnent au nord-est des États-Unis et à la région des Grands Lacs, alors que des États comme le Missouri ou le Tennessee abritent des exportateurs.

Beaucoup de ces exportateurs sont d'ailleurs des manufacturiers. Le secteur de la fabrication connaît une renaissance, notamment en raison de la faiblesse du prix du gaz naturel, souligne Germain Belzile, spécialiste en commerce international à HEC Montréal. «Ça réduit la facture énergétique des entreprises», dit-il.

Le prix du gaz naturel recule chez nos voisins depuis quelques années, principalement en raison de la suroffre engendrée par le boom du gaz de schiste. Au milieu des années 2000, cet hydrocarbure s'échangeait à plus de 8 $ US par million de BTU (au Henry Hub, le prix de référence). À l'heure actuelle, ce prix se situe à moins de 3,7 $ US.

La demande mondiale d'avions stimulera les exportations

Le rapatriement de la production manufacturière aux États-Unis est un autre facteur qui explique le dynamisme des exportateurs américains, selon Germain Belzile. Car une partie des entreprises (américaines ou étrangères) qui s'installent sur le territoire américain exportent leur production, notamment l'industrie chimique.

En général, les entreprises manufacturières reviennent aux États-Unis en raison de la faiblesse des coûts énergétiques et des mesures incitatives fiscales offertes par les gouvernements locaux. Par exemple, les aides américaines consenties au fabricant d'électroménagers Electrolux pour qu'il transfère sa production de L'Assomption, dans Lanaudière, à Memphis, au Tennessee, ont totalisé environ 150 millions de dollars américains.

D'autres industries exportatrices aux États-Unis ont le vent dans les voiles, car la demande mondiale de leurs produits est très forte. C'est le cas de l'industrie aérospatiale, un autre secteur clé pour nos entreprises, d'autant que c'est l'une des forces de l'économie québécoise. Selon les prévisions de Boeing et d'Airbus, de 27 000 à 35 000 nouveaux avions commerciaux seront vendus dans le monde d'ici 2031.

L'Aerospace Industries Association estime que près de 90 % des exportations américaines d'appareils sont réalisées dans l'aviation civile, surtout des avions commerciaux et leurs composants. La chaîne logistique de Boeing est névralgique aux États-Unis, particulièrement à Everett, dans l'État de Washington. L'avionneur y exploite l'une des plus grandes usines du monde, où il y fabrique plusieurs modèles d'avions gros porteurs, dont le fameux 787 Dreamliner.

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