Photo: Bloomberg
SÉRIE 3de9 - LES LIONS AFRICAINS
Près de 25 ans après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud est devenue économie dynamique. Mais y brasser des affaires n’est pas de tout repos. C’est pourquoi beaucoup entreprises étrangères y tissent des alliances, comme la pharmaceutique Laboratoires Paladin.
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« Pour être en affaires dans ce pays, il faut s’appuyer sur l’expertise locale. Il faut soit acheter une entreprise ou prendre une participation dans le capital d’une société existante », affirme Marck Nawacki, vice-président, développement des affaires et corporatif chez la montréalaise Paladin, inscrite à la Bourse de Toronto.
Présent dans ce pays depuis 2010, ce fournisseur de produits pharmaceutiques a récemment investi 20 millions de dollars canadiens accroître sa participation de 44,5 à 57,7 % dans le capital-action de Sud Litha Healtcare Group, un distributeur sud-africain de médicaments.
Grâce à ce partenariat, Paladin vend aujourd’hui ses produits – notamment l’Ecotrin, qui réduit les risques de crise cardiaque – en Afrique du Sud et dans les marchés voisins, comme le Bostwana et le Mozambique. « Nous nous préparons pour profiter de la croissance de l’ensemble de l’Afrique dans les prochaines années », dit Mark Nawacki.
Bombardier Transport est aussi en Afrique du Sud, où elle est l’une des cinq entreprises membres du consortium Bombela. Cette alliance a permis à BT d’être retenue par le gouvernement provincial de Gauteng pour construire un système de transport rapide de 80 kilomètres reliant Johannesburg, Pretoria et l’aéroport international OR Tambo.
Pourquoi les étrangers aiment à l’Afrique du Sud
Avec 51 millions d’habitants, l’Afrique du Sud représente le tiers de l’économie sub-saharienne. Pas étonnant que les Bombardier Tranport de ce monde s’intéressent à ce marché qu’on associe au BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), selon Will Mitchell, spécialiste des marchés émergents à l’Université de Toronto.
« Beaucoup d’entreprises étrangères s’intéressent à l’Afrique du Sud, car les besoins sont importants dans plusieurs secteurs », dit-il. À ses yeux, les mines, les infrastructures, la production manufacturière, et les services doivent être sur l’écran radar des sociétés. Le secteur de la consommation est aussi un incontournable. Il demeure la principale source de croissance économique du pays puisqu’il représente 66 % du PIB.
Comme au Canada ou en Australie, le pays regorge aussi de ressources naturelles stratégiques telles que l’or, le platine, le charbon et le chrome. La société Ivanhoe Mines, de Vancouver, exploite d’ailleurs une mine d’or, de nickel et de cuivre – le projet Platreef – dans le nord-est du pays. Le secteur de l’énergie n’est pas non plus en reste.
« Il y a un programme pour le développement des énergies vertes, il y a des appels d’offres », dit Diane Belliveau, directrice régionale, Afrique, chez Exportation et développement Canada (EDC). Selon une récente analyse du Conseil canadien pour l’Afrique (CCA), le pays se tourne surtout vers l’énergie éolienne, qui représentera à terme près de la moitié des énergies vertes.
Les défis du pays
L’Afrique du Sud a besoin d’électricité, et vite. En 2007, la pénurie d’énergie a même contribué à ralentir la croissance économique du pays. Répondre à la demande en électricité est donc un défi permanent pour le gouvernement. Mais il n’est pas le seul.
Dans les 10 prochaines années, l’Afrique du Sud devra investir 335 milliards de dollars canadiens pour accroître ses capacités énergétiques, sans parler du transport et de l’immobilier. Une somme qui représente près de cinq fois le budget du gouvernement du Québec pour l’exercice en 2013-2014.
Parmi les autres défis à surmonter, le pays doit réduire le chômage endémique (près de 25 %) et combattre les inégalités, estime Will Mitchell. « L’Afrique du Sud figure parmi les États où les écarts entre les riches et les pauvres sont les plus importants dans le monde. »
Ces inégalités criantes sont d’ailleurs l’une des sources de la criminalité et des manifestations sociales dans le pays, soulignent les analystes de Coface, une firme française assurant les risques commerciaux des entreprises à l’étranger. Le pays est aussi confronté à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
« Les entreprises étrangères ont de la difficulté à trouver des cadres supérieurs, confie d’ailleurs Mark Nawacki. D’où l’importance de nouer des partenariats locaux pour avoir accès à ces talents.»
Si l’Afrique du Sud a beaucoup d’atouts, beaucoup d’économistes ont toutefois surestimé son potentiel depuis 10 ans, selon Michael Fini, spécialiste en gestion du risque à la Financière Banque Nationale. Par exemple, ils ont sous-estimé l’impact de la pénurie d’énergie et des inégalités sur la croissance économique du pays.
Cela dit, à long terme, Michael Fini soutient que l’Afrique du Sud est un marché très intéressant pour les entreprises étrangères. « On assiste à l’émergence d’une classe moyenne, et les fondations de la démocratie sud-africaine sont de plus en plus solides. »
L’Afrique du Sud en bref
50,5 millions d’habitants
PIB : de 364 milliards de dollars américains
Croissance moyenne du PIB réel de 2005 à 2010: 3,2 %
Répartition du PIB: agriculture (3 %), industrie (31 %), services (66 %)
Source: The Economist (Pocket World in Figures, 2013)
