Groupe Touchette s’est penché sur sa chaîne de valeur et a interrogé aussi bien ses employés que ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires d’affaires et ses bailleurs de fonds. (Photo: courtoisie)
PERFORMANCE FINANCIÈRE. Pour adopter une démarche « holistique » de mesure de la performance, une entreprise doit franchir une étape préliminaire importante : questionner l’ensemble de ses parties prenantes — internes et externes — par une analyse de matérialité. Voyons comment l’exercice a permis à un des principaux distributeurs de pneus du pays, Groupe Touchette, d’éclairer sa démarche environnementale, sociale et de gouvernance (ESG).
L’entreprise montréalaise a officiellement intégré les normes ESG dans son plan stratégique en janvier 2024. Or, à cette date, elle avait déjà une bonne idée de la route à suivre. L’année précédente, en avril 2023, elle avait engagé la firme de développement durable Umalia pour l’aider à faire une analyse de matérialité. « À la base, la matérialité est un concept financier qui a été adapté dans le contexte du développement durable, précise Lucie Bourgeois, présidente d’Umalia. Cette analyse nous permet de dire lesquels, parmi tous les défis de développement durable, sont les plus pertinents pour notre organisation et nos parties prenantes. »
À cette étape, Groupe Touchette s’est penché sur sa chaîne de valeur et a interrogé aussi bien ses employés que ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires d’affaires et ses bailleurs de fonds. La consultante en développement durable a alors invité l’organisation à se poser deux questions : comment ses activités affectent-elles ses parties prenantes? Et, ensuite, quels sont les défis et les préoccupations propres à ces dernières à l’égard du développement durable? « Ça nous montre où on peut agir en premier, et donc, ça nous aide à prioriser nos actions », explique Lucie Bourgeois.
L’exercice était essentiel pour Groupe Touchette. « En tant que distributeurs de pneus, nous nous situons au milieu de chaîne de valeur, entre les fabricants et les détaillants, explique Tony Mougios, vice-président aux affaires stratégiques et à la croissance du Groupe Touchette, qui a été recruté en 2022 avec le mandat de piloter la stratégie ESG. Nous voulons être en mesure de répondre aux attentes de nos clients et de nos partenaires d’affaires. »
Groupe Touchette a d’abord soumis un questionnaire « à choix multiples » à l’ensemble de ses parties prenantes. Il a aussi et surtout organisé des rencontres avec sept partenaires stratégiques, tous fabricants de pneus — une démarche qui a été révélatrice. « Les grands joueurs de l’industrie ont des stratégies de développement durable très robustes, et ils souhaitaient vraiment avoir une discussion avec nous. » Les fabricants de pneus ont entre autres exprimé la volonté de voir Groupe Touchette jouer un plus grand rôle dans la gestion de la fin de vie des pneus. Tony Mougios cite un fabricant « passionné » par la circularité. « Il aimerait qu’on l’aide à retracer ses pneus en fin de vie chez les détaillants. En raison de leur chimie particulière, le caoutchouc de ses pneus aurait le potentiel d’être réutilisé dans la fabrication de nouveaux pneus. » Groupe Touchette a aussi compris qu’il pouvait faire de la sensibilisation et de l’éducation sur la gestion en fin de vie par l’entremise de son réseau de 17 000 détaillants.
Faire une place aux femmes
Au-delà de la circularité, le coup de sonde 360° a fait ressortir quatre autres dimensions à prendre en compte dans l’élaboration de nouveaux indicateurs de performance globale : la réduction de l’empreinte carbone, le gaspillage dans la gestion des stocks de pneus, l’éthique et la protection des données, puis la place des femmes dans Groupe Touchette.
« Nous sommes dans une industrie très masculine, dit Tony Mougios. La représentation féminine dans notre équipe de direction est loin de refléter celle de la population canadienne. » Pour faire bouger l’indice de parité, les porteurs du dossier ESG ont retenu deux mesures : d’une part, ils ont mis en place un parcours de développement professionnel pour les femmes qui veulent devenir gestionnaires. Ensuite, ils ont créé un « réseau des femmes » à travers le groupe de 2100 employés. « Nous avions besoin de comprendre les défis que les femmes rencontrent dans l’organisation. Par ce réseau, nous recevons sur une base régulière de la rétroaction des femmes pour améliorer la qualité de leur environnement de travail. »
En octobre dernier, Groupe Touchette a partagé avec ses employés les résultats de ce premier tour d’horizon — ainsi que les indices et les cibles en découlant — dans un rapport ESG diffusé en interne. La prochaine étape ? Préparer la seconde édition du rapport qui, cette fois, espère-t-il, sera diffusé publiquement dans une section du site web entièrement consacrée au thème ESG.