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Du coaching pour plus d’inclusivité

Emilie Laperrière|Publié le 19 juin 2024

Du coaching pour plus d’inclusivité

(Photo: Adobe Stock)

COACHING ET FORMATION. Les notions liées à l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) progressent depuis quelques années dans les lieux de travail au Québec. Il n’est donc pas étonnant de voir que le coaching s’engage aussi lentement dans cette voie.

Recruter avec succès à l’international, améliorer sa performance financière ou créer un environnement sûr et agréable pour tous : l’approche EDI représente un atout pour les entreprises. Reste que les pratiques concrètes vers une plus grande diversité, équité et inclusion au sein des organisations n’en sont encore qu’à leurs balbutiements au Québec. 

« Il y a eu une prise de conscience depuis la mort de George Floyd aux États-Unis », remarque Céline Morellon, PDG du groupe-conseil Leaders de valeur. Celle-ci estime qu’on est toutefois toujours à l’étape de la sensibilisation. « Les dirigeants savent qu’ils doivent agir, mais ils cherchent encore quoi faire pour partir la machine. »

C’est d’ailleurs parce que Céline Morellon ne trouvait pas d’accompagnement en EDI pour elle qu’elle a lancé son programme. « Les leaders viennent chez nous pour du maillage avec des experts. On offre aussi du coaching corporatif pour mettre en place des programmes EDI et un leadership inclusif », explique-t-elle.

Signe des temps, ICF Québec, qui regroupe plus de 500 coachs certifiés, a mis sur pied un comité EDI en mai 2023 pour encourager les coachs à apprendre et à agir en continu. 

« Les coachs sont aux premières loges pour voir les défis des gestionnaires et des dirigeants, et l’offre de service en EDI est en réaction à leurs demandes », croit la coresponsable du comité Marthe Rocheteau, qui est aussi psychosociologue et coach certifiée chez Transitio Coaching. 

Une approche globale

Selon elle, les leaders cherchent un peu tous la même chose en EDI. « Ils veulent développer une culture saine et attractive, surtout à l’heure actuelle avec les enjeux de main-d’œuvre. Pour cela, il faut qu’ils se dotent de nouvelles compétences, qu’ils reconnaissent l’impact de leurs comportements sur leurs équipes et qu’ils expérimentent de nouvelles façons de faire. »

Ce changement de paradigme ne se réalise évidemment pas en deux temps, trois mouvements. D’où l’intérêt d’être épaulé par un coach dans cette démarche.

Marthe Rocheteau compare le coaching EDI à un voyage. « Notre rôle est d’encadrer le changement de mentalité du dirigeant, souligne-t-elle. Les premières rencontres servent à établir la destination, l’objectif à atteindre. À chaque séance, on part des situations vécues pour décortiquer les différents angles et pour que le dirigeant repère des actions à mettre en place d’ici la prochaine fois. »

En plus d’assurer le bien-être des employés, les entreprises qui requièrent les services de la coach tentent de mieux se positionner par rapport aux attentes des clients et des partenaires. 

« Dans ma pratique, j’ai une demande de plus en importante des entreprises qui recrutent à l’étranger. Elles font face à plusieurs enjeux en termes d’accueil et d’intégration », illustre-t-elle. 

Leadership nouveau genre

Les coachs qui offrent un service en EDI parlent beaucoup de leadership inclusif. Pour Céline Morellon, ce style de gestion se définit par la capacité d’un dirigeant d’écouter, d’être empathique et d’avoir le courage d’agir. « C’est une posture d’accueil, de recherche de justice interne, de valorisation de la différence. Ça crée un environnement où chacun peut exploiter son plein potentiel », ajoute l’experte.

La coach suit à la fois de grandes organisations et des PME. « Celles qui comptent plus de 1000 employés sont déjà structurées alors on entre plus rapidement dans l’intervention. Les moyennes entreprises sont plus intuitives dans leurs demandes. Elles sont dans l’exploration. » 

Ces dernières ont souvent une base d’employés très diversifiée, notamment en service client. C’est en approchant du sommet que ça s’homogénéise. « Elles constatent qu’il y a un écart entre ceux qui interagissent avec les clients et ceux qui réfléchissent à la stratégie », explique Céline Morellon.

Le mentorat s’y met aussi

Même si l’offre est encore naissante, du mentorat en lien avec l’EDI existe désormais au Québec. « Il y a plusieurs programmes dédiés aux femmes, tandis que d’autres sont axés sur la diversité et la présence des groupes sous-représentés », observe Catherine Légaré, présidente fondatrice d’Elo Mentorat.

On retrouve aussi des programmes de mentorat plus larges, qui ne ciblent pas une clientèle en particulier, mais qui sont tout de même inclusifs. « Dans ce cas, ils s’adressent à tout le monde dans l’organisation. Ils incluent la diversité culturelle, de genre, de générations », précise-t-elle. 

Catherine Légaré est d’ailleurs convaincue que l’EDI est dans l’ADN du mentorat. « Le mentorat favorise le dialogue ouvert, la discussion entre personnes d’origines diverses, l’ouverture à l’autre. Les entreprises qui sont championnes de l’EDI offrent d’ailleurs souvent du mentorat à l’interne. »