Comment être (enfin) heureux dans votre quotidien au travail?
Olivier Schmouker|Publié le 24 septembre 2024Une idée à considérer est de s'inspirer... des Béatitudes. (Photo: Brooke Cagle pour Unsplash)
MAUDITE JOB! Q. — «Ma job ne me déplait pas, mais elle ne me plait pas non plus totalement. Je sens que je pourrais y être heureuse, mais il me manque quelque chose. Qu’est-ce que je pourrais changer dans mon quotidien pour que je m’y sente mieux, voire carrément heureuse?» – Joanie
R. — Chère Joanie, j’ai une drôle de suggestion à vous faire afin d’améliorer votre mieux-être dans votre quotidien au travail. Il s’agit tout bonnement de vous inspirer… des Béatitudes.
Les Béatitudes correspondent à une partie du Sermon sur la montagne rapporté dans l’Évangile selon Matthieu. Elles sont au nombre de huit. Jésus décrit ainsi des conditions de vie permettant d’atteindre le bonheur, plus précisément la félicité.
Dans son livre «N’attendez pas le week-end pour être heureux!», le moine bénédictin Anselm Grün montre qu’on peut très bien appliquer les Béatitudes au travail, pourvu de les considérer comme une sorte de code de conduite. Et que cela peut ouvrir la voie à un peu plus de satisfaction dans son quotidien, voire au bonheur. Regardons ça ensemble.
- Être pauvre en esprit (ou focusser)
Selon Anselm Grün, il convient d’avoir une vision élargie du terme «pauvre en esprit». L’idée, c’est de jouir d’une certaine paix d’esprit lorsqu’on travaille. Par exemple, ne pas se laisser distraire par les mille et une sources de distraction potentielles (notification du cellulaire, sonnerie du téléphone, etc.), et donc être en mesure de se concentrer à fond sur ce qu’on fait. Un autre exemple revient à ne pas ressasser à longueur de journée les erreurs commises par le passé, à se dire de toujours aller de l’avant, qu’un échec n’est pas une fin à tout, mais plutôt une belle occasion d’apprendre.
- Être affligé (ou être conscient de ses limites)
L’auteur estime qu’être affligé, dans le cadre moderne du travail, revient à être conscient de ses propres limites. Certains sont doués avec les chiffres et les statistiques, d’autres pas. Ou encore, certains se montrent hyper créatifs, d’autres pas. Si l’on entend devenir heureux dans son travail, il faut donc être le plus possible en adéquation avec ses forces et ses faiblesses.
- Être doux
De manière assez simple, être doux veut dire savoir faire preuve de non-violence. À l’égard de soi-même, de ses collègues, de ses outils, etc. Mais attention, être doux ne signifie pas tout faire pour demeurer calme en tout temps, pas plus que ronger son frein. Non, pour vraiment faire preuve de douceur, il faut avant tout avoir le cran de s’accepter tel qu’on est, avec nos qualités et nos défauts, puis de l’assumer. «Être doux, c’est avoir le courage de rassembler tout ce qu’on perçoit en soi», dit le moine bénédictin. Car une fois que nous aurons réussi à être doux envers nous-mêmes, nous serons en mesure d’être doux envers autrui.
Pour ce faire, il suffit de se montrer authentique. «Certains n’emmènent au travail qu’une partie d’eux-mêmes, souvent la partie intellectuelle, explique-t-il. Cela empêche les autres de les percevoir à leur juste valeur. Car ils ne rencontrent que leur tête ou leurs compétences, pas l’être humain dans son entièreté.»
Bref, pas de bonheur possible au travail sans douceur, et donc sans authenticité.
- Être juste
«Nous devons avoir faim et soif de justice», dit Anselm Grün. Car l’injustice est source d’interminables conflits: regardez, par exemple, ce qui se passe dans un bureau lorsqu’une promotion injuste est effectuée par un boss.
L’idée est donc de montrer l’exemple, sans jamais faillir. Que vous soyez boss ou simple employé. Une ligne de conduite: «Toujours respecter au plus haut point la dignité de chacun», recommande Anselm Grün.
- Être miséricordieux (ou cordial)
«La miséricorde n’est pas la mollesse, indique l’auteur. Il s’agit plutôt de s’évertuer à ne pas juger, à faire preuve de tolérance.»
Et d’ajouter: «Je dois d’abord être miséricordieux envers moi-même, sans me rabaisser ou m’accuser sans cesse. Alors je serai aussi miséricordieux envers mes collègues.»
Dès lors que la miséricorde règne au sein d’une équipe de travail, un esprit cordial prévaut. Car chacun a à cœur de se montrer sincère et solidaire.
- Être pur
Avoir le cœur pur correspond à ne pas avoir d’intentions dissimulées, note l’auteur. C’est être simple et honnête. C’est penser ce qu’on dit, sans arrière-pensées. C’est faire du bien pour soi et autour de soi.
Ce n’est pas tout. Être pur, c’est également combattre l’impureté. Il convient de lutter «contre les regards avides et concupiscents, les regards qui jugent et cataloguent». Il nous faut assainir l’ambiance de travail, si jamais des nuisances y fourmillent. Par exemple, réfréner toute forme d’agressivité ou de pression insidieuse, toute forme de «pollution émotionnelle».
- Être un artisan de la paix (ou être soucieux du bonheur d’autrui)
«En grec, le mot paix, eirene, désigne l’harmonie, explique Anselm Grün. Il vient de la musique. Pour trouver la paix au travail, il faut que tous s’accordent comme pour un concert, chacun avec sa propre tonalité, restant lui-même tout en étant ouvert aux autres sonorités. Cela exige une attention à l’altérité.»
«Le mot latin pax sous-entend une conversation, ajoute-t-il. Pour les Romains, seul le dialogue permet d’apporter la paix, chacun exprimant son avis. Au travail, cela peut revenir à chercher des solutions ensemble, à élaborer des projets ensemble, à emprunter des voies inexplorées ensemble, chacun tenant compte des idées et autres suggestions émises par les autres.»
Bref, une des clés réside dans le fait qu’il nous faut veiller non seulement à notre propre bonheur au travail, mais aussi à celui des autres.
- Être persécuté pour la justice (ou être créatif)
Le moine bénédictin souligne d’emblée qu’il ne s’agit pas d’avoir des problèmes avec la justice, mais plutôt de se montrer rebelle, d’oser tutoyer les limites, de bousculer les idées reçues. Il convient de se montrer inventif dans son quotidien au travail, pour ne pas dire créatif. Car ça permet notamment de sortir de la routine, laquelle peut parfois se révéler mortifère.
Pour ce faire, il peut être bon de se mettre «sous pression», c’est-à-dire exigeant envers soi-même en matière d’inventivité et de créativité. Par exemple, de s’imposer de proposer des idées neuves lors des réunions de travail, ou bien de changer sa façon de faire pour une tâche devenue par trop simple et routinière. Ne serait-ce que pour exciter nos neurones, de temps à autre.
Voilà, Joanie. Pour pouvoir mieux appréhender votre quotidien au travail, recourez aux Béatitudes. Car elles pourraient fort bien vous mener vers la voie du bonheur, à tout le moins d’une plus grande satisfaction.
Cela étant, le moine bénédictin note qu’il ne s’agit pas là d’une promesse. «En prononçant les Béatitudes, Jésus ne nous a pas promis un monde tout beau, conclut-il. Il nous a montré le chemin pour que nous puissions réussir notre vie dans la réalité de ce monde. C’est aussi le chemin de la joie dans le cadre du travail.»