BDC offre trois heures de thérapie gratuites à 550 entrepreneurs
Catherine Charron|Publié le 31 janvier 2024Ce projet pilote pourrait être étendu si l'intérêt de ses clients «se confirme», indique Annie Marsolais. (Photo: 123RF)
RHéveil-matin est une rubrique quotidienne où l’on présente aux gestionnaires et à leurs employés des solutions inspirantes pour bien commencer leur journée. En sirotant votre breuvage préféré, découvrez des astuces inédites pour rendre vos 9@5 productifs et stimulants.
RHÉVEIL-MATIN. Alarmée par le niveau de détresse psychologique des entrepreneurs, la Banque de développement du Canada (BDC) offrira à 550 de ses clients trois heures de thérapie gratuite avec un professionnel de la santé mentale dans le cadre d’un projet pilote.
Sur la base du «premier arrivé, premier servi», les heureux élus n’auront qu’à remplir un questionnaire de quelques minutes sur la plateforme de téléconsultation de GreenShield Santé afin d’être jumelé avec un spécialiste. Les rencontres peuvent avoir lieu en 24 heures, assure Annie Marsolais, cheffe de la direction marketing et ambassadrice de la santé mentale à BDC.
Depuis le vendredi 26 janvier 2024, l’institution financière a commencé à ébruiter l’initiative auprès de certains groupes de clients. Déjà, 25 personnes se sont inscrites en date du 29 janvier 2024, et une heure de séance a été prodiguée. «Ça confirme le besoin», se réjouit la dirigeante en entrevue avec «Les Affaires».
BDC n’en saura toutefois pas plus que cela sur l’utilisation de son programme, indique-t-elle. À l’instar d’un patron qui offrirait à ses employés un service similaire, elle ne connaitra pas l’identité de ses clients qui se prémunissent de ces séances.
«Tout est entièrement anonymisé et confidentiel», insiste l’ambassadrice.
Ainsi les participants ne doivent pas craindre – à cause de préjugé internalisé – que ce service offert par leur créancier puisse nuire à leur chance d’obtenir du financement.
Ce serait en fait tout l’inverse : «on est une banque de développement, rappelle la dirigeante. Notre rôle c’est aussi de regarder la santé globale des entrepreneurs. […] Et un entrepreneur qui, de manière proactive, s’occupe de sa santé mentale, c’est très bon signe.»
Investir dans le tissu économique
Cet investissement «dans les six chiffres» est le plus récent jalon d’une démarche entamée en 2018 par la BDC pour améliorer le bien-être des propriétaires d’entreprise du pays.
Pendant la pandémie, ceux-ci ont ressenti «plus de stress, de fatigue et d’anxiété pour toutes les raisons qu’on connait. Puis les conditions économiques se sont mises à se détériorer de façon importante. Il n’y a eu aucun répit», rapporte Annie Marsolais.
Ses plus récentes données indiquent qu’en 2023, 45% des propriétaires d’entreprise sondés ont éprouvé au moins une fois par semaine des symptômes d’un problème de santé mentale. Ce chiffre était plutôt de l’ordre de 38% en février 2022.
«Ça affecte leur capacité à travailler et à être productif», souligne la cheffe de la direction marketing.
Ces statistiques sont d’autant plus inquiétantes que les PME composent plus de 90% du tissu économique canadien, rappelle-t-elle. «Des entrepreneurs en santé, ça crée une économie en santé.»
Un projet pilote qui pourrait changer
Après avoir sorti une panoplie de documentation et d’initiatives de sensibilisation pour leur venir en aide, l’institution souhaite passer de la parole à l’action et offrir à ses clients un soutien additionnel.
C’est pourquoi elle les a à nouveau sondés en 2023 afin d’identifier quel serait le service qui leur ferait le plus grand bien. La téléconsultation s’est démarquée, sans équivoque.
«Les entrepreneurs ont parfois de la difficulté à admettre qu’ils rencontrent un problème de santé mentale. Aller dans une clinique, ce n’est à peu près pas pensable. On m’a déjà dit que ça avait tout l’effet d’un “walk of shame”», rapporte Annie Marsolais.
Pour l’instant, jusqu’à trois séances d’une heure de consultation seront offertes à chacun des 550 participants. Ce chiffre n’a pas été sélectionné au hasard: la recherche démontre qu’après ce court laps de temps en thérapie, des bénéfices peuvent être ressentis, assure la responsable.
Par la suite, ces personnes pourront continuer d’accéder au service de Greenshield Santé, en acquittant la facture.
À partir de «mesures agrégées du taux de satisfaction» de cette masse critique d’utilisateurs, BDC se laisse de la latitude pour adapter ce service à la fin du projet pilote afin d’en maximiser les retombées. «Si on voit que le besoin est là, que les places se comblent rapidement, on pourrait étendre le programme, dans sa forme actuelle ou une forme qui évoluera.»
Aux entrepreneurs qui n’osent toujours pas discuter avec un professionnel de ce qui leur pèse, l’ambassadrice de la santé mentale les encourage à tendre une perche à une personne de confiance. «En parler, ça ouvre des portes, […] c’est libérateur, et les gens veulent aider.»
Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises.
Partagez votre opinion avec nos lecteurs en remplissant ce formulaire.