Manac obtient 170M$, mais pourrait mettre à pied 200 personnes
La Presse Canadienne|Publié le 27 juin 2024Le projet de modernisation et d'agrandissement de son usine de Saint-Georges a été planifié au cours des 18 ou 24 derniers mois, et il est présentement en exécution pour au moins deux ans, a affirmé M. Dutil. (Photo: courtoisie)
Le constructeur québécois de semi-remorques commerciales Manac pourrait devoir mettre à pied jusqu’à 200 employés d’ici les prochains mois. Cette possibilité survient alors que l’entreprise a conclu un financement de prêts totalisant 170 millions de dollars (M$), lui permettant notamment d’agrandir et de moderniser son usine établie depuis 1967 à Saint-Georges, en Beauce.
Le financement, annoncé jeudi, a été obtenu auprès d’Investissement Québec, BDC et Desjardins. Il doit permettre de «catalyser la stratégie de croissance» de l’entreprise, notamment par les travaux à son usine de Saint-Georges et le déploiement de nouveaux centres de ventes et service au Québec et ailleurs au Canada.
En marge de l’annonce, le président et chef de la direction de Manac, Charles Dutil, a indiqué que l’entreprise a envoyé il y a quelques semaines un avis de mises à pied potentielles pouvant atteindre 200.
«C’est quelque chose qu’il faut communiquer au ministère du Travail. Nos employés ont été informés. On croit que le nombre de mises à pied ne se rendra pas à 200», a-t-il mentionné en entrevue à La Presse Canadienne.
M. Dutil a expliqué que l’industrie de l’équipement de transport est confrontée à un ralentissement en Amérique du Nord.
«La production va être significativement plus basse en deuxième moitié de 2024 que ce que nous avons connu dans les quelques dernières années. Malheureusement, on ne peut pas avoir plus d’heures de production que ce qui est requis», a-t-il déclaré.
Les mises à pied possibles pourraient survenir d’ici la fin de l’été ou au début de l’automne. Elles seraient réparties dans différentes usines de l’entreprise.
Le nombre de mises à pied pourrait être moindre si certaines soumissions débloquent ou si certaines commandes entrent plus rapidement qu’anticipé, a précisé M. Dutil.
Le PDG a rappelé que Manac avait vécu une situation similaire au début de l’année. Sur 45 mises à pied potentielles, environ une douzaine de personnes ont été touchées en fin de compte. Et après quelques semaines, elles ont pu être rappelées au travail en raison de différents facteurs.
M. Dutil soutient que le financement annoncé jeudi et les mises à pied possibles «sont deux situations complètement indépendantes dans la vie de l’entreprise».
Le projet de modernisation et d’agrandissement de son usine de Saint-Georges a été planifié au cours des 18 ou 24 derniers mois, et il est présentement en exécution pour au moins deux ans, a affirmé M. Dutil.
«Au travers de cette période de réalisation du projet, il y a le cycle économique» qui entraîne un ralentissement, a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, M. Dutil explique que le financement obtenu «permet d’adapter notre usine de St-Georges à l’évolution des dimensions des semi-remorques permises par les normes, d’améliorer notre productivité par l’intégration de technologies innovantes, et d’élargir le rayonnement de notre offre par la mise en place de nouveaux centres de ventes et service au Québec et au Canada».
Le financement comprend aussi une opération de refinancement à hauteur de 30M$.
Des prêts de 40M$ par l’entremise du programme ESSOR, administré par Investissement Québec à titre de mandataire du gouvernement, et de 30M$ directement des fonds propres d’Investissement Québec sont accordés à Manac.
Ayant participé à l’annonce, jeudi, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a fait valoir qu’avec ses «nouvelles installations à la fine pointe, l’entreprise se donne les moyens pour demeurer le leader au Canada dans son domaine».
Desjardins et BDC accordent chacun des prêts de 50M$.
Manac construit ses remorques dans trois usines au Québec, une en Colombie‑Britannique et une autre au Missouri.
Frédéric Lacroix-Couture