Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

L’entraide deviendra la norme chez les entrepreneurs

François Normand|Publié le 07 Décembre 2020

«On ose plus demander de l’aide, et l’oreille est là», affirme la présidente du conseil du GCE, Cadleen Désir.

Le nouvel esprit d’entraide entre les entrepreneurs qui se manifeste depuis le début de la pandémie de COVID-19 est là pour rester, estime la présidente du conseil d’administration du Groupement des chefs d’entreprise (GCE), Cadleen Désir.

«Je pense que l’entraide va demeurer […] Depuis le début de la pandémie, c’est plus facile de le faire, on ose davantage demander de l’aide, et l’oreille est là», souligne Cadleen Désir, en marge de la publication des résultats d’une consultation menée par le Groupement auprès de ses 2 000 membres afin de mesurer leur état d’esprit.

Sur les 2 000 entrepreneurs consultés, 247 ont répondu aux six questions, dont 27 sont situés en Europe.

Parmi les cas d’entraide, la présidente du conseil donne l’exemple de quatre entrepreneurs membres du GCE (dont deux évoluent dans le même club ou communauté de 7 à 8 entreprises au sein de l’organisation) qui ont démarré une nouvelle entreprise durant la pandémie.

Ces clubs existaient bien avant la crise. Par contre, le Groupement a augmenté la fréquence de leurs réunions — en virtuel — quand le gouvernement du Québec a fermé en mars des pans entiers de l’économie pour limiter la propagation de la COVID-19.

Pour faciliter l’entraide dans l’écosystème entrepreneurial, le GCE avait alors lancé le mouvement d’entraide «Ensemble pour durer», dont la mission est de consolider le lien déjà fort qui existe entre les entrepreneurs et de briser leur isolement.

 

Des entrepreneurs plus stressés

Sans grande surprise, les défis occasionnés par le confinement ont provoqué chez la majorité des entrepreneurs plusieurs remises en question, selon la consultation effectuée par le Groupement.

Comme chez la plupart des Québécois, leur niveau de stress s’est accentué en raison de la pandémie, et ce, de la perte de revenus au risque de tomber malade en passant par l’incertitude.

Or, avant la pandémie, presque la moitié des entrepreneurs au Canada souffraient déjà d’un problème de santé mentale, selon une étude de la Banque de développement du Canada («Y arriver seuls. La santé mentale et le bien-être des entrepreneurs au Canada») publiée l’an dernier.

Ainsi, 46 % des entrepreneurs canadiens estimaient que des enjeux de santé mentale nuisaient à leur capacité de travailler, se sentaient fatigués mentalement ou démoralisés au moins une fois par semaine.

Trois sur cinq (62 %) se sentaient même déprimés au moins une fois par semaine.

Chez certaines personnes, la détresse provoquée par la pandémie a été très lourde à supporter, ce qui a mené à des suicides, confie Cadleen Désir.

 

L’entrepreneure et la président du conseil du Groupement des chefs d’entreprise, Cadleen Désir. (Photo: GCE)

«Je connais un entrepreneur, en affaires depuis longtemps dans le secteur de l’immobilier commercial, qui a récemment mis fin à ses jours», dit la présidente du conseil du Groupement qui possède elle-même sa PME, Déclic, qui est spécialisée en intervention éducative auprès des enfants.

Elle précise toutefois que cette personne n’était pas membre du GCE.

 

Un besoin accru de réseautage

Signe que l’isolement pèse sur les individus, le questionnaire du Groupement montre que les entrepreneurs ont de plus en plus besoin d’être réseautés afin de pouvoir échanger avec d’autres dirigeants de PME.

Demeurer connecter à leur club ou leur communauté au sein du GCE et partager les bonnes pratiques figurent d’ailleurs parmi les deux principaux besoins exprimés par les entrepreneurs dans la consultation.

Enfin, si les chefs d’entreprise se disent stressés, ils sont en revanche confiants envers l’avenir. Cette situation tient en grande partie au fait que leur «niveau d’énergie» est bon et que leur équipe demeure en santé malgré la pandémie.

Plus du tiers (35%) des répondants à la consultation affirme faire du sport et de la méditation pour réduire leur niveau de stress.