Secteur technologique: encore beaucoup de potentiel
Karl Rettino-Parazelli|Édition de la mi‑octobre 2024(Illustration: Levente Szabo, Colagene, Clinique Créative)
Est-ce que les entreprises technologiques, qui ont été en grande partie responsables des gains en Bourse au cours des dernières années, au moment où les taux d’intérêt étaient élevés, pourront continuer de répondre aux attentes lorsque les taux baisseront ? Philippe Pratte, président de Pratte Gestion de portefeuilles, en est persuadé.
À son avis, l’assouplissement de la politique monétaire américaine permettra d’abord aux entreprises du secteur technologique d’emprunter à plus faibles coûts. Elles seront donc en mesure de continuer
à injecter de l’argent dans leurs différents projets en développement. Même si le niveau des dépenses d’investissement des entreprises technologiques est déjà élevé, celles-ci pourront le maintenir en se finançant, ce qui devrait leur permettre de garder la cadence, croit-il.
Le spécialiste estime par ailleurs que les coûts d’emprunt réduits stimuleront l’appétit pour le risque, qui a grandement diminué lorsque les taux d’intérêt se sont mis à monter. Résultat, des investisseurs désireux de miser sur une technologie potentiellement transformatrice, un nouveau système d’intelligence artificielle générative ou une jeune pousse prometteuse auront les coudées franches. « Ils seront en mesure de se financer pour prendre position dans le secteur techno », dit-il.
Oui, les Alphabet (Google) (GOOGL, 162,33 $ US), Apple (AAPL, 229,13 $ US), Meta Platforms (META, 559,86 $ US), Microsoft (MSFT, 438,14 $ US) et autres Nvidia (NVDA, 117,96 $ US) ont fracassé records après records depuis l’effondrement pandémique, mais ces titres ont encore beaucoup à offrir en raison de la forte demande actuelle et future en ce qui concerne l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies de manière générale, soutient Philippe Pratte.
Il estime que l’intérêt pour l’intelligence artificielle « n’est pas passager » et voit d’un bon œil la forte demande en semi-conducteurs de la part des entreprises qui renouvellent leurs serveurs partout sur la planète afin de s’adapter aux bouleversements technologiques en cours. « Il y a encore des gains à faire, soutient-il. La croissance des bénéfices des grandes technologiques est au rendez-vous, même si la volatilité est présente. »
Au début du mois de septembre, les entreprises technologiques composaient près du tiers de l’indice S&P 500 de la Bourse de New York, et ce, malgré la glissade de certains titres phares au cours
des semaines précédentes. Entre le début du mois de juillet et la fin août, les actions de Nvidia et d’Alphabet ont par exemple reculé de 22 %, tandis que le titre de Microsoft a perdu 13 %. Ces pertes ne sont cependant que passagères, estime Philippe Pratte. « La technologie continuera d’être un des moteurs de la croissance de l’économie américaine », conclut le spécialiste.
« Les attentes sont élevées envers les titres technologiques, mais les entreprises livrent la marchandise, observe Sébastien Mc Mahon, stratège en chef, économiste sénior et vice-président à l’allocation d’actifs à IA Gestion mondiale d’actifs. Oui, c’est risqué d’avoir un portefeuille qui est trop concentré en technologie, mais c’est tout aussi risqué d’avoir un portefeuille sous-pondéré en technologie. »
Le choix de l’expert
Nvidia (BLX, 34,96 $)
Il s’agit assurément d’un des titres les plus en vue de 2024, et pour cause : depuis le début de l’année, l’action de cette entreprise américaine de semi-conducteurs a connu une croissance phénoménale de plus de 140 %, même si elle a trébuché quelques fois en cours de route. Ce fut notamment le cas à la fin du mois d’août, lors de la présentation de résultats trimestriels supérieurs aux attentes… mais insuffisants pour pleinement satisfaire le marché.
Cette performance déjà remarquable, les attentes très élevées et la chute récente du titre n’empêchent pas Philippe Pratte de recommander Nvidia, bien au contraire. « Apple a été la coqueluche pendant longtemps. C’était la société qui faisait bouger les marchés. Maintenant, on voit que c’est Nvidia », dit-il.
Le gestionnaire de portefeuille est évidemment encouragé par ce qu’il qualifie de « performance incroyable » — Nivdia a doublé, voire triplé ses revenus sur une base annuelle au cours des derniers trimestres —, mais aussi par la position de l’entreprise quant à ses plus proches poursuivants. « D’ici à ce que les autres manufacturiers rattrapent leur retard, l’entreprise va demeurer le leader », juge-t-il.
L’action qui se négociait à un peu plus de 115 $ US au milieu du mois de septembre demeure relativement abordable, affirme par ailleurs Philippe Pratte. « Je pense que garder un petit orteil dans Nvidia, ça peut être payant comme investisseur. »