Rembourser son hypothèque ou gonfler son REER?

Publié le 16/01/2015 à 08:37

Rembourser son hypothèque ou gonfler son REER?

Publié le 16/01/2015 à 08:37

En raison de l'endettement croissant des ménages, des millions de Canadiens se heurtent à un choix difficile entre économiser pour leur retraite et rembourser leur dette la plus volumineuse : leur hypothèque.

D'après les derniers chiffres de Statistique Canada, la dette totale (hypothèques, crédits à la consommation et prêts non hypothécaires) parmi les ménages canadiens a connu un essor pour atteindre 162,6 % du revenu disponible, dont la majeure partie provient d'emprunts pour achats immobiliers.

Cela dit, choisir entre économiser pour sa retraite et rembourser son hypothèque peut sembler être peine perdue pour la plupart des Canadiens qui ne peuvent se permettre que l'un ou l'autre.

Comment décider? Cynthia Kett, directrice de la firme de conseils Stewart & Kett Financial Advisors à Toronto, recommande d'examiner son taux hypothécaire dans un contexte avant impôts.

« Si vous vous situez dans une tranche d'imposition de 50 %, votre taux hypothécaire avant impôts est le double de votre taux déclaré, dit-elle. Un taux hypothécaire de 2,5 % est équivalent à 5 % avant impôts. En remboursant votre hypothèque, vous touchez un taux de rendement garanti égal au taux hypothécaire avant impôts. Où pourriez-vous obtenir le même taux de rendement sans risque? »

Et plus vous remboursez votre hypothèque rapidement, moins vous aurez d'intérêt à payer sur le total de votre hypothèque. « Vous réduisez le montant de votre hypothèque qui pourrait avoir à être renouvelé à un taux plus élevé que le taux actuel », ajoute Mme Kett.

David Trahair, comptable agréé et auteur du livre Crushing Debt (dette écrasante), dit qu'outre le taux marginal d'imposition appliqué aux cotisations REER par rapport à celui déclenché par un retrait du REER, le calcul menant à cette décision tient des taux de rendement. « Si vous pensez que votre REER surpassera le taux de votre hypothèque, tenez-vous en à vos cotisations au REER. Sinon, allez-y et remboursez votre dette. »

Si les circonstances s'y prêtent, dit M. Trahair, un REER offre de gros avantages fiscaux. Il est indiqué d'investir dans un REER « si la personne concernée se situe dans une tranche d'imposition élevée lorsqu'elle effectue sa cotisation, et obtient donc un remboursement important, et dans une tranche d'imposition basse à la retraite, lorsqu'elle effectue des retraits de son REER. »

Par contre, pour une personne qui se trouve dans une tranche d'imposition basse, cotiser à un REER est loin de rapporter autant. « Si elle effectue aussi des retraits lorsqu'elle se situe dans une tranche d'imposition plus élevée, c'est encore pire », ajoute M. Trahair.

À moins d'être en mesure de faire les deux, le remboursement de son hypothèque l'emporte sur la cotisation à son REER en raison des bienfaits psychologiques qu'apporte le remboursement anticipé de son hypothèque. « Ne pas avoir de dette représente la libération ultime et atténue énormément le stress financier lié au départ à la retraite, dit M. Trahair. La diminution du revenu à la retraite ne se prête pas bien aux exigences du paiement mensuel d'une hypothèque ou d'une marge de crédit hypothécaire. »

Les preneurs de risques qui pensent pouvoir obtenir un excellent rendement sur leur REER pourraient se retrouver coincés, principalement en cas de rendements médiocres, avec un petit REER tout en continuant à avoir une hypothèque à la retraite, prévient M. Trahair.

De plus, un avantage fiscal réduit rend l'investissement dans un REER moins avantageux, du moins pour les résidents de l'Ontario. Le budget 2014 de l'Ontario contenait des dispositions visant à relever le taux marginal d'imposition, de 46,41 % 47,97 % pour les individus gagnant entre 150 000 $ et 220 000 $ et de 46,41 % à 49,53 % pour les individus gagnant plus de 220 000 $.

Une autre chose dont il faut tenir compte est le fait que les REER soient discrétionnaires. « Vous n'êtes pas obligé de cotiser et vous pouvez sortir l'argent n'importe quand, même s'il vous en coûte », dit M. Trahair. Par ailleurs, les gens n'ont tout simplement plus l'argent qu'il faut après avoir payé toutes leurs autres factures.

Selon Statistique Canada, le montant total des droits à cotisations non utilisés devrait dépasser 1 billion $ d'ici 2018, ce qui laisse entendre que les Canadiens continueront vraisemblablement à s'engager à rembourser leur hypothèque plutôt que d'accumuler des économies pour leur retraite au sein de leur REER.

Mais en fin de compte, la décision de rembourser son hypothèque ou d'augmenter son REER relève de la situation de chaque individu.

Tout dépend du montant de l'hypothèque, de l'intérêt à payer, de l'âge de la personne concernée et de l'étape de sa vie dans laquelle elle se trouve, dit Jonathan Chevreau, chroniqueur financier chevronné qui dirige financialindependencehub.com.

« Pour les jeunes, rembourser les dettes est indéniablement la formule gagnante », dit M. Chevreau, auteur de Findependence Day, ouvrage traitant de la flexibilité financière requise pour prendre sa retraite. « Les REER investis dans les actions peuvent baisser et le remboursement d'impôt est moins intéressant s'ils ne se trouvent pas dans la tranche d'imposition maximum. »

Les années où les taux d'intérêt étaient à deux chiffres, l'argument en faveur des cotisations aux REER était plus convaincant, ajoute-t-il.

Quant aux personnes à l'approche de la retraite, particulièrement si elles se trouvent dans la tranche d'imposition maximum, elles pourraient vouloir gonfler leur REER, dit M. Chevreau, mais il persiste à dire qu'elles devraient s'efforcer d'être sans dette une fois à la retraite.

« Rembourser une hypothèque représente un rendement garanti, à l'inverse du REER. De plus, le REER n'est qu'un report d'impôt, dit M. Chevreau. On peut être aveuglé par le remboursement que l'on obtient et regretter plus tard la charge fiscale déclenchée par sa transformation en FERR avec des retraits annuels obligatoires imposables. »

Cela dit, certains ménages sont en mesure d'investir dans des REER tout en remboursant leur hypothèque. M. Chevreau et son épouse ont maximisé leurs cotisations à leurs REER et sont néanmoins parvenus à rembourser leur hypothèque en cinq ans. « Ceux qui ont une carrière risquée peuvent toutefois préférer la certitude d'une maison entièrement payée et se concentrer sur leur REER lorsqu'ils entament la seconde phase de leur vie », dit-il.

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