Peut-il cesser de travailler à temps partiel ?

Publié le 07/02/2018 à 06:00

Peut-il cesser de travailler à temps partiel ?

Publié le 07/02/2018 à 06:00

Par Stéphane Rolland

Bien des retraités travaillent à temps partiel afin d'épuiser moins rapidement leur épargne. Un lecteur, qui a quitté sa première occupation professionnelle, se demande à partir de quand il pourra dire : « Bye bye, patron ! », une bonne fois pour toutes.

Célibataire sans enfant, l'épargnant de 57 ans a accumulé un avoir financier de plus de 800 000 $. Pour financer une partie de son train de vie, il travaille une trentaine d'heures dans un commerce de détail à un salaire horaire de 13,40 $. Il se demande s'il a le capital nécessaire pour arrêter complètement de travailler. Il estime son coût de vie à 28 000 $ après impôt et paiement de l'hypothèque.

Du côté de l'épargne, il détient 367 000 $ dans une société de gestion. Son REER a une valeur de 134 000 $. Celle de son CELI est de 61 500 $. Il possède également un portefeuille non enregistré de 258 000 $.

Notre semi-retraité traîne toujours un endettement hypothécaire. Il lui reste un passif de 98 700 $ sur une maison dont la valeur est estimée à 130 000 $. D'importants travaux ont été effectués sur la propriété dernièrement et il n'anticipe pas de dépenses importantes dans les prochaines années.

La réponse

Notre lecteur peut arrêter de travailler dès maintenant, répond Sylvain Chartier, planificateur financier et fiscaliste chez Banque Nationale Gestion Privée 1859. Il a suffisamment d'argent pour financer son coût de vie et a même de la marge de manoeuvre pour accroître ses dépenses.

En maintenant son coût de vie actuel (en dollars d'aujourd'hui), l'épargnant décéderait en fait avec plus d'argent qu'il n'en a aujourd'hui. Autrement dit, les revenus de placement seront supérieurs à ses dépenses de 28 000 $, après impôt et hypothèque. Pour arriver à cette conclusion, M. Chartier utilise une hypothèse de rendement de 4,8 % et un taux d'inflation de 2 %.

L'épargne déjà accumulée procure une grande marge de manoeuvre pour les imprévus. En montant le coût de vie à 39 000 $ (toujours après impôt et hypothèque), l'épuisement du capital aurait lieu en 2052. Cette année-là, notre futur retraité a une probabilité de survie de 20 %, selon les normes de l'Institut québécois de planification financière (IQPF). Le but n'est pas d'avoir vidé les coffres à cette date, mais l'exemple illustre la marge de manoeuvre dont dispose le particulier.

Pour les placements passifs détenus à l'intérieur d'une société, M. Chartier pense que la réforme Morneau ne représente pas un risque financier. « Probablement pas, répond-il. Les dispositions devraient s'appliquer aux sommes accumulées dans le futur. L'argent est déjà là, il ne devrait pas avoir de conséquence. »

Dans son scénario, le planificateur financier amortit le décaissement de la société sur une période de quinze ans afin de ne pas entraîner un taux d'imposition marginal trop élevé. Pour les autres comptes, M. Chartier préconise généralement de décaisser d'abord les comptes non enregistrés, puis les REER (un décaissement minimal est obligatoire à partir de 71 ans) et finalement le CELI.

Peu d'optimisation accessible

Le scénario demeure simple. M. Chartier a envisagé différentes avenues d'optimisations, mais la situation ne faisait pas en sorte qu'elles étaient attrayantes dans ce cas-ci.

Il a évalué la possibilité de décaisser d'un coup la société de gestion. Cette mesure a pour but de cesser de payer les frais administratifs liés à cette structure. Cependant, la disposition entraînera un revenu annuel plus élevé et, par ricochet, un taux marginal d'imposition plus élevé. « Généralement, on suggère de le faire lorsque les frais administratifs excèdent 35 % des revenus de placement, ce qui n'est pas le cas cette fois-ci. »

En principe, le planificateur préfère que les retraités remboursent le plus rapidement possible leurs dettes. En fait, plus un investisseur avance en âge, plus il devrait réduire son risque en augmentant la portion de son portefeuille investi en obligations. Le potentiel de rendement moins élevé des titres à revenu fixe fait en sorte qu'il devient moins payant d'investir et de retarder le remboursement de la dette. « Comme notre investisseur a investi 80 % de son portefeuille dans les actions, il y a moins d'urgence à rembourser rapidement », précise M. Chartier.

Rappelons que les intérêts sur une hypothèque sont non déductibles. On peut parfois y parvenir par une pirouette où l'on rembourse sa marge hypothécaire et on s'endette ensuite pour financer ses placements dans un compte non enregistré. Les intérêts sur l'emprunt seront alors déductibles d'impôt. Cette stratégie n'est toutefois pas envisageable en raison de la taille de l'hypothèque. « Avec une hypothèque complète, les institutions financières sont peu enclines à aller de l'avant avec une telle proposition », commente-t-il.

Finalement, avec une pondération de 80 % en actions dans ses portefeuilles, le profil d'investisseur est très risqué pour un retraité. « Le plan fonctionnerait toujours même avec un profil de risque plus prudent, car on a un bon coussin, assure M. Chartier. S'il s'aperçoit que sa tolérance au risque est moins grande, le conseil de payer plus rapidement sa dette pourrait prendre plus de poids. »

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