La voie du droit


Édition de Octobre 2017

La voie du droit


Édition de Octobre 2017

Suzanne Boisvert [Photo: Martin Flamand]

Suzanne Boisvert est retournée sur les bancs d'école à 46 ans pour réaliser un rêve : devenir avocate. Portrait d'une battante.

C'est pour défendre les intérêts des personnes lésées que Suzanne Boisvert rêvait depuis l'adolescence de devenir avocate. «J'ai toujours eu la passion du droit», raconte cette femme de 57 ans à la poignée de main ferme et au regard franc.

Le destin a voulu qu'elle accomplisse tardivement sa vocation. Sa mère monoparentale n'ayant pas les moyens de lui payer des études supérieures, Suzanne met son rêve entre parenthèses dès la fin de l'école secondaire. D'abord secrétaire, puis courtière en immobilier, elle donne naissance à son premier enfant en 1987, à l'aube de la trentaine.

De fil en aiguille, elle occupe des postes à responsabilités pour deux entreprises de gestion immobilière. «Ce que j'aimais par-dessus tout, c'était le volet juridique.» Durant la décennie 1990, elle gère ainsi des centaines de propriétés réparties entre Knowlton et Sainte-Adèle. En 2002, elle lance sa propre affaire de consultation en gestion immobilière.

En 2005, elle encaisse un coup dur : une décision de la Cour supérieure du Québec fait en sorte qu'elle ne peut plus représenter les intérêts des propriétaires devant les tribunaux administratifs. «C'est là que j'ai décidé de retourner aux études, à 46 ans, dit-elle, d'autant que les enfants étaient grands.»

Zéro marge d'erreur

Comme elle n'a pas fréquenté le cégep, elle doit d'abord suivre un programme d'accès aux études universitaires, puis un certificat en droit. Son admission à la Faculté de droit n'est pas garantie et dépendra entre autres de ses notes... «Vu mon âge, il n'y avait pas de marge d'erreur.»

Admise à la Faculté de droit de l'Université de Montréal après moult rebondissements, elle arrive dans son premier cours à 48 ans.

Elle étudie à temps plein, tout en continuant à travailler comme consultante en gestion immobilière ! Même que pendant une session, elle prend six cours au lieu des cinq habituels. C'était ça ou elle retardait d'un an son entrée à l'École du Barreau, explique-t-elle en parlant du «calvaire» qu'elle a vécu cette année-là. Au bout du parcours, lors des examens de ce fameux Barreau, elle était tellement épuisée qu'elle s'est mise à pleurer en pleine salle de classe.

Quelques semaines plus tard, lorsque l'enveloppe qui contient les résultats arrive, elle prend une grande respiration avant de l'ouvrir. Elle a alors 51 ans. «Je me suis dit que si je n'avais pas réussi les examens, je ne les refaisais pas. C'était trop gros.»

Elle a été admise et mène aujourd'hui sa petite étude spécialisée en droit immobilier, en litige civil et en droit successoral. «Je suis plus heureuse et plus épanouie qu'avant. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus rentable, mais j'ai la liberté de choisir mes clients. Ça vaut de l'or.»

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