Épargner 6 000 $ par année, est-ce suffisant ?

Offert par Les Affaires


Édition du 13 Octobre 2018

Épargner 6 000 $ par année, est-ce suffisant ?

Offert par Les Affaires


Édition du 13 Octobre 2018

Par Stéphane Rolland

[Photo: 123RF]

De nombreux épargnants se posent cette question : est-ce que j'épargne suffisamment ? Accaparé par ses obligations familiales, notre lecteur réussit tout de même à mettre de l'argent de côté. Il se demande toutefois si les 6 000 $ qu'il croit pouvoir épargner chaque année sont suffisants pour prendre sa retraite à 65 ans.

La situation

Âgé de 38 ans et père de quatre enfants, Monsieur est comptable et gagne un salaire de 65 000 $. Sa conjointe, 35 ans, gagne un salaire de 150 000 $. À la demande de notre lecteur, la planification de retraite a été faite de manière individuelle, sans tenir compte des revenus, des dépenses et des actifs de sa conjointe.

Le couple possède une maison évaluée à 300 000 $. Il reste une hypothèque d'environ 100 000 $ à payer. La valeur de la résidence n'a pas été prise en compte.

L'épargne de Monsieur se résume à un «petit» 35 000 $ dans un régime enregistré d'épargne-retraite (REER). Outre son interrogation à propos d'une cotisation REER de 6 000 $ par année pour une retraite à 65 ans, il se questionne sur la possibilité de contracter une dette de 20 000 $ pour augmenter le capital investi dans son REER.

Même si la planification n'est que pour Monsieur, soulignons que Madame, qui gagne davantage, cotise au maximum aux régimes enregistrés d'épargne-études (REEE) des enfants. Elle prévoit utiliser les subventions pour payer les études des enfants, mais conserver le capital et les intérêts.

La réponse

L'épargne prévue de 6 000 $ est suffisante pour partir à la retraite à l'âge de 65 ans, répond Nathalie Jacques, planificatrice financière à la Financière Sun Life.

À la retraite, notre lecteur serait en mesure de compter sur un revenu annuel net indexé de 30 000 $ (après impôt) jusqu'à l'âge de 90 ans. Le scénario repose sur une hypothèse de rendement annuel de 7 % dans le REER avant la retraite et de 4 % par la suite.

Avec le même effort d'épargne, notre lecteur pourrait toutefois se bâtir un plus grand capital en optimisant l'allocation de son capital. Elle lui suggère de cotiser 5 000 $ à l'un des fonds de travailleurs, soit le Fonds de solidarité FTQ ou Fondaction de la CSN. En plus de la déduction pour cotisation à un REER, la cotisation sur la première tranche de 5 000 $ à un fonds de travailleurs donne droit à un crédit d'impôt supplémentaire : 30 % pour le Fonds FTQ et 35 % pour Fondaction.

Il reste 1 000 $ d'épargne qu'elle suggère de placer dans un compte d'épargne libre d'impôt (CELI). À ce montant s'ajoutera l'argent du crédit d'impôt qu'elle suggère de mettre également dans le CELI.

En procédant ainsi, notre lecteur pourrait compter sur un actif plus élevé de 164 000 $, en anticipant un rendement de 5 % dans le CELI. Cela représenterait un revenu annuel indexé de 35 400 $ jusqu'à l'âge de 90 ans. «Il faut que 100 % du remboursement d'impôt soit réinvesti dans un CELI, insiste Mme Jacques. Il faut donc être discipliné au long des années pour que cette stratégie porte réellement ses fruits.»

Emprunter pour investir

En ce qui concerne l'autre question de notre lecteur sur la pertinence de s'endetter pour investir, Mme Jacques estime qu'il serait en mesure d'augmenter encore plus son capital à la retraite avec cette stratégie.

Les 20 000 $ empruntés seront investis dans un REER. La stratégie de cotiser un montant de 5 000 $ à un fonds de travailleurs demeure. Par contre, le 1 000 $ supplémentaire d'épargne et les remboursements d'impôt seront alloués au remboursement de la dette. À partir de 2022, notre lecteur aurait remboursé son prêt et serait en mesure de mettre ces sommes dans un CELI.

Au final, ce scénario permettrait d'augmenter le capital de 53 257 $ de plus à la retraite par rapport au scénario d'optimisation sans dettes.

Même si le montant est plus élevé, Mme Jacques juge qu'un élément psychologique entre en ligne de compte. «En réalisant des planifications pour des comptables, j'ai constaté qu'ils n'aimaient souvent pas les dettes. Ça semble être le cas pour lui aussi, commente-t-elle. Il doit donc se demander s'il est à l'aise avec l'idée d'avoir une dette à honorer avant de prendre cette décision.»

Pour ou contre les fonds des travailleurs ?

Investir dans un fonds de travailleurs est un conseil qui ne fait pas l'unanimité parmi les planificateurs financiers. Lorsqu'on a encore plusieurs années devant soi avant la retraite, certains jugent que le crédit d'impôt n'est pas suffisamment élevé pour compenser à long terme les rendements inférieurs obtenus dans ces fonds.

Mme Jacques a déjà été de cet avis, admet-elle. «Les fonds de travailleurs ont cependant changé leur stratégie au cours des dernières années et leurs rendements se sont améliorés, ce qui change la donne», précise-t-elle.

EXPERTE INVITÉE

NATHALIE JACQUES, planificatrice financière chez la Financière ­Sun Life

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