Combien de protection contre l'inflation vous faut-il?

Publié le 13/04/2017 à 08:46

Combien de protection contre l'inflation vous faut-il?

Publié le 13/04/2017 à 08:46

Dans le sillage de la crise financière, de nombreux observateurs du marché ont affirmé que les mesures de relance économique, combinées à la politique de faibles taux d'intérêt pratiquée par les banques centrales de beaucoup de pays du monde développé, attiseraient l'inflation, puis les taux d'intérêt.

Toutefois, aucun des deux scénarios ne s'est concrétisé, et les taux d'intérêt comme l'inflation demeurent assez faibles d'un point de vue historique. Le rendement des obligations sur 10 ans du gouvernement du Canada, par exemple, n'est que de 1,5 %. Par ailleurs, si l'on se penche sur les derniers résultats d'une année sur l'autre de l'Indice des prix à la consommation du Canada, au mois de février 2017, l'inflation était à 2 %, donc bien plus faible que sa moyenne historique à long terme, qui est de 3,15 %. Et de fait, la plupart des experts financiers que j'ai récemment interrogés sur l'évolution attendue de diverses catégories d'actifs pour la décennie qui s'annonce pensent que l'inflation devrait demeurer faible.

Néanmoins, c'est une erreur que de perdre l'inflation de vue comme facteur de risque pour vos investissements. Les investisseurs qui prennent refuge dans des placements à taux fixe ou qui, pis encore, ne se donnent même pas la peine d'investir leur argent tout court, peuvent certes s'acheter une sensation de protection contre la volatilité à court terme dont s'accompagnent les placements à long terme, mais ils pourraient se retrouver coincés avec des pertes réelles une fois qu'on tient compte de l'inflation, même si elle est faible. Par ailleurs, les investisseurs qui se disent qu'ils se protègeront de l'inflation quand les prix recommenceront à grimper peuvent se retrouver eux aussi coincés dans une situation difficile. Lorsque les investisseurs commencent à s'inquiéter de l'inflation, le prix des placements protégés monte souvent très vite. En achetant des placements de ce type une fois que leur prix a déjà augmenté, un investisseur court le risque d'éroder la protection qu'ils fournissent contre l'inflation.

Mais de combien de protection votre portefeuille a-t-il besoin contre l'inflation? Examinons de plus près les facteurs à prendre en considération pour déterminer la portion de vos placements que vous devez protéger contre l'inflation, ainsi que des lignes directrices pour ajuster la taille de vos participations dans des placements protégeant spécifiquement contre l'inflation.

Ajoutez une protection contre l'inflation :

Si vous puisez activement dans votre feuille pour vous procurer du liquide. Les investisseurs à la retraite ou sur le point de l'être qui piochent au moins partiellement dans leur portefeuille pour se procurer un revenu ont beaucoup plus besoin de protection contre l'inflation que les gens qui travaillent et qui accumulent encore des actifs pour leur retraite. Alors que les flux de revenus que touchent les retraités peuvent en comporter une partie où la protection contre l'inflation est intégrée, comme celles qui relèvent du Régime de pensions du Canada ou d'un régime d'employeur, la portion de leur revenu qu'ils retirent de leur portefeuille, elle, n'est pas couverte. Le pouvoir d'achat que leur conférent leurs retraits va donc diminuer dans le temps si leurs placements ne comportent pas de protection contre l'inflation, soit directe (comme les obligations indexées à l'inflation), soit indirecte (comme les actions).

Si vous détenez une partie importante de votre portefeuille dans des placements à revenu fixe. La protection contre l'inflation est particulièrement importante pour les investisseurs, surtout à la retraite, dont une portion de leur portefeuille est investie dans des placements à taux d'intérêt fixe, comme les liquidités ou les obligations. Si l'inflation augmente, l'investisseur qui pioche dans ses placements à revenu fixe s'apercevra d'une chute réelle de son pouvoir d'achat, à moins qu'il n'ait aussi pris des mesures pour ajuster ce flux de revenu à l'inflation.

Si vous dépensez votre argent à des choses sujettes à une inflation très rapide. Au moment de décider combien de protection acheter contre l'inflation et quels types, il est essentiel de songer à quelles dépenses vous envisagez en dernier lieu. Votre propre expérience de l'inflation peut être meilleure ou pire que ce que reflète l'indice des prix à la consommation. Un exemple extrême est celui d'un investisseur qui épargne pour l'université : avec des frais de scolarité qui augmentent plus vite que l'inflation générale depuis plusieurs décennies, ceux qui investissent en vue d'études post-secondaires ne devraient pas seulement se soucier de l'inflation, mais aussi dépasser le cadre des placement couverts contre l'inflation comme les obligations à rendement réel, dont les ajustements à l'inflation sont liés à l'IPC. Pour gagner plus d'argent que le taux auquel les frais de scolarité augmentent, un épargnant doit investir dans des actifs à rendement plus élevé comme les actions, du moins quand l'étudiant potentiel est jeune.

Attachez moins d'importance à l'inflation :

 

  • Si vous en êtes toujours à la phase d'accumulation. Par opposition aux retraités qui piochent activement dans leur portefeuille, les investisseurs qui perçoivent encore un salaire ont un précieux rempart contre l'inflation. Leur salaire aura tendance à augmenter dans le temps à mesure que les prix augmentent, préservant ainsi le pouvoir d'achat de leur rémunération.
  • Si vous avez investi une partie importante ou majeure de votre portefeuille dans les actions. Les actions ne sont pas une couverture directe contre l'inflation. Bien qu'on puisse croire qu'il y ait un rapport, dans la mesure où l'inflation est souvent le signe de l'amélioration de l'économie et le marché aime la croissance économique, l'envers de la médaille est que les coûts de production plus élevés qui résultent de l'inflation posent des problèmes à de nombreux types de sociétés, des fournisseurs d'aliments emballés aux fabricants automobiles. Néanmoins, les actions ont de meilleures chances que toute autre catégorie d'actifs d'avoir des gains sur le long terme qui soient supérieurs au taux de l'inflation, surtout quand on pense aux rendements dérisoires des obligations et des liquidités. De ce point de vue, les portefeuilles qui ont une plus grosse pondération en actions ont moins besoin d'ajouter des couvertures directes contre l'inflation que ceux qui ont des affectations importantes dans des placements à revenu fixe comme les liquidités et les obligations.

 

Bien calibrer vos participations

Ce qui précède souligne à quel point les investisseurs devraient s'inquiéter de l'inflation, au moins en général. Et si on mettait la protection contre l'inflation en pratique? Quelles catégories un portefeuille protégé contre l'inflation devrait-il couvrir, et à quel niveau? Jetons donc un coup d'œil plus attentif sur la manière dont les experts de la répartition d'actifs abordent certaines grandes catégories de placements qui ont la réputation de présenter des caractéristiques de protection contre l'inflation.

Les obligations à rendement réel : Généralement, les sommes qu'un investisseur affecte aux obligations à rendement réel (que l'on appelle aussi obligations indexées à l'inflation) devrait augmenter en même temps que celles qu'il affecte aux placements à revenu fixe et aux liquidités. Voilà pourquoi les experts de répartition d'actifs de Morningstar ne recommandent que peu, voire même pas du tout de protection contre l'inflation pour les jeunes en phase d'accumulation, et prônent des affectations importantes pour ceux qui s'approchent de leur phase de retraits. (Les indices d'affectation à vie de Morningstar sont destinés aux investisseurs américains, mais leurs principes peuvent aussi être appliqués aux Canadiens.) Les affectations aux titres du Trésor indexés à l'inflation (« TIPS ») demeurent au-dessous de 10 % jusqu'à la retraite, après quoi ils grimpent de façon assez substantielle. Par exemple, l'indice prudent destiné à un retraité comprend une pondération de 24 % dans les TIPS (plus du tiers de la pondération totale au revenu fixe).

L'immobilier : Bien qu'ils ne soient pas une couverture directe contre l'inflation, les rendements des placements dans l'immobilier ont été modestement corrélés à l'inflation. Toutefois, à l'opposé des obligations à rendement réel, les affectations des fonds à échéance cible au secteur immobilier n'augmentent pas nécessairement avec le temps. Par exemple, le fonds typique à échéance cible 2045 aux États-Unis affecte 6 % de sa pondération en actions aux placements immobiliers, alors que la pondération moyenne en actions d'un fonds à échéance cible 2015 est de 4 %.

Les marchandises : Les experts de la répartition d'actifs divergent sur leurs recommandations de placements dans les marchandises pendant les années qui précèdent et suivent immédiatement la retraite. Les indices Morningstar d'affectation à vie ont spectaculairement réduit leur participation à cette catégorie d'actifs en 2016 en raison des effets qu'ont produit les rendements négatifs de la reconduction des contrats à terme, évoquée dans cet article.

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