Avant de rêver, il faut calculer

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Septembre 2017

Avant de rêver, il faut calculer

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Édition du 16 Septembre 2017

Caroline aimerait bien voyager durant sa retraite. Le ­pourra-t-elle en la prenant à 55 ans, sur la base d’un coût de vie annuel de 25 000 à 30 000 $ ?

À la préparation de sa retraite, on peut se demander quelle est la pire erreur : ne pas avoir de plan, ne pas suivre celui qui a été établi ou élaborer un plan sur de fausses prémisses.

Le résultat sera sans doute le même mais, dans les deux premiers cas, il sera moins étonnant pour l'épargnant. Autrement dit, lorsqu'on se lance dans la planification de sa retraite sans avoir une bonne idée de ce qu'on fera et de ce qu'il nous en coûtera, on s'expose à de mauvaises surprises.

C'est la leçon qu'il faut retenir de l'histoire de Caroline, dans la force de l'âge, qui se demande quand elle pourra atteindre l'indépendance financière.

Cette professionnelle de 50 ans habite avec son adolescente de 17 ans qui entre au cégep et pour qui elle entretient des ambitions universitaires. «Je compte la payer pour qu'elle puisse se consacrer à ses études», dit-elle.

La situation financière de Caroline est solide. Elle occupe un poste de gestionnaire dans une grande entreprise, qui lui rapporte un salaire annuel de 150 000 $. Elle habite une maison libre d'hypothèque dont elle estime la valeur à 300 000 $. Elle a 51 000 $ dans un compte non enregistré, 10 000 $ dans un CELI et près de 350 000 $ dans son REER. Elle bénéficie en outre d'un régime de retraite complémentaire à cotisations déterminées, c'est-à-dire dont elle ne connaît pas les prestations à venir.

Outre les dépenses pour sa fille, Caroline consacre de 10 000 à 12 000 $ par année à des voyages. Pour le reste, elle n'a pas des goûts de luxe. «Je joue au tennis, je fais de la randonnée et je vais au resto», énumère-t-elle.

Idéalement, Caroline aimerait prendre sa retraite à 55 ans, sur la base d'un coût de vie annuel de 25 000 à 30 000 $.

Nous avons confié son dossier à Daniel Laverdière, directeur principal, centre d'expertise, chez Banque Nationale Gestion privée 1859. Au premier coup d'oeil, le planificateur financier exprime des doutes sur le coût de vie estimé par Caroline. «Si elle avait des revenus de 60 000 $, je comprendrais, mais avec un salaire de 150 000 $, il faut valider», dit-il.

Si cette donnée était validée, Caroline pourrait se retirer à 55 ans sans peine, mais qu'adviendrait-il si son coût de vie était plus élevé que prévu ? «Le plan ne tiendrait pas et elle épuiserait ses actifs trop tôt», dit Daniel Laverdière.

Bien évaluer ses besoins

Sur quoi Caroline s'est-elle basée pour évaluer ses besoins à 30 000 $ ? «J'ai pris une année sabbatique en 2012 et j'ai pu me débrouiller avec 2 000 $ par mois», dit-elle. Elle compte aussi sur le fait que sa fille deviendra entre-temps indépendante.

En y réfléchissant, elle reconnaît qu'elle n'a pas voyagé durant son année sabbatique et que, de manière générale, elle a dû gérer ses dépenses de façon serrée. Est-ce ce rythme de vie qu'elle désire pour la retraite ? «Bien sûr que je voudrais voyager», dit-elle. Après réévaluation, elle estime plutôt ses besoins à un montant variant de 45 000 $ à 55 000 $. Elle évoque aussi la possibilité de vivre avec son nouveau conjoint, le concubinage pouvant réduire les coûts.

Daniel Laverdière basera ses calculs sur un coût de vie de 50 000 $. «Toutefois, si elle dépense 55 000 $, le plan sera à risque», observe-t-il. Quant au conjoint, il préfère ne pas l'inclure dans son évaluation, la relation étant trop récente. Une séparation viendrait tout chambouler.

«Caroline aurait intérêt à raffiner son évaluation», observe M. Laverdière.

Selon ses calculs, et à condition qu'elle commence dès maintenant à limiter son coût de vie à 50 000 $, Caroline ne pourra prendre sa retraite avant l'âge de 60 ans. Ces cinq années supplémentaires sur le marché du travail lui permettront de gonfler sensiblement son coussin.

Ainsi, elle pourra compter sur un capital de 1,3 million de dollars dans 10 ans, ce qui inclut un fonds de revenu viager (FRV) qui provient de son régime de retraite d'employeur.

Caroline pourra vivre à ce rythme jusqu'à l'âge de 91 ans. L'année suivante, elle aura épuisé ses ressources, et celle d'après, elle ne pourra plus compter que sur les rentes publiques (pension de la Sécurité de la vieillesse [PSV] et Régime de rentes du Québec [RRQ]). C'est donc serré.

Daniel Laverdière s'est appuyé sur un taux d'inflation anticipé de 2 % et un rendement de l'épargne de 4 %. Dans ses calculs, il n'a pas transféré l'argent du compte non enregistré vers le CELI, mais Caroline aurait tout intérêt à le faire. Il n'a pas non plus aplani le taux d'imposition sur l'ensemble de la retraite. Il y aurait donc des gains supplémentaires à obtenir avec un peu d'optimisation fiscale. «Cependant, ces petits ajustements ne changeraient pas grand-chose à l'ensemble du plan, reconnaît-il. Un rendement supplémentaire de 1 % aurait beaucoup plus d'impact que toute cette mise au point.»

Le planificateur financier rencontre souvent ce genre de situation dans sa pratique. «Les gens nous demandent de faire des projections à long terme mais, lorsqu'on leur demande combien ils ont dépensé l'année d'avant, ils ont du mal à le calculer», dit-il.

Pourtant, toute la projection de la retraite dépend de ce calcul en amont.

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