«Pas de récession avant 2020» - François Bourdon, chef des placements global, Fiera Capital


Édition du 11 Novembre 2017

«Pas de récession avant 2020» - François Bourdon, chef des placements global, Fiera Capital


Édition du 11 Novembre 2017

Par Dominique Beauchamp

La nouvelle synchronisation mondiale indique que l’effet de la crise de 2008se dissipe, selon François Bourdon.

DOMINIQUE BEAUCHAMP - Vous misez sur le retour à la normale, dix ans après la crise. Expliquez-nous le scénario d'expansion auquel vous accordez une probabilité de 80 %.

François Bourdon - Nous tournons la page sur le choc financier de 2008 et la lente reprise qui a suivi depuis. Même si les coûts du vieillissement de la population et la modération de la productivité ralentissent le potentiel de croissance de l'économie, les cycles économiques ne sont pas disparus pour autant. Les forces cycliques sont plus fortes. Les prochaines années verront donc une période d'accélération économique, suivie d'une récession, en 2020 peut-être, et ensuite d'une reprise.

D.B. - La hausse des taux ne va-t-elle pas tuer dans l'oeuf cette phase de croissance ?

F.B. - Les taux remontent pour les bonnes raisons. Déjà, l'économie mondiale prend des forces depuis 18 mois et la nouvelle synchronisation mondiale indique que l'effet de la crise de 2008 se dissipe. Essentiellement, l'effet cumulé des mesures de relance des gouvernements réussira à stimuler la demande. La reprise se transformera en véritable expansion. Nous prévoyons le retour à un rythme économique de 3 %, à une inflation près de 2,5 % et à un taux directeur de 4 %, aux États-Unis, d'ici 2024. On a l'impression que se sont de gros chiffres, mais, en réalité, une telle croissance est bien inférieure à la moyenne.

D.B. - Qu'est-ce qui déclenchera la récession de mi-2020 que vous prévoyez ?

F.B. - Comme par le passé, l'inflation et la hausse conséquente des taux inverseront éventuellement la courbe des taux (des taux à court terme plus élevés que ceux à long terme), ce qui provoquera une récession classique. Puisque la normalisation sera graduelle, nous croyons que la récession surviendra plus tard que plus tôt. Dans cet environnement, les profits progresseront plus vite que les cours, en même temps que la hausse des taux comprimera les multiples d'évaluation. On paie moins cher pour un dollar de profit lorsque les taux montent. Le ratio cours/bénéfices retrouvera donc un niveau plus normal de 15 fois autour de 2024.

D.B. - Expliquez-nous l'influence du duel entre le vieillissement et la productivité sur votre scénario.

F.B. - Le vieillissement de la population est un poids financier pour les gouvernements, qui pousseront les coûts publics, l'inflation et donc les taux à la hausse. Par contre, une population plus âgée est un frein à la productivité et donc à la croissance économique, deux forces qui modéreront le niveau de l'inflation et des taux d'intérêt. Les besoins en revenus des retraités vont aussi prolonger la demande pour les placements à revenus fixes, ce qui empêchera la hausse des taux de s'emballer. Les avancées technologiques de l'intelligence artificielle et de l'automatisation contrebalanceront aussi l'effet ralentisseur du vieillissement sur la productivité.

D.B. - Qu'est-ce qui pourrait faire dérailler votre scénario ?

F.B. - La possibilité que la demande accrue pour les biens et services ne soit pas au rendez-vous. Si tel était le cas, on retomberait dans la désinflation, ce qui déclencherait une récession hâtive. À l'inverse, la nature inflationniste des dépenses gouvernementales et des politiques protectionnistes pourrait entraîner l'économie mondiale en stagflation, diminuant ainsi le pouvoir d'achat des entreprises et des consommateurs, au moment où les banques centrales ont peu de moyens pour protéger l'économie. Advenant ce scénario, la valeur des obligations et des actions se déprécierait en même temps.

D.B. - Pourquoi préférez-vous les marchés canadiens et émergents à celui des États-Unis ?

F.B. - C'est un choix relatif. La croissance mondiale synchronisée est plus favorable à la Bourse canadienne, car elle soulève les cours des matières premières et les taux, ce qui favorise les producteurs de ressources et le secteur financier, les deux poids lourds de la Bourse locale. Les marchés émergents croissent plus vite quand l'économie mondiale gagne en vigueur. Plusieurs de ces pays sont aussi moins dépendants du cours des matières premières qu'avant et vivent aussi leur propre boom technologique. De plus, les pays émergents se sont adaptés à la fuite des capitaux et à la force du dollar américain qui a dominé entre 2010 et 2016. Ces pays sont donc bien aguerris pour profiter de la meilleure conjoncture mondiale et d'un dollar américain qui pourrait vivoter parce que son économie croîtra moins vite que celle du reste du monde, et parce que le climat politique inquiète.

Découvrez d'autres détails sur Fiera Capital http://www.lesaffaires.com/videos/entrevues/video-vers-une-recession-en-2020/598093

CV
François Bourdon
Corporation Fiera Capital

François Bourdon est chef des placements global chez Fiera Capital dont l'actif en gestion s'élève à 125 milliards de dollars. Il s'occupe des stratégies de financement privé, des obligations mondiales et des fonds à revenu fixe tout en veillant à la bonne marche des fonds d'infrastructure, de placements immobiliers et d'investissements privés.

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