Le secret de l'indépendance financière

Offert par Les affaires plus


Édition de Juin 2015

Le secret de l'indépendance financière

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Édition de Juin 2015

Sobriété et frugalité

La voie vers l’indépendance financière ne passe pas uniquement par l’investissement immobilier ou la réussite d’une entreprise. À preuve, Sébastien Perrault et Valérie Gagné (pseudonymes), deux salariés de la classe moyenne dans la trentaine, ont un plan qu’ils respectent consciencieusement pour voguer vers l’autonomie financière. Leur secret : un budget intraitable où ils comptabilisent la moindre dépense.

« Quand j’achète une crème glacée à mon fils, j’ajoute ces deux piastres à notre fichier Excel», dit Sébastien Perrault, ingénieur en télécommunications et père de trois enfants. Le but: pister la moindre dépense. En sachant où l’argent va, on sait où couper dans le gras. «Chez nous, tout est budgété et réfléchi. Par exemple, on habite un duplex dans le quartier Rosemont qui nous procure un revenu, plutôt que d’habiter dans une maison en banlieue qui aurait exigé l’achat d’une deuxième voiture», explique Valérie Gagné, ingénieure en mécanique, actuellement mère au foyer.

Ils prennent aussi l’autobus pour aller travailler, préfèrent le camping aux hôtels de luxe et acceptent que leurs trois enfants dorment dans la même chambre. Une stratégie qui porte ses fruits. À ce rythme, ils peuvent déjà envisager l’autonomie financière dans la cinquantaine, même s’ils vivent actuellement avec un seul salaire. Ce couple allergique aux dépenses superflues n’est pas exceptionnel. La frugalité est une qualité très présente chez les personnes qui aspirent à l’indépendance financière ou qui réussissent à l’atteindre.

L’important dans cette équation, comme le souligne Claude Paquin, du Groupe Investors, c’est de vivre selon ses moyens. « Ne dépensez pas plus que ce que vous gagnez », dit-il. Simple comme bonjour. Sauf que dans la réalité, il n’est pas facile de renoncer à l’achat de la dernière bébelle électronique, dans le but très lointain d’être autonome financièrement.

Pourtant, tout ça a un coût. Le chroniqueur Norm Rothery, éditeur du magazine MoneySense, a d’ailleurs comptabilisé le coût réel par rapport à l’indépendance financière de l’achat de la nouvelle Apple Watch, le nouveau gadget de l’entreprise de feu Steve Jobs. Selon ses calculs, l’achat du modèle milieu de gamme, à 799 dollars, retardera l’atteinte de l’objectif d’indépendance financière de 30 jours, dans le cas d’un jeune salarié qui gagne 30 000 dollars par an. Il arrive à cette estimation en considérant qu’en plaçant ces 799 dollars plus taxes dans un régime d’épargne enregistré, la valeur de ce montant investi en Bourse triplera en 35 ans, même en tenant compte de l’inflation. La conclusion de Norm Rothery : « Si vous dépensez trop d’argent en produits de luxe, vous devrez travailler plus longtemps que vous ne l’aviez espéré».

Une vie frugale fait aussi partie de l’ADN de l’entrepreneur en techno Stéphane Guérin. Malgré sa réussite, il continue à vivre, avec sa femme et ses trois enfants, dans la même maison modeste qu’à 20 ans, et jusqu’à tout récemment, il roulait en minivan, symbole même d’une vie économe et pépère. « Les entrepreneurs connaissent trop la valeur de l’argent pour le jeter par les fenêtres. On ne roule pas en Ferrari. Seuls les fils de riches le font», soutient ce résident de la Vieille-Capitale, presque indépendant financièrement.

Comment les Mélanie Joly, Stéphane Guérin et Sébastien Perrault arrivent-ils à résister aux chants des sirènes de la surconsommation? «Parce qu’ils ont un objectif précis et délimité dans le temps, répond Claude Paquin, du Groupe Investors. C’est pour cette raison qu’ils acceptent de faire des sacrifices à court terme. Quand c’est rationnel, les gens sont capables de se dire non maintenant pour se dire oui dans le futur. »

Et pour ces économes, la consommation à outrance ne fait tout simplement pas partie de leur mode de vie. En adoptant des guerrilla frugality habits, selon les termes de Jonathan Chevreau, on parvient à dégager une marge de manœuvre qui servira, pour les uns, à bonifier leur épargne – les meilleurs arrivent à épargner jusqu’à 20% de leurs revenus bruts –, et pour les autres, à liquider leurs dettes, en donnant la priorité aux mauvaises créances, comme les dettes de cartes de crédit; et pour les gens à l’esprit entrepreneurial ou qui n’ont pas peur du risque, à passer en mode investissement: démarrage d’une entreprise, placement à la Bourse ou achat d’un immeuble à revenus.

Haut niveau de confiance

Autre caractéristique commune des «indépendants » : leur haut niveau de confiance. Prenons l’exemple de l’ex-avocate Mélanie Joly. La candidate à l’investiture libérale dans Ahuntsic ne craint pas des lendemains difficiles, même si sa nouvelle aventure en politique se terminait par un échec. «J’ai une bonne formation. Je suis une bonne machine de travail. Je suis capable de créer de la valeur, de me bâtir un capital », explique Mélanie Joly.

Ce haut niveau de confiance donne une plus grande résilience face au stress et à la prise de risque, inévitable quand on souhaite s’enrichir plus rapidement, souligne Alain Forget, psychologue du travail. Après des réussites en affaires, il est normal que la confiance en soi se renforce. Mais en début de carrière, il faut bâtir cette confiance. C’est ce que fait Robert Sylvain. Nouveau venu dans le domaine de l’immobilier, le jeune homme a cependant fait ses classes. Il a suivi des formations avec le Club d’investisseurs immobiliers du Québec et il a lu toutes les publications sur cette forme d’enrichissement. « Quand on veut convaincre des gens d’investir dans nos projets, il faut être fort dans les chiffres. Il faut démontrer à nos partenaires qu’on possède les moyens de réussir», dit-il.

L’erreur de la plupart des gens, pensent nos interlocuteurs, c’est que dès qu’ils obtiennent une augmentation de salaire, ils achètent une plus grosse maison et une plus grosse voiture. «Alors que moi, j’ai l’intention d’investir ce surplus plutôt que de le dépenser», explique Robert Sylvain. Même son de cloche de la part de Mélanie Joly, qui a décidé qu’elle ne quitterait pas son logement modeste tant qu’elle y serait heureuse. « Je n’ai pas l’intention de déménager dans quelque chose de plus gros juste pour augmenter mon standing», confie-t-elle.

Avec un objectif précis et délimité dans le temps, le sens du sacrifice, une aversion pour les dépenses inutiles, une bonne confiance en soi et la capacité de dénicher les occasions payantes – en Bourse, en immobilier ou au travail (en acceptant de plus grandes responsabilités, par exemple) –, la quête de l’indépendance financière ne devient plus l’apanage des héritiers de grosses fortunes. Plutôt que d’accumuler toute votre vie pour un projet de retraite que vous ne savourerez que tardivement, pourquoi ne pas changer vos objectifs et viser l’indépendance financière?

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