Le mieux-être financier, nouvelle tendance en ressources humaines


Édition de Novembre 2019

Le mieux-être financier, nouvelle tendance en ressources humaines


Édition de Novembre 2019

Manon Poirier, directrice générale de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (Photo: Martin Flamand)

En plus d'avoir des répercussions négatives sur le bien-être psychologique des employés, le stress financier engendre d'importantes pertes de productivité pour les employeurs. Comment lutter contre ce mal ?

Pour soulager le stress financier des employés, la solution facile ne serait-elle pas d'augmenter tout simplement les salaires ? Eh bien non, car si vos employés gèrent mal leurs finances personnelles, la hausse salariale sera comme un coup d'épée dans l'eau. Pour cette raison, de plus en plus d'employeurs choisissent plutôt d'aider leurs employés à mieux gérer leurs sous.

La logique derrière ce virage : le stress financier a des conséquences importantes sur la productivité des employés. Une enquête de Manuvie révèle que les gens éprouvant des difficultés financières se sentent 16 % moins productifs. Sur un salaire annuel de 80 000 dollars, ce stress représente une perte de rendement de 12 800 dollars par année. La même étude indique que 42 % des employés canadiens se sentent distraits au travail parce qu'ils s'inquiètent de leurs finances. Ce mal discret nuit aussi à la rétention des employés. Selon l'American Psychology Association, 40 % du roulement de main-d'oeuvre résulte du stress financier des employés, car ces derniers sont toujours en quête d'un travail plus payant.

Le stress a aussi des effets sur le corps : mauvaise digestion, migraine, vulnérabilité aux rhumes et aux grippes. À long terme, il augmente les risques de problèmes cardiaques et de troubles mentaux, comme la dépression et l'anxiété. «Ce sont des problèmes de santé qui provoquent des journées de congé et des périodes d'invalidité», dit Manon Poirier, directrice générale de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

Un sujet encore tabou

Est-ce toutefois le rôle des employeurs de s'immiscer dans les finances personnelles de leurs employés ? «Pendant longtemps, les employeurs y voyaient une question d'ordre privé, mais s'ils veulent contribuer à créer un milieu de travail sain, ils ne peuvent plus faire abstraction de la question du bien-être financier», explique Annick Kwetcheu Gamo, fondatrice de Code F., une nouvelle firme de la ville de Québec qui se spécialise dans la formation en finances personnelles en milieu de travail.

Désormais, on parle de «mieux-être financier», l'actuel mot à la mode dans l'univers des ressources humaines. «La prise en considération du mieux-être financier est un phénomène très récent au Canada. Désormais, les employeurs se demandent comment ils peuvent soutenir davantage leurs employés», explique Marie-Hélène Pelletier, psychologue et consultante spécialisée en santé mentale au travail.

L'argent demeure un sujet tabou. Devant des difficultés financières, les gens se renferment sur eux-mêmes plutôt que d'appeler à l'aide. «Par contre, quand on met des ressources à la disposition des employés à leur travail, ils sont portés à les utiliser», constate Manon Poirier. L'idée est d'aller plus loin que les traditionnels cours de préparation à la retraite qu'on adresse exclusivement aux employés en fin de carrière. «Les employeurs réalisent que leur personnel fait face à d'autres défis financiers à d'autres étapes de leur vie : remboursement de la dette étudiante, achat de la première propriété, enfants, mariage, divorce, etc.», explique Stéphanie Mariamo, conseillère principale du domaine Avoirs chez Mercer Canada.

Plusieurs types d'intervention existent : atelier de formation, webinaire, infolettre, conférence, etc. Leur mission : augmenter les capacités financières des employés et améliorer leur sentiment de sécurité. «Notre défi est de rendre l'information financière digestible pour les employés», dit Annick Kwetcheu Gamo, de Code F.

En plus des programmes de formation et de sensibilisation, les employeurs doivent également réfléchir à leur grille de rémunération. «Dans beaucoup de PME, les salaires sont le fruit de négociations privées entre employé et employeur. Personne ne sait combien gagne son collègue. C'est le genre de détail qui crée du stress financier et de l'insatisfaction», rapporte Julie Cloutier, professeure en ressources humaines à l'UQAM. La solution est assez simple : investir dans la planification d'une structure salariale. «Ça ne demande pas plus d'argent, mais une meilleure répartition», dit-elle.

Cette universitaire remet également en doute la pertinence des programmes de primes au rendement. «Beaucoup d'employeurs fixent des objectifs irréalistes, dans l'espoir de ne pas verser de prime. Ça crée beaucoup de stress chez les employés, qui se démènent pour atteindre les cibles, et quand ils ne réussissent pas, ils doivent renoncer à une entrée d'argent qu'ils avaient probablement déjà intégrée dans leur budget», explique Julie Cloutier. Une stratégie qui alimente le stress financier.

Place aux femmes

En matière de finances personnelles, les hommes et les femmes ne se placent pas sur un pied d'égalité. «Les études montrent que les femmes occupent souvent des postes moins bien rémunérés, prennent davantage de pauses ou de congés dans leur carrière en vue de s'occuper des enfants et ont tendance à être plus conservatrices dans leurs placements, ce qui nuit à l'atteinte de leur objectif de retraite», explique Stéphanie Mariamo, de Mercer Canada.

Selon une étude de Mercer, 37 % des femmes (contre 22 % des hommes) affirment être certaines ou pas du tout certaines d'avoir suffisamment de revenus à la retraite, 43 % affirment être connaisseuses ou suffisamment connaisseuses en matière de finances (contre 58 % des hommes) et 62 % affirment être passablement stressées par leurs finances (contre 49 % des hommes).

Des mesures précises devraient être mises en place afin de mieux répondre à cette réalité. «Une des solutions est de s'assurer que dans les personnes-ressources, il y a aussi des femmes, soutient Stéphanie Mariamo, car les employées engagent plus facilement la conversation avec une personne du même sexe.» +

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