La planète est mon bureau

Offert par Les affaires plus


Édition de Novembre 2018

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Édition de Novembre 2018

[Photo : Pablo Garcia Saldana, Unsplash]

Pourquoi s'enfermer entre quatre murs quand le monde peut devenir notre espace de travail ? Voilà ce que pensent les nomades numériques, qui concilient activités professionnelles et voyage.

Si vous n'avez plus besoin de travailler dans une tour de bureaux ou encore de la maison, pourquoi ne pas travailler... sur une plage des Antilles, dans une isba en Russie ou dans un café branché de Vienne ? Avec les nouvelles technologies, un grand nombre de tâches n'exigent plus une présence physique ni une tonne d'équipement. Un ordinateur portable, une connexion Internet et hop ! on devient fonctionnel à distance, peu importe son positionnement GPS. Vous pouvez alors vous joindre à cette nouvelle classe de travailleurs en pleine expansion : les digital nomads ou, en bon français, les nomades numériques.

Nadia Gosselin en fait partie. Depuis une demi-douzaine d'années, cette femme de 48 ans ne possède plus de pied-à-terre au Québec. Avec tous ses avoirs contenus dans une valise, elle se déplace au gré des offres de petsitting et de homesitting - du gardiennage d'animaux ou de maison - qu'elle déniche partout dans le monde. Peu importe où elle pose ses bagages, dans la campagne anglaise ou dans un pays d'Amérique centrale, elle ne change pas sa routine. Elle ouvre son portable et travaille 40 heures par semaine. «Ce mode de vie me permet de vivre comme les locaux tout en profitant de mes temps libres pour faire du tourisme», dit cette nomade numérique pur jus.

Elle a adopté ce mode de vie à la suite d'un choc survenu à 41 ans. «J'ai eu un kyste sur un rein et avant l'opération pour l'enlever, il y avait une possibilité qu'il soit cancéreux. Ce fut une fausse alerte, mais ça m'a fait prendre conscience qu'il ne faut pas attendre indéfiniment pour réaliser ses rêves», raconte l'ex-résidente de Québec. Remise sur pied, cette professeure au secondaire quitte son job permanent et devient conseillère littéraire. «Je me suis créé un travail sur mesure qui allait me permettre de vivre en voyageant», dit cette mère de quatre filles maintenant adultes, chez qui elle squatte lorsqu'elle rentre au pays.

Passer sa vie active en voyage, n'est-ce pas le Graal du travailleur ? Sur Internet et les réseaux sociaux, les photographies des nomades numériques, qui bossent dans des endroits improbables, comme au sommet d'une montagne, sont légion. Il existe même des parodies de ce mode de vie, comme #digitaldouchebags sur Instagram, qui caricature ces instagrammeurs qui pianotent sur leur ordinateur tout en relaxant sur une planche de surf.

Ces SDF numériques prolifèrent comme jamais. Les statistiques à leur sujet sont peut-être inexistantes, mais le nombre de sites web dédiés à leur mode de vie explose, et de plus en plus de travailleurs numériques font étalage de leur statut hors norme sur les réseaux sociaux, avec des photos d'eux en maillot de bain, ponctuées de formules creuses du genre «Vous n'êtes jamais trop vieux pour réaliser vos rêves» et accompagnées du mot-clic #digitalnomad.

Ces travailleurs mobiles qui suscitent la jalousie évoluent dans les cafés, les bibliothèques, les auberges de jeunesse ou les hébergements à court terme comme Airbnb. Ils s'installent aussi dans les espaces de travail partagés. À ce titre, les espaces ECTO, sur le Plateau-Mont-Royal, et OBuro, à La Malbaie, ont d'ailleurs accueilli de ces baroudeurs étrangers dans les derniers mois.

Ce style de vie fortement auréolé d'une image cool est une tendance qui n'en serait qu'à ses débuts. Voici pourquoi : la connexion Internet s'améliore partout dans le monde - ce sera même le cas dans le Québec profond, selon les promesses de nos politiciens -, les milléniaux (les 18 à 35 ans) rejettent le 9 à 5 et les biens matériels pour privilégier les expériences, et, cerise sur le gâteau, l'émergence du modèle de l'économie à la demande (gig economy), qui entraîne une explosion de la proportion de travailleurs indépendants qui forment le contingent de ces nomades numériques. Une étude récente du groupe de logiciels financiers Intuit prédit que d'ici 2020, 40 % des travailleurs américains seront en situation de précarité. Si seulement 1 % de ces travailleurs deviennent nomades numériques, ils seront des millions à parcourir le monde avec un portable sous le bras.

Ambroise Debret, 26 ans, a lui aussi quitté la routine métro-boulot-dodo pour faire de la planète son bureau. «Après mes études, j'ai travaillé dans une firme, mais je me sentais bloqué. Je ne m'épanouissais pas. Puisque j'ai le voyage dans le sang depuis mon plus jeune âge, mes parents ayant vécu aux quatre coins du globe, j'ai décidé de tenter ma chance en prenant un aller simple pour l'Asie», raconte ce spécialiste en marketing numérique.

Tout en vagabondant, ce Montréalais d'adoption, aussi fondateur de la jeune pousse Make it run, consacrée aux besoins des coureurs, réalise que ce mode de vie est possible. Depuis, il voyage de trois à quatre mois par année, proportion qu'il vise à augmenter dans les années à venir en faveur des pérégrinations. «J'ai adapté mon travail à mon style de vie. En voyage, je peux travailler le matin, faire du surf en après-midi, puis retravailler le soir», dit-il. La clé de son succès : la création d'un travail capable de générer de bons revenus à distance.

Une faible présence au Québec nuit-elle à leur quête de contrats ? Non, disent-ils. «De moins en moins de donneurs d'ouvrage réclament des rencontres en personne, qui sont, à mon avis, une perte de temps. Ce qui compte pour eux, c'est que je fasse le travail», soutient Nadia Gosselin. Alex Guillaume, fondateur du site social Bougex.com, a vécu comme nomade en République dominicaine pendant un an. Il juge même que l'expérience lui a permis de nouer des contacts plus facilement. «Dès que je mentionnais au téléphone que j'habitais au bord de la mer, ça engendrait immédiatement des conversations», raconte cet adepte de kite.

Vie de rêve, le nomadisme numérique ? Peut-être, mais elle ne vient pas sans ses moins bons côtés. Nadia Gosselin et Ambroise Debret admettent qu'il faut savoir composer avec la solitude. «Ce n'est pas facile de se faire un amoureux», ajoute Nadia Gosselin, célibataire. Marie-Annick Boisvert, une relationniste en voie de «nomadisation», avoue que les journées de travail précédant le départ et suivant l'arrivée ressemblent souvent à un marathon. «Pas toujours facile de garder la tête hors de l'eau, car on ne veut pas être ultraoccupée en voyage», dit-elle. Sinon, à quoi ça sert de voyager ?

Nomadisme numérique tout inclus

Vous avez envie de devenir nomade numérique, mais la planification de vos séjours à l’étranger vous rebute ? ­Remote ­Year vous organise un séjour d’un an partout dans le monde, comprenant le transport, l’hébergement et la location d’espaces de travail collaboratifs. « ­En se libérant de la logistique, on se concentre davantage sur son projet professionnel », fait valoir ­Patricia ­Robichaud, 36 ans, fraîchement de retour de cette expérience.

Faisant partie d’une communauté d’une soixantaine de nomades numériques pendant une année, cette consultante en communication pour entrepreneurs a pu tisser des liens professionnels avec des gens de partout dans le monde. Son séjour lui a coûté plus de 27 000 dollars ­américains, mais elle considère que cet investissement sera profitable pour la suite de sa carrière. « ­Tout compte fait, rester en appartement ne m’aurait pas coûté énormément plus cher », ­conclut-elle. Prêt à partir ?

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