La génération sandwich brûle la chandelle par les deux bouts


Édition de Novembre 2015

La génération sandwich brûle la chandelle par les deux bouts


Édition de Novembre 2015

La soupape de la génération sandwich va-t-elle lâcher ? Les Affaires Plus en discute avec Diane Gabrielle Tremblay, professeure à la TELUQ et directrice de l'ARUC (Alliance de recherche université- communauté) sur la gestion des âges et des temps sociaux.

Environ 20 % des aidants naturels qui s'occupent de leurs parents vieillissants subviennent aussi aux besoins d'enfants qui vivent encore à la maison. Quel est l'impact de cette situation sur leur santé ?

Ces aidants témoignent souvent d'une grande fatigue. J'ai travaillé avec l'Association des aidants naturels du Québec et de Montréal, et dans ces regroupements-là, c'est ce qui ressort beaucoup : une fatigue importante qui peut mener éventuellement jusqu'à l'épuisement professionnel.

Mais ce n'est pas d'hier que des enfants s'occupent de leurs parents âgés et de leurs enfants, qu'est-ce qui a changé ?

Avant, on gardait les parents âgés à la maison, mais il y avait souvent une personne à temps plein à la maison pour s'en occuper, ce qui n'est plus le cas maintenant. Le rôle d'aidant naturel s'ajoute à l'horaire de travail régulier. Le fait que les femmes ont des enfants un peu plus tardivement fait aussi en sorte que la charge est plus lourde, car les enfants ont encore besoin d'encadrement au moment où l'on commence à s'occuper aussi de ses parents.

On parle beaucoup des femmes, mais les hommes sont-ils aussi touchés ?

Oui, les hommes commencent à être atteints, disons de manière peut-être moins intense. Alors que les femmes peuvent aller jusqu'à donner le bain à leur proche âgé, les hommes vont surtout l'accompagner chez le médecin, s'occuper des finances, des impôts, etc. Mais ce sont les femmes qui vont le plus souvent visiter le parent et qui vont décider de rester à domicile pour s'en occuper si le besoin se présente.

Les hommes sont aussi touchés, parce qu'ils se chargeront plus des enfants si leur conjointe doit s'occuper d'un parent âgé.

Quel est l'élément le plus difficile à gérer pour la génération sandwich ?

Les imprévus. La plus grande source de stress, ce sont les incidents, une maladie nouvelle ou un changement de médicaments, qui entraînent des difficultés. Dès que quelque chose sort de la routine, ça vient bousculer l'équilibre qu'on essaie de maintenir au quotidien, et il faut revoir la planification des tâches ou l'entente qu'on aura réussi à négocier avec son employeur. La culpabilité entre aussi en ligne de compte. Les aidants naturels ont souvent l'impression qu'ils n'en font jamais assez.

Les employeurs ont-ils un rôle à jouer pour faciliter la vie des employés aidants naturels ?

Oui, je pense que les employeurs sont au coeur de la solution, mais rares sont ceux qui ont mis en place de véritables stratégies en ce sens. Ils y vont au cas par cas. Certaines organisations seront plus souples sur les horaires de travail et miseront davantage sur les tâches à accomplir pour permettre à ces personnes-là de planifier leur emploi du temps. D'autres favoriseront le télétravail, une mesure très intéressante pour les aidants naturels.

Que doivent faire les aidants naturels eux-mêmes pour ne pas sombrer ?

Si on se sent surchargé, la première chose à faire est d'en parler avec son employeur. Beaucoup d'aidants naturels cacheront leur situation, parce qu'ils craignent qu'un réaménagement de leur temps de travail ait un impact à plus long terme sur leur carrière. Ils ont peur qu'on les ignore pour des promotions ou des demandes de mobilité. C'est malheureux, parce qu'en fait, les employeurs aideront plus volontiers des personnes qui sont importantes pour eux. Pour les aidants naturels, le fait de tarder à parler de leurs problèmes et de tout assumer peut faire en sorte qu'ils se retrouvent dans un état de détresse importante, et là, tout le monde est perdant.

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