Démontrer sa force quand ça va mal


Édition de Juin 2020

Démontrer sa force quand ça va mal


Édition de Juin 2020

Martin Lalonde: «À la Bourse, il faut apprendre à perdre et apprendre à gagner. C'est quand on fait des erreurs qui font mal à notre argent à nous qu'on apprend le plus.» (Photo: courtoisie)

PROFIL D'INVESTISSEUR. Martin Lalonde a horreur des pertes. Détenir des actions à long terme dans l'espoir qu'elles remontent, très peu pour lui. Lecteur insatiable, le gestionnaire de portefeuille indépendant de Gatineau combine les stratégies traditionnelles et alternatives pour minimiser les pertes en temps de crise.

Martin Lalonde fait ses tout premiers pas en investissement autour des années 1998-1999 alors qu'il est au début de la vingtaine. L'expérience finit en échec. «Vidéotron est venue chez moi, raconte-t-il. Elle a installé l'Internet. Je me suis dit, "Je devrais investir là-dedans, ça va être payant". Mais je n'ai rien fait. Ils se sont fait acheter quelques mois plus tard avec une grosse prime.» Il s'agit de sa première erreur, mais au moins, celle-là n'était pas coûteuse.

Quelques mois plus tard, Martin Lalonde se rend à la Banque TD et emprunte 20 000 $ pour investir dans les marchés boursiers. Il achète toutes les entreprises populaires de l'époque : Cisco, JDS Uniphase, Nortel. C'est sa deuxième erreur. «Évidemment, les titres ont tous planté», dit-il. Son 20 000 $ se transforme en 12 000 $.

Ce revers n'est que temporaire. Avec sagesse, il décide de transformer sa défaite en apprentissage. «C'est là que j'ai décidé qu'il fallait vraiment que j'apprenne quoi faire avec mon argent», raconte Martin Lalonde. Il se retrousse donc les manches, commence à lire et se met à faire de la vente à découvert. «En six mois, quand le marché a planté, mon 12 000 $ est rapidement devenu 72 000 $, dit-il. J'étais accroché.»

Débuts professionnels

À la crise de 2008-2009, Martin Lalonde continue de faire de la vente à découvert. Il en tire des rendements «absolument incroyables» alors même que le marché, gagné par la panique, pique du nez. L'inévitable se produit : le mot se passe et les gens commencent à l'approcher pour lui demander de gérer leur argent.

Ayant entre-temps terminé son CFA et son MBA, en plus d'avoir travaillé durant quelques années dans les fusions-acquisitions, il décide alors de lancer sa firme, Rivemont.

Il approche l'AMF à ce sujet vers la fin de 2009 et obtient ses premiers clients en juillet 2010. À la fin de l'année, il gère 1,4 million de dollars (M$). Sa firme gère aujourd'hui 55 M$.

Minimiser les pertes

Ces premières expériences auront façonné la philosophie d'investissement de Martin Lalonde. Le principal intéressé constate d'ailleurs qu'en finance, notre stratégie reflète souvent qui nous sommes. «Moi, je déteste perdre de l'argent, confie-t-il. Je ne me sens pas bien quand ça arrive. Alors j'ai développé une stratégie qui minimise les pertes, et qui va souvent même les éviter.»

À la base, la stratégie mise de l'avant par Martin Lalonde en est une de gestion active. Il intervient donc souvent dans les portefeuilles de ses clients pour acheter et vendre des titres. Plutôt que d'essayer de «se battre contre les marchés» en temps de crise et de garder des actions en espérant qu'elles reprennent de la valeur sur un horizon de 10, 20 ou 30 ans, il investit lorsque le marché monte, et vend certains titres à découvert lorsqu'ils tombent.

Au début de la crise de la COVID-19, Rivemont a vendu beaucoup d'actions de ses clients pour augmenter ses liquidités, le but étant de racheter quand les prix seront plus alléchants.

Alors que les bourses nord-américaines fondaient du tiers, en mars dernier, les clients de Rivemont affichaient des pertes moyennes de seulement 7 % ou 8 %. «Mais ça, ce ne sont que nos clients en gestion privée», dit Martin Lalonde. Parce que, en plus de la gestion privée, dont les sommes en gestion sont de 40 M$, Rivemont compte trois fonds alternatifs - de petits hedge funds - dont les sommes en gestion atteignent 15 M$.

Le plus gros de ces trois fonds, le fonds Rivemont Alpha, était en hausse de 14 % au cours des trois premiers mois de 2020. «Nous avons massivement vendu à découvert les compagnies de pétrole et de charbon, explique Martin Lalonde. Cette stratégie s'inspire de mes premières expériences en finance, qui m'ont permis de faire de l'argent.» De son propre aveu, c'est d'ailleurs là un de ses bons coups : protéger vigoureusement les portefeuilles de ses clients pour minimiser de manière importante leurs pertes en temps de crise. «Quand ça va mal, c'est ma force à moi.»

Les deux autres fonds de son entreprise sont les fonds Rivemont Crypto et Rivemont MicroCap. Le premier, le plus petit des trois, avec moins de 4 M $ en gestion, détient surtout du bitcoin, mais peut détenir dix des plus importantes cryptomonnaies. «Ici aussi, nos rendements ont été positifs depuis le début de l'année, dit Martin Lalonde. Même chose en 2019.»

Le troisième fonds, comme son nom l'indique, investit dans les très petites entreprises, c'est-à-dire celles qui ont une capitalisation de 15 M $ à 50 M $. Rivemont fait même parfois des placements privés auprès d'elles. «Depuis 2020, ce fonds-là va moins bien, avoue le gestionnaire de portefeuille. C'est notre produit le plus volatil. Mais l'an dernier, nous avons fait 37 % de rendement. C'est un rendement hyper-intéressant. À long terme, on estime que ça va continuer de bien aller.»

Le legs du livre

Avide lecteur, un peu comme Warren Buffett, Martin Lalonde dit avoir été profondément inspiré par ses lectures : «Mes influences sont beaucoup liées aux livres que je lis.»

C'est d'ailleurs un livre, et non un mentor ou une formation, qui l'a ramené sur le chemin de l'enrichissement après ses premières expériences en investissement. Lequel ? Secrets For Profiting in Bull and Bear Markets, de Stan Weinstein, publié en 1988.

«Quand j'ai commencé, je ne savais pas quoi faire et je perdais de l'argent. C'est ce livre-là qui m'a inspiré. Ma stratégie est basée sur la sienne, même si, au fil du temps, avec les erreurs et les expériences, j'y ai incorporé bien d'autres choses.»

Volubile, Martin Lalonde est visiblement enthousiaste à l'idée de parler des livres qui l'ont marqué. Il donne en exemple Market Wizards (1989), un livre dans lequel l'auteur Jack Schwager présente des entrevues avec de grands investisseurs ayant fait fortune à la Bourse.

Il dit également avoir lu et relu Reminiscences of a Stock Operator (1923), par Edwin Lefèvre, plus que tout autre livre. «C'est l'histoire d'un opérateur de marché (trader) ayant connu de gros gains et des grosses pertes, dit Martin Lalonde. J'aime le relire pour me garder discipliné dans ma pratique parce que le plus dur, dans notre métier, c'est d'avoir une stratégie solide en laquelle on croit, et surtout, de l'appliquer contre vents et marées sans en dévier.»

Sa bibliothèque bien garnie reflète son amour du livre. Il compte plus de 500 livres au bureau et 400 à la maison. La grande majorité traite de finance. Ça, ce ne sont que ceux qu'il a lus et aimés. «J'en ai lu beaucoup plus, mais j'en donne souvent à la bibliothèque, dit-il. Je garde seulement ceux qui m'intéressent ou qui m'ont enseigné quelque chose.»

Avec une telle bibliothèque, il va sans dire, lire est une des ses activités principales : il dit lire de deux à quatre livres par semaine, presque tous sur la finance. À 45 ans, il estime aujourd'hui qu'il n'y a pas beaucoup de livres sur le sujet qu'il n'a pas encore lus.

«Ce n'est pas par obligation que je lis autant, dit-il. J'aime apprendre. C'est plus qu'un ingrédient secret. Je suis peut-être partial, mais je pense que c'est impossible d'avoir du succès sans lire beaucoup.»

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