REER, CELI ou CELIAPP: quels produits d’épargne pour les jeunes?
La Presse Canadienne|Publié le 13 juin 2023(Photo: 123RF)
Toronto — Un des amis de Rebecca Clancey lui a suggéré de placer 400 $ par mois dans un régime enregistré d’épargne-retraite (REER). Un autre lui a recommandé de mettre toutes ses économies dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI).
Pour l’enseignante en début de carrière dans une école secondaire de Halifax, qui cherche à épargner en vue d’un mariage et d’une mise de fonds pour une maison avec son partenaire, tout cela est plutôt déroutant.
«Je ne savais pas ce que j’allais faire», confie Rebecca Clancey, âgée de 30 ans. «Je me suis dit qu’il fallait que je me débrouille toute seule. Mais je ne savais même pas quelles questions poser.»
Rebecca Clancey s’est tournée vers Laura Whiteland, une planificatrice financière agréée chez Inclusive Financial Planning à Truro, en Nouvelle-Écosse, pour explorer ses options. Elle admet que cela l’a amenée à avoir des conversations difficiles sur ce qui était réaliste compte tenu de sa situation financière.
«Lorsqu’on commence à travailler après avoir obtenu son diplôme, que ce soit au secondaire ou à l’université, et qu’on a son premier emploi à temps plein, tout est tellement incertain», observe Rebecca Clancey.
«C’est une angoisse permanente autour de l’argent et on n’a jamais l’impression d’en savoir assez. Il y a toujours tellement de mots et de chiffres qui circulent que l’on se sent complètement perdu.»
Être jeune, envisager un premier investissement et ne pas savoir quoi faire ou par où commencer n’a rien d’exceptionnel, assure Laura Whiteland.
«Je pense que le plus difficile pour certaines personnes est de prendre l’habitude de le faire», explique Laura Whiteland, ajoutant que «différencier ce que font tous les comptes et ce à quoi ils servent réellement» n’est pas une mince tâche pour un débutant.
«On voit parfois, surtout chez les jeunes, une sorte de paralysie parce qu’il y a tellement de choses à assimiler et à comprendre et qu’on ne sait pas comment tous ces comptes fonctionnent ensemble.»
Un sondage publié le mois dernier par Co-operators, un fournisseur canadien de services financiers, révèle qu’à peine le quart des Canadiens âgés de 18 à 44 ans ont confiance en leur capacité de choisir des solutions de placement rentables, tandis que 38% ont déclaré ne pas avoir les connaissances requises pour faire des choix de placement.
«Les défis actuels que lancent le climat économique, les taux d’intérêt élevés et le coût de la vie sont intensifiés par le manque de connaissances de la jeunesse canadienne», a regretté Emmie Fukuchi, cheffe de l’expérience chez Co-operators, dans un communiqué de presse.
Plus de choix
Le nombre d’options disponibles de nos jours vient compliquer encore davantage les choses, souligne Laura Whiteland, avec le choix de verser de l’argent dans un REER, un CELI ou le nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP).
«Il y a vingt-cinq ans, les obligations d’épargne du Canada et les REER étaient les principaux véhicules que les gens utilisaient. C’était un choix assez binaire entre le court terme et le long terme, se souvient-elle. Maintenant, c’est beaucoup plus nuancé. Il y a beaucoup plus de structuration fiscale à laquelle les gens ne pensent pas nécessairement.»
Caval Olson-Lepage, planificatrice financière certifiée et directrice de la croissance et de l’engagement chez Collabria Financial Services, estime que ces décisions peuvent être «accablantes», surtout compte tenu du peu d’apprentissages financier qui est priorisé dans la plupart des systèmes d’éducation au Canada.
Elle souligne qu’il est important de déterminer les objectifs et les circonstances individuels avant de décider quelles options vous conviennent le mieux.
«Dans quel but épargne-t-on ? Si on épargne pour sa première maison, eh bien, le CELIAPP est certainement quelque chose à laquelle on doit s’intéresser», affirme Caval Olson-Lepage, qui est établie à Saskatoon.
«Cependant, si on recherche une planification de retraite à plus long terme, on doit se demander si un REER ou un CELI sera une meilleure option.»
Caval Olson-Lepage ajoute qu’un autre facteur important à considérer est de savoir s’il est préférable de rembourser la dette, comme les prêts étudiants, avant de commencer à économiser de l’argent.
«J’aime toujours demander aux gens : “Est-ce que le fait d’être endetté vous met mal à l’aise ?”, car si cela met mal à l’aise, alors on doit se concentrer sur le remboursement», assure-t-elle.
«Une autre chose à déterminer est la suivante : “Les intérêts qui me sont facturés sur ma dette sont-ils supérieurs aux intérêts que je pourrais éventuellement gagner sur mes investissements ?”»
Bien que les décisions financières puissent être stressantes, Laura Whiteland croit que la bonne nouvelle pour les jeunes est qu’il y a plus de place à l’erreur lorsqu’on commence à investir à un âge précoce.
«Mais on veut s’assurer de traiter ces erreurs le plus tôt possible», prévient-elle, ajoutant que la diversification est essentielle pour minimiser les risques.
«La chose la plus importante pour tout le monde est simplement (…) de s’assurer qu’on tire le meilleur parti de chaque dollar parce que nous traversons une période difficile. Il se passe beaucoup de choses, il y a beaucoup de complications, et s’assurer de faire du mieux possible avec ce qu’on a permettra de se rendre beaucoup plus loin que de simplement faire des choix au hasard ou à partir de ce qu’on ressent.»