Conseils pour faire un premier budget en période d’inflation
La Presse Canadienne|Publié le 13 Décembre 2022«On doit être honnête avec soi-même lorsqu’on établit un budget», prévient Angela Iermieri. (Photo: La Presse Canadienne)
Chris Melnyk décrit l’impact initial de l’inflation sur ses finances comme un défi.
Mais rapidement, l’entraîneur personnel de Whitby, en Ontario, a pu ajuster son budget pour tenir compte de la hausse de ses dépenses, et maintenant il se sent moins stressé par les mois à venir.
Au fil des ans, Chris Melnyk s’est rendu compte que plutôt que de suivre un plan de dépenses rigide, il réussissait davantage à rester enligné sur ses objectifs financiers en vérifiant régulièrement son budget et en faisant les ajustements nécessaires.
«J’ai trouvé qu’en étant un peu plus fluide (…) ça devient beaucoup plus facile à gérer», fait-il valoir.
Alors que l’inflation continue de faire des ravages, certains Canadiens pourraient également souhaiter regarder de plus près leurs habitudes de consommation.
En 2019, seulement environ la moitié des Canadiens affirmaient avoir un budget, selon un sondage de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.
L’ACMF a observé que les Canadiens sans budget étaient deux fois plus susceptibles de prendre du retard sur leurs engagements financiers que ceux qui en avaient un. Les personnes avec un budget étaient également moins susceptibles de dépenser davantage que leur revenu mensuel ou d’avoir recours au crédit pour leurs dépenses quotidiennes.
Le fait de ne pas avoir de budget rend difficile le contrôle des finances personnelles, souligne Charity Oisamoje, experte en argent et fondatrice de The Finance Key.
«Lorsqu’on n’a pas de budget, on peut se sentir dépassé par ses finances», explique-t-elle.
L’une des raisons pour lesquelles les budgets ou les plans échouent souvent est que les gens n’ont pas d’objectifs en tête, ajoute Janet Gray, planificatrice financière de Money Coaches Canada.
Il est plus difficile de s’en tenir à un plan lorsqu’on ne sait pas où on s’en va, qu’il s’agisse de rembourser une dette ou d’économiser pour une mise de fond, précise-t-elle.
Janet Gray préfère utiliser le mot «plan» à «budget», car elle trouve qu’il a moins de connotations négatives. Après tout, la budgétisation ne consiste pas seulement à restreindre les dépenses, mais aussi à les planifier, note-t-elle.
On ne peut pas établir un plan de dépenses tant qu’on ne sait pas de quel montant on dispose et quelles sont ses dépenses, ajoute Janet Gray. Elle suggère de suivre ses revenus et ses dépenses pendant un mois pour voir combien on rapporte réellement, et ce que cela permet de faire. Avec ces informations et certains objectifs en tête, on peut ensuite définir des objectifs et élaborer un plan, ajoute-t-elle.
Honnêteté requise
Angela Iermieri, une planificatrice financière du Mouvement Desjardins, remarque que ces temps-ci, avec tous les paiements automatiques et les services d’abonnement, il est plus difficile de suivre ses dépenses.
Écrire un budget aide à visualiser tous ces coûts, assure-t-elle, mais il faut s’assurer qu’on ne sous-estime pas ses dépenses.
«On doit être honnête avec soi-même lorsqu’on établit un budget», prévient Angela Iermieri.
Il existe une variété de plans budgétaires, tels que le plan 50-30-20, où la moitié de l’argent est consacrée aux nécessités, 30% aux dépenses discrétionnaires et 20% aux dettes et à l’épargne.
Mais Janet Gray estime que ce qui compte le plus, c’est que le plan fonctionne pour soi. Il devrait, bien sûr, couvrir d’abord les besoins, permettre un niveau réaliste, mais durable, de dépenses discrétionnaires, et inclure l’épargne et le remboursement de la dette _ bien que ceux qui ont une dette à taux d’intérêt élevé, comme une dette de carte de crédit, devraient se concentrer sur le remboursement avant d’épargner, croit-elle.
À ceux qui se sentent submergés à l’idée de faire un budget pour la première fois, Charity Oisamoje recommande de commencer simplement. Mieux vaut utiliser un ratio comme 50-30-20, ou un autre qui correspond mieux à son style de vie, et essayer de s’y tenir tout en faisant le suivi de ses revenus et de ses dépenses.
Éventuellement, lorsqu’on se sent prêt à passer à quelque chose de plus impliqué, on peut travailler sur une feuille de calcul ou une application.
Charity Oisamoje remarque que l’inclusion des dépenses non essentielles, ou des dépenses «amusantes», est cruciale pour l’équilibre et la santé mentale.
Les dépenses discrétionnaires sont «ce qui motive à continuer avec un plan», convient Janet Gray.
Un plan doit également tenir compte des différences saisonnières, précise Janet Gray, notamment pour les dépenses supplémentaires pendant les vacances.
«Un budget n’est pas figé pour toujours. Il peut évoluer», explique Angela Iermieri, ajoutant qu’il faut réévaluer son budget et ses objectifs chaque fois que les coûts ou les revenus changent.
Souvent, les gens sous-estiment leurs dépenses ou ne tiennent pas compte des coûts variables et inattendus, note Charity Oisamoje. Ces erreurs, ainsi que les dépenses excessives pour des éléments non essentiels, sont la raison pour laquelle un budget peut échouer, mais ce n’est pas la fin du monde si cela se produit un mois.
«Il faut simplement essayer de s’y tenir du mieux possible. Mais il ne faut pas être trop dur avec soi.»
Janet Gray se dit d’accord et prévient qu’il ne faut pas voir dans un seul faux pas une raison pour renoncer complètement à un budget.
«Ce n’est pas un sprint, c’est un marathon.»