Votre rendement est-il adéquat?


Édition du 21 Février 2024

Votre rendement est-il adéquat?


Édition du 21 Février 2024

Par Yannick Clérouin et Pierre-Olivier Langevin

(Photo: 123RF)

Si vous lisez cet article, vous avez une longueur d’avance sur un grand nombre d’épargnants canadiens qui consacrent peu, voire pas de temps à la gestion de leurs finances personnelles et de leurs placements. Cela est tout à votre honneur. Savez-vous cependant si le rendement de votre portefeuille est adéquat ? Une recherche récente menée par l’organisme voué à la défense des intérêts et à l’éducation des investisseurs du pays, Fair Canada, montre qu’une majorité d’épargnants accordent une «confiance aveugle»à leur conseiller.

Non seulement les frais de gestion, tels que les frais de transaction et les frais de conseil, sont méconnus de la plupart des épargnants, mais ceux-ci lisent rarement les informations relatives aux placements qui leur sont fournies. Qui plus est, les participants aux groupes de discussion organisés par Fair Canada ont dit préférer vaquer à d’autres occupations qu’au suivi de leurs finances.

«Les Canadiens placent souvent leur avenir entre les mains de conseillers en placement sans poser les bonnes questions», a déploré le PDG de l’organisme sans but lucratif, Jean-Paul Buraud, à la lumière du rapport accompagnant cette analyse.

Ces conclusions corroborent plusieurs des observations que nous avons faites en analysant plus de 150 portefeuilles depuis les débuts de notre firme il y a 15 ans.

Lorsque nous rencontrons les épargnants qui nous contactent pour obtenir un deuxième avis sur la gestion de leur portefeuille, nous décelons une insatisfaction portant souvent sur les rendements obtenus. S’ils se doutent que la performance n’a pas été à la hauteur, bon nombre de ceux qui nous consultent se révèlent incapables de chiffrer leur manque à gagner par rapport aux rendements du marché.

On ne peut blâmer les épargnants de ne pas pouvoir déterminer si le rendement de leur portefeuille est adéquat, car ils sont malheureusement mal outillés pour le faire.

 

Absence de barèmes et autres écueils

Si fournir à ses clients les barèmes appropriés pour évaluer la performance de leur portefeuille nous semble élémentaire, ces données demeurent encore très souvent absentes des rapports de rendement. Les cinq portefeuilles que nous avons analysés ces derniers mois ne comportaient en effet aucun barème avec lequel on pouvait comparer la performance du portefeuille.

Comment un épargnant peut-il savoir si le professionnel qui gère ses placements a créé de la valeur ou s’il en a détruit ? Cela s’avère quasiment impossible pour le commun des mortels. C’est comme l’enfant qui présente à ses parents un bulletin comportant des notes de 70 %. À première vue, les parents concluent que leur petit dernier a fait piètre figure. Heureusement pour lui, ils changent vite d’opinion lorsqu’ils constatent que la moyenne obtenue par les élèves de sa classe est d’à peine 60 %.

L’absence de barèmes n’est pas le seul écueil auquel se heurtent trop d’épargnants. Certains rapports de rendement présentent des barèmes inappropriés ou des données incomplètes. Par exemple, nous avons déjà vu des rapports qui comparaient un portefeuille de titres d’entreprises nord-américaines avec des indices de marchés émergents.

Nous avons aussi déjà vu des rapports qui affichaient le rendement du portefeuille avant les frais, ou d’autres qui excluaient les dividendes des barèmes. Voilà une façon d’enjoliver la comparaison du portefeuille par rapport à des indices de référence. En effet, le seul fait d’exclure le rendement des dividendes peut diminuer la performance du barème de l’ordre de 2 % à 3 %. À l’inverse, en n’incluant pas les frais dans le rendement affiché du portefeuille, le conseiller en améliore artificiellement sa performance vis-à-vis des barèmes.

Malheureusement, dans l’industrie financière, le rendement est souvent présenté comme un critère secondaire. La qualité des conseils, la relation avec le conseiller ou encore les services périphériques offerts par l’institution financière sont placés bien avant la valeur ajoutée que peuvent procurer d’excellents rendements à long terme.

Nous le voyons avec agacement dans nos analyses:le rapport de rendement est souvent placé à la toute fin d’un document qui présente avant tout des commentaires macroéconomiques — qui ne contribuent en rien à la compréhension des placements détenus — et la liste des transactions survenues au sein du portefeuille au cours d’une période donnée. Comme si le conseiller préférait que ses clients évitent de s’attarder aux rendements.

 

Un risque sous-estimé pour la retraite

Le rendement, faut-il le rappeler, joue un rôle crucial dans le bien-être financier à long terme des épargnants. Une sous-performance chronique peut carrément mettre en péril des projets de retraite.

Nos analyses nous permettent d’évaluer que le manque à gagner des portefeuilles par rapport au marché se situe entre 3 % et 4 % par année. Un tel écart représente une somme notable au cours de la vie d’un épargnant.

Voici un exemple théorique pour l’illustrer:deux épargnants âgés de 25 ans investissent 100 000 $chacun dans un portefeuille composé à 100 % d’actions. Le premier obtient le rendement historique de la Bourse, soit 10 % par an. Le deuxième, moins chanceux, réalise un rendement de 6% par an.

Au bout de 20 ans, le premier se retrouvera avec 350 000 $de plus que le second. Si nos deux investisseurs prenaient leur retraite à l’âge de 65 ans, l’écart s’élèverait à… 3,5 millions de dollars ! Le premier investisseur aurait profité du puissant effet des intérêts composés dans le temps.

Votre conseiller ne vous présente pas de barèmes dans les rapports qu’il vous transmet ? N’hésitez pas à les lui demander. Vous pouvez aussi exiger qu’il vous explique le choix des indices auxquels il compare la performance de ses portefeuilles. Le seul fait de savoir si le rendement de votre portefeuille par rapport aux marchés est adéquat pourrait jouer un rôle déterminant dans votre avenir financier.

 

EXPERTS INVITÉS

Yannick Clérouin est gestionnaire de portefeuille et associé de Medici.

Pierre-Olivier Langevin est gestionnaire de portefeuille et associé de Medici.

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