Sept conseils pour investir un héritage

Publié le 14/09/2017 à 08:07

Sept conseils pour investir un héritage

Publié le 14/09/2017 à 08:07

« Que devrais-je faire de l'argent que j'ai reçu en héritage de ma mère? », me demande un ami. « J'ai le chèque sur mon buffet depuis deux mois. »

Sa paralysie est compréhensible. De nombreuses personnes qui reçoivent de l'argent en héritage sont encore en train de se remettre de la perte d'un être cher et loin d'eux la pensée d'investir cet argent, qui leur rappelle qu'ils ont perdu quelqu'un de cher à tout jamais. Si l'héritage est particulièrement important, il pourrait éclipser les autres actifs du portefeuille d'un investisseur.

Et si l'héritage en argent comptant de mon ami fut simple à gérer, la logistique qu'implique l'héritage d'autres types d'actifs peut être déroutante : hériter par exemple d'un REER s'assortit d'une série de règles compliquées. Si vous héritez de valeurs mobilières, vous devrez décider si vous voulez les conserver dans votre portefeuille ou les échanger contre d'autres produits. Vous devrez aussi déterminer ce que vous voudrez dépenser à court terme et mettre de côté pour l'avenir.

Si vous avez récemment hérité d'une somme d'argent ou que vous vous y attendez dans l'avenir, voici quelques conseils qui vous aideront à gérer sagement votre magot inattendu.

1. Prenez votre temps.

On conseille souvent aux veuves et aux veufs d'éviter de prendre de grandes décisions concernant leurs finances ou leur mode de vie immédiatement après le décès d'un être cher. Le chagrin peut nuire à votre réflexion, vous amenant à faire des choix que vous n'auriez pas fait quelques mois ou un an plus tard. Prendre son temps est un conseil qui est valable pour les enfants ou les frères et sœurs de personnes décédées aussi. Utiliser son héritage pour emmener toute la famille en Irlande et disperser les cendres de sa mère pourrait sembler être le bon choix sur le coup mais à mieux y réfléchir, vous pourriez trouver un usage plus pratique pour l'argent hérité -- le mettre de côté pour financer des études ou pour la retraite par exemple.

2. Évaluez les implications fiscales.

Avant de prendre d'autres décisions concernant un héritage, demandez à l'exécuteur testamentaire dans quels types de véhicules financiers se trouve l'argent. Voici quelques-uns des principaux produits dont vous pourriez hériter, et les règles qui les régissent.

Compte imposable : Lorsqu'une personne décède au Canada, tous ses actifs sont réputés avoir été vendus, et la succession doit payer l'impôt sur tous les gains en capital éventuels qui en résultent. Cela veut dire que si vous héritez d'actifs que le défunt détenait dans un compte imposable (c'est-à-dire non enregistré), le coût de base rajusté des actifs hérités est réinitialisé à sa valeur au jour du décès de votre proche. C'est comme si vous les aviez achetés le jour de ce décès, et vous êtes ensuite responsable de payer l'impôt sur les gains en capital sur toute appréciation des actifs entre la date du décès et le moment où vous les vendez.

REER : Si vous héritez des actifs d'un REER, ils auront déjà été réputés avoir été retirés du régime, la succession ayant réglé tous les impôts dus. Des exceptions sont faites si vous êtes nommé bénéficiaire du régime et que vous êtes le conjoint du défunt, un enfant ou petit-enfant à charge de moins de 18 ans, ou un enfant ou petit-enfant à charge de tout âge ayant un handicap physique ou mental. Dans ces cas-là, les actifs sont tout simplement transférés dans votre propre REER (ou FERR) en imposition différée, et sont donc assujettis aux règles qui régissent votre propre régime; tout retrait du régime serait imposé à votre propre taux marginal d'imposition. C'est pourquoi, si vous n'avez pas besoin des fonds immédiatement, il est préférable de garder les actifs à l'intérieur du REER et de maximiser ainsi les avantages fiscaux de ce produit. Les règles régissant les REER hérités sont compliquées; le site de l'Agence du revenu du Canada fournit des renseignements utiles, mais consulter un expert fiscal peut être une bonne idée.

Régime de retraite d'employeur : Comme pour les REER, les règles régissant les actifs détenus dans un régime de retraite de l'employeur hérité varient selon que vous soyez le conjoint du défunt ou autre personne désignée, et qu'il s'agisse d'un régime à cotisations déterminées ou d'un régime de prestations définies. Dans le cas d'un régime à cotisations déterminées, si vous êtes le conjoint, vous aurez la possibilité, si les prestations n'ont pas encore commencé, de transférer les actifs dans votre propre REER ou les encaisser. La première option est souvent préférable, car vous pouvez regrouper les deux comptes et en simplifier la gestion, en plus de différer l'imposition. Si le versement d'une rente a déjà commencé, le conjoint peut continuer de la recevoir, quoique à un montant réduit; les détails varient selon la juridiction. Les enfants et petits-enfants à charge peuvent aussi recevoir un transfert dans leur propre REER, mais les héritiers non dépendants ne peuvent recevoir qu'une rente à terme. Si votre conjoint décédé détenait un régime à prestations définies, vous continuerez vraisemblablement à toucher les prestations, quoique les détails puissent varier d'un régime à l'autre. Vérifiez-le auprès de l'administrateur du régime.

3. Déterminez la nature de l'actif.

L'étape suivante est de déterminer le type d'actif dont vous avez hérité et si vous devriez l'inclure à votre portefeuille ou le vendre. Si vous héritez d'une somme en argent comptant, vous être évidemment libre de le dépenser ou de l'investir comme bon vous semble. Si vous avez hérité de valeurs mobilières, par exemple une action ou un ensemble d'actions ou de fonds communs, vous devrez en déterminer les avantages de placement et les implications fiscales afférentes à la vente. Comme mentionné plus tôt, les règles concernant les actifs imposables hérités sont assez favorables à l'héritier; le coût de base est fixé à la date du décès et tout montant d'impôt à payer dépendra de l'appréciation qui a eu lieu par la suite. Cela dit, les avantages fiscaux potentiels de conserver les actifs dépassent rarement les inconvénients de conserver des titres qui ne sont pas pertinents aux objectifs de votre portefeuille.

Si vous héritez d'actifs à l'abri de l'impôt comme un REER ou un CELI et que vous transférez ces actifs dans votre propre compte, vous êtes libre de les échanger contre tout placement que vous jugerez approprié. Du moment que l'argent reste dans un régime exonéré d'impôt, vous ne serez pas imposable pour ces modifications.

Veillez bien à ne pas laisser vos émotions affecter vos décisions. Peut-être savez-vous par exemple que votre père aimait détenir des actions de son employeur. Mais l'avantage émotionnel de les conserver ne vaudra peut-être pas la perte de diversification que vous encourrez si vous maintenez vous-même une participation aussi grande. Rappelez-vous que l'objectif de votre être cher en vous léguant ces actifs était d'améliorer votre situation financière, et ainsi votre mode de vie. Les considérations sentimentales devraient être secondaires. 

4. Contrôlez vos désirs de dépenser et pensez à vos objectifs à long terme.

Il est tentant de songer à un héritage comme de l'argent trouvé, particulièrement si vous n'aviez pas prévu de le recevoir. Vous pourriez dépenser cet argent pour rénover votre cuisine, par exemple, ou emmener votre famille à des vacances de rêve. Et un héritage peut être un don du ciel si vous avez vraiment besoin d'argent tout de suite, si votre voiture en est à ses derniers milles par exemple. Mais avant de vous laisser aller à des dépenses inconsidérées à court terme, examinez de plus près où vous en êtes de vos objectifs financiers à long terme, comme votre propre retraite ou l'éducation de vos enfants. Si vous avez fait vos calculs et déterminé que ces comptes sont insuffisamment approvisionnés, vous pourriez tenter de trouver un juste milieu qui vous conviendra. Un héritage de 50 000 $ pourrait être réparti entre 15 000 $ pour une voiture d'occasion par exemple, et 35 000 $ pour votre fonds de retraite.

5. Déterminez votre meilleur rendement sur investissement.

Si vous avez décidé d'investir au moins une portion de votre héritage, la chose à faire est d'identifier les fonds qui présagent du meilleur rendement sur investissement. Je veux dire par cela que vous devriez passer en revue tous vos choix, vos occasions de placement et vos dettes, et déployer l'argent de manière à maximiser vos rendements. Si vous avez une carte de crédit comportant des intérêts élevés ou un prêt étudiant à rembourser, le meilleur rendement sur votre argent est certainement de rembourser cet argent. Après tout, il vous sera difficile de trouver un rendement garanti sur un placement existant qui dépasse le montant d'intérêt que vous payez pour rembourser ces dettes. D'un autre côté, si vous avez énormément de temps devant vous, se mettre à investir dans les actions, et bénéficier d'une réduction d'impôts sur vos cotisations en plaçant l'argent dans un compte à l'abri de l'impôt peut être la bonne solution. (Souvenez-vous que vous serez assujettis aux plafonds de cotisations afférents aux REER et CELI).

6. Déterminez votre répartition d'actifs lorsque vous investissez cet argent.

Si vous avez décidé d'investir cet argent d'une certaine manière, prenez en compte le temps dont vous disposez pour faire fructifier ces actifs, ainsi que la texture de votre portefeuille actuel.

Servez-vous de l'outil Portefeuille de Morningstar pour faire le bilan de la répartition d'actif actuelle de votre portefeuille et la comparer à une cible raisonnable dans le temps. Si la répartition d'actifs de votre portefeuille déraille, vous pourriez employer les fonds hérités pour la remettre sur la bonne voie. À l'heure actuelle, par exemple, les portefeuilles de nombreux investisseurs penchent vers des placements boursiers dynamiques, particulièrement les actions et les fonds de croissance.

Et bien qu'il ne faille absolument pas commencer à tenter de prédire le marché, il est tout de même indiqué de considérer la conjoncture avant d'investir l'intégralité de la somme dans le marché. Bien que les actions ne semblent pas outrancièrement chères en ce moment, elles ne semblent pas non plus particulièrement bon marché, ce qui incite à préconiser une approche délibérée de fructification de nouvelles arrivées de fonds : les achats périodiques par somme fixe, particulièrement si la somme dans laquelle vous investissez représente un pourcentage important de vos actifs nets ou que vous n'avez pas tout le temps du monde. 

7. Demandez de l'aide si vous héritez d'une grosse somme.

Enfin, si vous héritez d'une grosse somme d'argent, même si elle ne l'est que pour vous et pas en termes absolus, faites appel aux conseils d'un expert pour savoir ce qu'il faut en faire. Si vos questions sont surtout d'ordre fiscal, un expert-comptable sera très probablement votre meilleure ressource. Si vos questions concernent à la fois l'investissement et la fiscalité, un conseiller financier pourra vous aider.

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