Miser sur la stratégie multifactorielle


Édition du 16 Juillet 2016

Miser sur la stratégie multifactorielle


Édition du 16 Juillet 2016

[Photo : Shutterstock]

Plusieurs études ont montré que certaines caractéristiques d'un portefeuille peuvent générer des rendements supérieurs, ajustés pour le risque, sur de longues périodes. C'est le cas d'un portefeuille composé de titres dont l'évaluation est jugée moins élevée selon des critères fondamentaux (faibles multiples, valeur comptable attrayante, etc.), une stratégie dite «valeur». Parmi d'autres caractéristiques ayant généré des rendements supérieurs, on retrouve la taille des entreprises, la faible volatilité, l'élan (momentum), la croissance du dividende et la qualité.

Soumis à des montagnes russes

Ces rendements supérieurs ne sont toutefois pas constants. Ainsi, un portefeuille avec un biais «valeur» aurait affiché une prime de rendement moyenne sur deux ans de 547 points de base (5,47 %) par rapport au marché américain dans son ensemble, de 1963 à 2015. Cependant, les investisseurs ne font pas l'expérience d'une moyenne et, dans les faits, ils ont été soumis à de véritables montagnes russes, explique Corey Hoffstein, stratège en chef des placements chez Newfound Research à Boston, dans un commentaire citant ces chiffres.

Ainsi, au cours des mêmes années, les investisseurs avec un biais «valeur» ont connu une période de deux ans durant laquelle ils ont enregistré un rendement excédentaire de 57 % par rapport au marché, et une autre où leur rendement a été de 40 % inférieur au marché, en admettant qu'ils n'aient pas vendu leurs positions et changé de démarche durant cette débandade. Évidemment, ce sont les deux extrêmes, mais un graphique montrant les rendements supérieurs ou inférieurs au marché durant cette période ressemble effectivement à des montagnes russes où pics et vallées sont abrupts.

De 1995 à 2015, ce biais «valeur» a généré un rendement annuel supérieur de 2,31 % par rapport à l'indice S&P 500. De sorte que 100 000 $ US investis en 1995 dans un portefeuille «valeur» en auraient valu 248 821 $ US de plus que s'ils avaient été investis dans l'indice S&P 500. Mais cette prime de rendement vient avec une volatilité accrue : ainsi, en 2008, le portefeuille «valeur» aurait chuté de 47,8 %, comparativement à 36,8 % pour le S&P 500. Et le portefeuille «valeur» aurait connu une période de six ans durant laquelle il aurait été à la traîne du marché jusqu'à concurrence de 33,5 %.

Quelques FNB disponibles

D'autres stratégies connaissent aussi de longues périodes de sous-performance par rapport au marché. C'est pourquoi Corey Hoffstein propose une démarche multifactorielle, avec un portefeuille équipondéré des cinq stratégies suivantes : valeur, taille, momentum, volatilité minimale et croissance du dividende.

Ce portefeuille, rééquilibré annuellement, aurait engendré une prime annualisée de rendement de 2,34 % par année avec une baisse maximale relative de seulement 16,05 %. Malgré cela, la durée maximale de la baisse relative de cette démarche par rapport au marché dans son ensemble a été de sept ans, la fin des années 1990 ayant été une drôle de période. À ceux qui cherchent un fonds négocié en Bourse (FNB) multifactoriel du marché américain, coté aux États-Unis, il propose le Global X Scientific Beta US (SCIU).

Daniel Straus, du Groupe de recherche sur les FNB de la Financière Banque Nationale, mentionne un produit similaire pour les actions canadiennes : le First Asset Canadian Core Equity (CED), qui combine quatre fonds factoriels de First Asset, soit celui axé sur la valeur (FXM), le momentum (WXM), le dividende (DXM) et le faible risque (RWC).

Daniel Straus rappelle que les FNB iShares «FactorSelect» suivent des indices multifactoriels mis au point par MSCI, qui comprennent le facteur valeur, le momentum, la faible taille et la qualité. Il y en a trois (cinq avec les versions couvertes en dollars canadiens) : le XFC pour le Canada, le XFS ou XFA pour les États-Unis et le XFI ou XFF pour les marchés étrangers développés.

Vanguard annonçait le 21 mars le dépôt d'un prospectus préliminaire pour quatre fonds factoriels, un geste fort étonnant compte tenu des conclusions auxquelles ses propres chercheurs sont arrivés : au fur et à mesure que des stratégies deviennent populaires, on voit fréquemment un changement pour le pire dans leur rendement et il est impossible d'établir la durabilité des rendements supérieurs.

À la une

Les scénaristes canadiens disent oui à un mandat de grève

Il y a 12 minutes | Catherine Charron

La Writers Guild of Canada représente près de 2500 scénaristes anglophones au pays

Y'as-tu d'la bière icitte?

EXPERT INVITÉ. La bière est une thématique d’investissement extrêmement forte de plusieurs milliards de dollars.

Gain en capital ou être né pour un petit pain

«L’augmentation de la tranche imposable sur le gain en capital imposée par Ottawa et Québec est une mauvaise idée.»