Dan Bastasic: «Les investisseurs sous-estiment la longévité du marché haussier»


Édition du 11 Mai 2019

Dan Bastasic: «Les investisseurs sous-estiment la longévité du marché haussier»


Édition du 11 Mai 2019

Par Dominique Beauchamp

Dan Bastasic cumule plus de 20 ans d’expérience en placement. Il est le gestionnaire principal pour les Fonds IA Clarington stratégique et Catégorie IA Clarington tactique de revenu depuis 2011.

DOMINIQUE BEAUCHAMP - Que sous-estiment le plus les investisseurs, à cette dixième année du marché haussier ?

DAN BASTASIC - Certainement la longévité du marché haussier des actions et des obligations de sociétés. Les investisseurs s'inquiètent sans arrêt de ce qui pourrait mettre fin à la hausse au lieu de se concentrer sur ce qui a de bonnes chances de la prolonger : les liquidités encore abondantes fournies par les banques centrales ainsi qu'une économie modérée qui garde les taux plus bas qu'autrement.

D.B. - Quels risques percevez-vous après le meilleur début d'année depuis plus de vingt ans ?

D.B. - Les gains de 2019 à ce jour ont sûrement tiré vers l'avant une partie de l'appréciation future, mais ça ne veut pas dire qu'il faut s'attendre au pire, plus tard en 2019. L'évaluation en Bourse n'est pas gourmande compte tenu du niveau modéré des taux, de l'inflation et de la croissance des profits. En même temps, il faudra que l'économie mondiale s'accélère pour ajouter aux gains. Une croissance plus forte ailleurs dans le monde pourrait affaiblir le dollar américain et ainsi donner un autre souffle aux revenus des sociétés américaines à l'étranger et soutenir le S&P 500.

D.B. - Comment expliquez-vous votre encaisse de 15 % si le marché haussier peut durer ?

D.B. - Une partie de cette encaisse provient du rachat de titres de dettes par les entreprises. Nous étions aussi devenus plus prudents à la fin de 2018, mais la pause de la Fed a fait rebondir la Bourse rapidement. Dans un repli des marchés, nous serions de nouveau acheteurs d'actions et d'obligations des sociétés.

D.B. - Quel message tirez-vous de la forte appréciation des obligations de sociétés, un actif que vous connaissez bien ?

D.B. - Tant que l'économie se porte bien, les obligations de sociétés devraient continuer à bien performer, surtout que le rendement additionnel qu'elles procurent par rapport aux obligations gouvernementales compense le risque. Cela dit, la majorité du futur rendement de ces titres proviendra sans doute des versements d'intérêts. Ces obligations pourraient tout de même performer encore mieux si l'économie s'accélérait plus qu'on le pense.

D.B. - Votre fonds de revenu détient des banques, des sociétés de télécommunication et de services publics pour leurs dividendes. Ces industries sont-elles à risque ?

D.B. - Les banques canadiennes ne sont pas trop chères en fonction de la hausse de 5 % à 7 % des profits auxquels on peut s'attendre pour encore un an ou deux. Nous préférons celles qui offrent des sources de croissance plus visibles, soit les banques Royale, TD et Scotia. Le rendement de dividendes des fournisseurs de télécommunication et de services publics est encore très attrayant par rapport à celui des obligations canadiennes de cinq ans (1,5 %). Il est surtout important, à ce stade avancé du cycle, d'équilibrer ses placements entre les industries cycliques et plus stables.

D.B. - Quels titres en portefeuille vous apportent la croissance prudente que vous recherchez ?

D.B. - Puisque nous prévoyons une reprise de la croissance mondiale, les sociétés à saveur plus internationale nous intéressent davantage, comme Royal Caribbean (RCL, 129,65 $ US). Le croisiériste bénéficie à la fois des dépenses du consommateur américain en période de plein emploi et de son expansion dans de nouveaux marchés tels que la Chine. L'entreprise est bien gérée et présente un bon bilan alors que son évaluation n'est pas trop élévée. Johnson & Johnson (JNJ, 141,65 $ US) nous plaît parce que la société chevauche les produits de consommation courante et les produits pharmaceutiques. Son pipeline de croissance est bien garni. La société bénéficierait aussi d'une dépréciation du dollar américain.

D.B. - À quand le retour en Bourse de l'approche valeur que vous préconisez ?

D.B. - Puisque la reprise depuis 2009 a été modérée, la faible inflation et croissance économique ont dirigé les investisseurs vers les titres offrant le plus de croissance. Au cours des six derniers mois, le ralentissement mondial a prolongé ce phénomène. Le cycle boursier est tout simplement étiré, ce qui repousse le virage habituel vers les titres sous-évalués. Ces titres performeront mieux lorsque l'économie croîtra plus vite et que les attentes inflationnistes augmenteront. Ce n'est qu'une question de temps.

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