Les actions à dividendes ne conviennent pas à tous, estiment des experts

Publié le 07/06/2022 à 16:19

Les actions à dividendes ne conviennent pas à tous, estiment des experts

Publié le 07/06/2022 à 16:19

Par La Presse Canadienne

Le confort de revenus stables et prévisibles. (Photo: La Presse Canadienne)

Bob Lai, chef de produit et blogueur vancouvérois de 39 ans, détient un portefeuille d’investissement composé de 51 actions à dividendes et d’un fonds négocié en Bourse (FNB).

Bob Lai a commencé à investir au début de la vingtaine, lorsque les FNB n’étaient pas largement disponibles ou populaires. Il a commencé à investir dans des fonds communs de placement avant de passer à des actions individuelles, comme celles de l’Intact Corporation financière (anciennement connue sous le nom d’ING) et de la Financière Manuvie, qui versaient des dividendes et ont continué à le faire après la crise financière.

«(Ma partenaire et moi) avons simplement pensé qu’avoir ce revenu de dividendes stable serait bien. Vivre de ces dividendes nous donnerait plus de flexibilité plutôt que d’avoir à vendre notre capital. C’était donc ça l’attrait.»

Les dividendes sont généralement versés sur une base trimestrielle et fonctionnent comme suit: si l’on possède 100 actions de la Banque Royale du Canada, par exemple, et que l’on reçoit 1,20 $ par action, tous les mois de février, mai, août et novembre, on reçoit un dépôt de 120 $ dans son compte de courtage, explique Bob Lai.

Mais si certains investisseurs s’appuient sur une stratégie d’investissement en actions à dividendes, cette approche ne convient pas à tout le monde, préviennent des experts.

Les payeurs de dividendes sont généralement des entreprises établies qui ont des flux de trésorerie excédentaires, elles commencent donc à retourner ces flux de trésorerie à leurs actionnaires, explique Robb Engen, planificateur financier payant chez Boomer and Echo à Lethbridge, en Alberta.

Ce sont souvent des sociétés qu’on dit «de premier ordre», comme la Banque Royale, Enbridge, Telus et BCE.

Bien qu’il n’y ait rien de mal en soi à investir dans de grandes entreprises de premier ordre, pour la plupart des gens, et en particulier pour les jeunes, cela ne devrait pas caractériser l’ensemble de la stratégie, croit Robb Engen.

Les jeunes Canadiens devraient plutôt se concentrer sur la croissance et non sur le revenu qu’ils tirent de leur portefeuille.

«On souhaite étendre son univers d’investissement à d’autres actions qui ne se contentent pas de verser des dividendes.»

Perte de valeur pour les entreprises

Robb Engen souligne que plusieurs personnes ne réalisent pas non plus qu’un paiement de dividende provient des bénéfices et des flux de trésorerie d’une entreprise. Donc, si on reçoit 1,20 $ en dividendes par action, la valeur de cette société diminue de ce montant parce qu’elle a versé cet argent.

«Les actionnaires de dividendes pourraient faire n’importe quoi avec cet argent. Ils pourraient le dépenser. Ils pourraient l’investir dans une autre entreprise. Ainsi, la valeur de l’entreprise a simplement baissé», explique-t-il.

«Je pense que plusieurs investisseurs en dividendes pensent qu’ils voient ce dividende et ils pensent qu’ils obtiennent ce rendement en plus de l’appréciation du capital, mais l’appréciation du capital est diluée chaque fois que l’entreprise verse un dividende.»

Par exemple, en ce qui concerne la croissance, Robb Engen affirme que les lignes directrices sur les hypothèses de projection de FP Canada montrent que les actions canadiennes, dans leur ensemble, ont un rendement prévu de 6,3 % avant les frais, les actions américaines et internationales ont un rendement prévu de 6,6 % avant frais, et les actions des marchés émergents ont un rendement attendu de 7,7 % avant frais.

Ainsi, dans un investissement dans une entreprise comme Shopify, qui ne verse pas de dividendes, le rendement est lié à la croissance de la valeur de l’entreprise. L’investissement dans l’entreprise vaut plus parce que le cours de l’action a augmenté, explique Robb Engen.

Avec une action versant des dividendes, comme celle d’Enbridge, par exemple, l’entreprise ne s’appuie pas autant sur la croissance.

«Ils gagnent de l’argent grâce à leurs pipelines, paient leurs dépenses et renvoient le reste des bénéfices à leurs actionnaires sous forme de dividendes. Donc, ceux qui reçoivent un dividende de 6 % ne devraient pas s’attendre à ce que le cours de l’action augmente», note-t-il.

La société qui verse des dividendes n’investit pas autant dans sa croissance via des acquisitions ou d’autres avenues, ajoute-t-il. Il s’agit de deux styles différents de gestion d’entreprise.

«Rien n’est gratuit. On ne peut pas obtenir le dividende de 6 % promis par Enbridge, en plus de la croissance de 6 % qu’on pourrait obtenir d’une société qui ne verse pas de dividende.»

Le confort de revenus stables et prévisibles

Il peut cependant être avantageux de se concentrer sur les actions qui versent des dividendes si l’on se sent à l’aise de recevoir un dividende trimestriel, ce qui permet de conserver l’investissement.

«S’il y a une raison comportementale qui aide à rester concentré et empêche de paniquer et de vendre lorsque le marché baisse, alors je pense que cela peut être une stratégie judicieuse. Ce ne sera tout simplement pas le moyen le plus efficace de créer de la richesse au fil du temps lorsqu’on souhaite investir dans l’ensemble du marché plutôt que de se concentrer sur les payeurs de dividendes», observe-t-il.

Au lieu de cela, Robb Engen recommande à ses clients de maintenir leurs coûts à un faible niveau et de se diversifier largement, plutôt que de se concentrer uniquement sur un type spécifique d’actions.

Pour le Canadien moyen, Bob Lai, comme Robb Engen, est en faveur de l’investissement indiciel avec FNB Vanguard ou iShares, par exemple, et pense que c’est une bonne approche parce qu’on peut simplement laisser ses investissements et ne pas avoir à y penser.

«Mais si, par préférence personnelle, on veut ce niveau de confort en ce qui a trait à une sorte de revenu stable et prévisible, je pense que l’investissement en dividendes est formidable parce qu’on voit les chiffres et les revenus arriver régulièrement», estime Bob Lai.

Dans le cas de Bob Lai, d’ici 2025, il s’attend à recevoir environ 50 000 $ à 60 000 $ de dividendes chaque année, sur les 1,5 million de dollars qu’il a investis. Étant donné que lui, sa partenaire et ses deux enfants ont vécu avec 50 000 $ à 55 000 $ au cours des sept à huit dernières années, il calcule qu’ils pourraient vivre de ces dividendes.

Cela dit, Bob Lai aime son travail et n’a pas l’intention de démissionner. S’il devait un jour cesser de travailler à temps plein, il compléterait probablement son revenu par un travail à temps partiel.

«Je ne suis pas pressé d’envoyer une lettre de démission et de me détendre à la plage tous les jours. Ce n’est pas le plan.»

 

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