Le CELI de Vincent Thériault: les placements au travail

Publié le 18/03/2022 à 07:30

Le CELI de Vincent Thériault: les placements au travail

Publié le 18/03/2022 à 07:30

Par Jean Décary
Vincent Thériault

Vincent Thériault (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

 

Âge : 20 ans

Occupation : étudiant en comptabilité

Valeur du CELI : 34 500 $

Stratégie : titres individuels

Bon coup : avoir été sensibilisé tôt à l’épargne et à l’investissement

Mauvais coup : avoir été impatient avec certaines positions

Objectifs : à long terme, obtenir une plus grande indépendance financière

Son conseil à l’investisseur qui commence : bien se former pour éviter les erreurs

 

«J’ai été chanceux, car j’ai baigné là-dedans tôt dans ma vie», dit ce Louperivois d’origine lorsqu’il se remémore ce qui l’a mené sur le chemin de l’épargne et de l’investissement. Sa mère, planificatrice financière, lui a inculqué tôt le concept clé des intérêts composés. «Les discussions autour de l’investissement étaient quelque chose de courant à la maison.»

Ce n’est pas étonnant qu’il ait orienté par la suite ses études universitaires vers l’administration et la comptabilité. «J’aimerais aussi faire une maîtrise en fiscalité», dit celui qui a posé ses pénates à Québec pour étudier, mais qui aimerait bien revenir au bercail, à Rivière-du-Loup, une fois ses diplômes en poche.

Vincent Thériault avoue ne pas avoir toujours été économe. «Plus jeune, j’étais plutôt dépensier. Cela a vraiment changé quand j’ai commencé à travailler à temps partiel.» L’étudiant de l’Université Laval, qui partage un appartement à Québec avec son frère, reconnaît que le soutien financier de ses parents lui a donné les coudées franches pour réussir à épargner jusqu’à 50% de son salaire.

C’est pourquoi, malgré son jeune âge, il en est déjà à sa quatrième cotisation au CELI. «Au fond j’ai commencé à investir en même temps que commençait la pandémie.» Le synchronisme de son arrivée dans l’univers boursier était on ne peut plus optimal. Il profitera du repli des marchés pour construire un portefeuille d’une étonnante fixité depuis trois ans. «J’ai une approche assez passive en investissement, j’achète et je garde. Si bien que mes positions n’ont pas bougé beaucoup depuis mes débuts en Bourse.»

L’une de ses très rares ventes est celle du titre ferroviaire Canadien National (CNR, 161,14 $), membre — aux côtés du Canadien Pacifique — d’un duopole pourtant difficile à concurrencer au pays. «J’ai vendu ce titre aux bons fondamentaux trop hâtivement. J’ai voulu sécuriser des gains et je me suis laissé gagner par des facteurs émotifs», explique-t-il sagement. Les gains lui serviront en partie à acheter des titres qui garnissent toujours son CELI.

Il va profiter notamment de la morosité du secteur aéronautique, fortement plombée par les impacts de la pandémie sur le trafic aérien, pour prendre une participation dans CAE (CAE, 30,32 $), un leader mondial dans le domaine des technologies de simulation de vol. «J’ai acquis à un prix raisonnable des actions de cette entreprise avec un beau potentiel de croissance et qui a montré qu’elle pouvait bien intégrer ses acquisitions.»

Le jeune investisseur trouvait aussi essentiel de détenir l’une des grandes banques canadiennes, en l’occurrence celle de la Banque de Montréal (BMO, 144,35 $), des actions qu’il a achetées autour de 71 $. «Un rendement sur papier de plus de 100%.» Il aime le secteur des financières canadiennes en général. «Les banques ont un historique de croissance soutenue du dividende.» Près du cinquième de son portefeuille CELI est actuellement en encaisse. «C’est ma cotisation de cette année ; j’attends de voir comment les marchés vont évoluer avec ce qui se passe en Ukraine.»

Vincent Thériault voit ses positions boursières comme des placements à très long terme. «La seule raison qui justifierait la vente de certaines actions serait l’achat d’un immeuble à revenu. Autrement, tout le reste va croître pour longtemps.» C’est pour cela qu’il accorde une importance à la diversification et qu’il cible des entreprises profitables qui versent des dividendes. «Je me garde cependant une plus petite portion du portefeuille pour des titres de croissance.»

Quand il n’a pas le nez dans des livres de comptabilité, il lit sur les finances personnelles et l’investissement. Le Barbier riche de David Chilton figure au top de ses lectures avec L’Investisseur intelligent de Benjamin Graham. Chez les auteurs québécois, l’étudiant recommande Pile et Face de Michel Villa, un spécialiste de la finance comportementale, et tous les bouquins du chroniqueur Pierre-Yves McSween. Et en dehors de la lecture et des chiffres? «Je joue au hockey, je m’entraîne au gym et j’aime aller à la chasse (à l’orignal et aux petits gibiers) dans le Bas-Saint-Laurent.»

 

Dans l’œil d’un pro

«C’est un profil très intéressant, il a visiblement bien su mettre à profit les connaissances transmises par son entourage, notamment le rôle capital des intérêts composés», mentionne d’emblée Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard Allard et associés.

Il fait remarquer l’importance des 10 premières années de cotisation dans un horizon de placement de 50 ans. Il choisit l’exemple de deux investisseurs qui prendront leur retraite à 67 ans. Le premier commence à cotiser à 17 ans (l’année de ses 18 ans) et arrête d’investir à 27 ans. Tandis que l’autre commence à investir à 27 ans (les mêmes cotisations) et ce jusqu’à 67 ans. «Si on suppose un rendement moyen de 7%, le montant accumulé par la personne qui a investi durant les 10 premières années surpasse celui de celle qui a investi pendant 40 ans. D’où l’importance de commencer le plus tôt possible.» Alexandre Legault ajoute qu’à son âge, en raison des bas salaires gagnés, le CELI reste le meilleur véhicule de placements.

«Dans l’ensemble, ce qu’il a sélectionné comme titre m’apparaît logique et conséquent». Il croit que l’œil comptable du jeune investisseur l’a bien guidé à choisir des compagnies diversifiées, aux bilans solides, qui soient profitables et qui redistribuent de la richesse aux actionnaires. Le gestionnaire de portefeuille pense cependant qu’«acheter et conserver» (Buy and Hold) ne doit pas être pris trop au pied de la lettre.

«Il faut aussi se garder la latitude pour se poser les bonnes questions… sur le modèle d’affaires et les perspectives futures.» Il note par exemple que des entreprises cycliques comme Nutrien et Suncor ont toutes deux profité d’une hausse du prix des fertilisants et du pétrole depuis l’amorce de la guerre en Ukraine et de la réouverture des marchés. «Prenons une entreprise comme Suncor (à 12% du portefeuille) qui produit des énergies fossiles alors que la planète entière s’oriente vers des énergies renouvelables (l’électrification), tu dois te demander si tu peux envisager de garder ce titre ad vitam æternam…»

Alexandre Legault observe par ailleurs des titres qui dérogent de la stratégie d’investissement du comptable en devenir. Ceux de Sprott Physical Silver et de Mind Medicine ne génèrent pas de revenus ni de profits. «C’est davantage des placements spéculatifs. Il parie, par exemple, sur la valeur future du prix de l’argent. Ces positions sont en rupture avec le reste du portefeuille.» Dans le contexte où les taux d’intérêt sont appelés à augmenter, il mentionne qu’il pourrait aussi y avoir un coût d’opportunité à investir dans l’or ou l’argent.

Enfin, le gestionnaire de portefeuille s’interroge sur les raisons pour lesquelles Vincent Thériault attend avant d’investir sa dernière cotisation disponible dans son encaisse. «Historiquement, les périodes de tumultes ont créé de la volatilité dans les marchés et des opportunités d’achat.» Selon lui, le bon réflexe de tout investisseur est de saisir les occasions quand des entreprises de qualité se négocient au rabais en période de repli boursier. À ce sujet, et comme le jeune investisseur aime la lecture, il lui recommande fortement le livre Stocks for the long run de Jeremy Siegel.

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le CELI de Vincent Thériault (valeur approximative de 34 500$)

Titres en portefeuille Symboles %
CAE CAE.TO 18%
Nutrien NTR.TO 15%
BMO Banque de Montréal BMO.TO 12%
Suncor Energy SU.TO 12%
Alimentation Couche-Tard ATD.TO 10%
TC Energy Corporation TRP.TO 7%
Sprott Physical Silver PSLV.TO 5%
Mind Medicine MNMD 2%
Espèces *** 19%
Total *** 100%

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