Le CELI de Benoit Deschênes: bon début pandémique

Publié le 25/03/2022 à 10:50

Le CELI de Benoit Deschênes: bon début pandémique

Publié le 25/03/2022 à 10:50

Par Jean Décary
Benoit Deschênes

Benoit Deschênes a profité d’un arrêt forcé au travail pour faire ses premiers pas en Bourse. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Âge : 32 ans

Occupation : briqueteur-maçon

Valeur du CELI : 31 000 $

Stratégie : titres individuels + FNB

Bon coup : avoir commencé à investir dans son CELI

Mauvais coup : ne pas avoir commencé à investir dans son CELI plus tôt

Objectifs : atteindre une plus grande liberté financière

Son conseil à l’investisseur qui commence : s’éduquer et ne jamais arrêter d’apprendre

 

Comme bien d’autres Québécois en mars 2020, ce maçon de l’Assomption a profité d’un arrêt forcé au travail pour faire ses premiers pas en Bourse. « La pandémie a été l’élément déclencheur: j’avais du temps devant moi et je voulais le maximiser en apprenant les rudiments de l’investissement. » Épaulé par son beau-père, guidé par sa mère qui l’avait déjà initiée au REER, le travailleur de la construction va naviguer dans les méandres des valeurs mobilières en glanant ça et là de l’information sur Internet (Yahoo Finance, Seeking Alpha, MarketWatch et Les Affaires). « Je partais de loin, mais au fur et à mesure de mes recherches j’en apprenais toujours plus et l’intérêt grandissait », dit celui qui, encore aujourd’hui, « passe beaucoup trop de temps là-dessus », aux dires de sa conjointe.

Avant de s’ouvrir un CELI autogéré, Benoit Deschênes ne se considérait pas comme quelqu’un d’économe. « Je n’avais pas de dette, j’ai toujours payé mes affaires, mais disons que je n’avais pas le réflexe que j’ai aujourd’hui d’épargner et d’investir. » C’est tout le contraire depuis deux ans. Une fois toutes les dépenses courantes payées, il canalise ses surplus vers son CELI. « C’est systématique. »

Une fois son CELI ouvert en 2020, il y investit sa première cotisation d’un millier de dollars dans des actions de petites entreprises du secteur des biotechnologies, MedMira (MIR.V, 0,13$) et Sona Nanotech (SONA.CN, 0,29$). « Elles fabriquent des tests de dépistage de la COVID-19. Je trouvais que le moment était opportun. » Les deux titres vont monter en flèche (avant de redescendre tout aussi rapidement). « J’ai été chanceux, car j’ai vendu à temps et j’ai pu tripler mon investissement total de 5 000$. »

En rétrospective, il note que les succès qu’il a connus à ses débuts l’ont peut-être un peu trop grisé. « J’ai fait de bons coups, mais je réalise que c’était de la chance. » La remontée des marchés fléchit quelque peu au début de 2021 et son portefeuille en est impacté. « Mon CELI a fondu de 25%. » C’est à ce moment qu’il va opérer un changement dans ses positions et se bâtir un portefeuille de style cœur-satellite.

Le cœur est composé d’entreprises plus établies avec un historique de profitabilité et de croissance du dividende. Le titre de la Banque Nationale (NA, 100,92$), la plus petite des grandes banques canadiennes – mais celle qui a de loin la mieux performée au cours des cinq dernières années (80% de rendement) – est un choix suggéré par sa mère, une employée. « Je voulais une banque canadienne et celle-ci m’apparaissait être un bon choix. » Intéressé par ses bas niveaux de valorisation et son dividende attrayant, il a aussi pris des participations dans l’entreprise montréalaise de services financiers et d’assurance, Power Corporation (POW, 38,21$). « Ils ont procédé à une simplification de leur structure administrative afin de créer plus de valeur pour les actionnaires. »

Et comme il jugeait son CELI trop axé sur le marché canadien, il a récemment décidé d’investir dans un FNB de Vanguard qui calque l’indice américain du S&P 500. « J’entends grossir cette position avec le temps. Avec Brookfield Renewable Partners et Telus, une compagnie de télécommunication, ces cinq participations représentent près de 60% du portefeuille. Pour la partie satellite, il possède des titres un peu plus volatils, comme Nuvei (NVEI, 91,40$) et Well Health (WELL, 4,73$), dont il espère une croissance marquée.

Le boursicoteur novice, qui cotise aussi à une caisse de retraite, investit pour le long terme et n’entend pas toucher à son CELI avant plusieurs années. Il aimerait que le rendement et le revenu générés lui permettent de ralentir ses activités professionnelles avant la cinquantaine. « À ce moment-là j’opterais pour un travail moins dur sur le corps et avec un horaire plus léger. »

 

Dans l’œil d’un pro

Philippe Veilleux, gestionnaire de portefeuille chez Medici, fait remarquer l’effet contagieux que peut avoir l’investissement sur les gens. « C’est comme un cercle vertueux, tu investis un peu, puis tu souhaites le faire davantage et pour cela tu dois gagner des sous et épargner. C’est comme la découverte d’un passe-temps qui peut être à la fois rentable et gratifiant. » Il croit que le nouvel investisseur a eu la piqûre et que cela l’aide déjà à la mise en place mécanisme d’enrichissement (travailler, épargner et investir). « Je salue donc son intérêt pour l’investissement qui est la bougie d’allumage de tout le processus. »

Le gestionnaire de portefeuille aime le nombre de positions détenues. « C’est suffisant pour avoir une bonne diversification, sans être trop dispersé pour l’empêcher de battre les marchés. » Il croit aussi qu’il pourra faire des suivis adéquats sans avoir à se prendre la tête avec trop de titres d’entreprises. Philippe Veilleux voit d’un bon œil le fait qu’il ait choisi qu’une seule banque canadienne (et non pas plusieurs d’entre elles), une seule compagnie de télécommunication (Telus) et une seule compagnie d’assurance (Power Corporation). « Il a été sélectif. Il n’a pas dilué ses positions dans le même secteur et a choisi, à ses yeux, ce qu’il percevait comme étant les meilleurs chevaux pour son portefeuille. » Il est essentiel, selon lui, d’investir avec conviction dans des entreprises que tu connais et que tu comprends. « Warren Buffett appelle cela le cercle de compétence. »

Du point de vue de la construction du portefeuille, Philippe Veilleux se dit perplexe au sujet de la portion satellite du CELI, c’est-à-dire le 30% environ investi dans des titres plus risqués. « Pour faire de bons rendements, il faut choisir les meilleures entreprises et réduire les risques autant que possible. Ce sont tes meilleures idées que tu mets dans ton portefeuille. » Selon lui la stratégie du « coup de circuit » n’est pas bonne pour l’ensemble du portefeuille ni pour une portion. « Tes 14e ou 16e positions, ça reste tes meilleures idées et leur pondération est reflétée en conséquence. Mais ça reste des choix basés sur tes critères de profitabilité. »

À cet égard, il est d’avis que le rendement sur le capital investi (ROIC) est la mesure importante pour évaluer la performance financière d’une entreprise. « Ça peut être bien un dividende dans la mesure où l’entreprise ne croit pas pouvoir mieux faire fructifier le capital à sa disposition. » Pour lui, le dividende n’est qu’une façon parmi tant d’autres d’utiliser l’argent à leur disposition. « La question à se poser est de savoir si c’est la meilleure option pour cette entreprise ? »

Enfin, il s’interroge sur le fait que l’investisseur se soit tourné vers un FNB pour se donner de l’exposition au marché américain. « Pourquoi ne serais-tu pas capable de battre les marchés au Canada et aux États-Unis? » Selon lui s’il est capable d’analyser des titres canadiens il peut le faire pour des titres américains. « Si tu as fait le choix de Couche-Tard, tu es aussi capable d’analyser son pendant américain. »

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le CELI de Benoît Deschênes (valeur approximative de 31 000$

Titres Symboles % du portefeuille
Banque Nationale NA.TO 19,5%
Brookfield Renewable Partners BEP-UN.TO 17,7%
Power Corporation POW.TO 12,4%
Telus T.TO 10,4%
True North Commercial REIT TNT-UN 9,6%
Alimentation Couche-Tard ATD.TO 5,1%
Nuvei NVEI.TO 4,4%
Dream Industrial DIR-UN 3,8%
Well Health WELL.TO 3,6%
Vanguard S&P 500 Index VOO 3,3%
Lion Électrique LEV.TO 3,2%
Valeo Pharma VPH.TO 3,1%
Dynacor Gold Mines DNG 2,2%
Datametrex AI DM.V 0,5%
Total *** 100%

 

 


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