La gestion du capital comme outil de rendement

Publié le 05/02/2011 à 00:00, mis à jour le 21/02/2011 à 16:26

La gestion du capital comme outil de rendement

Publié le 05/02/2011 à 00:00, mis à jour le 21/02/2011 à 16:26

Par Dominique Beauchamp

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à faire usage et à mettre de l'avant de meilleurs dividendes et des rachats d'actions pour enrichir leurs actionnaires, même lorsque les résultats ne sont pas tout à fait à la hauteur.

Ainsi, Canadien National (CN) vient d'accroître son dividende de 20 %, malgré la baisse de 14 % de ses bénéfices, au quatrième trimestre. Le CN augmente aussi de 10 % la taille de son rachat annuel d'actions. Le transporteur ferroviaire a retourné 1,4 milliard de dollars à ses actionnaires en 2010, au moyen de dividendes et du rachat de 15 millions de ses actions, soit 72 % de son bénéfice.

L'épicier Metro vient aussi d'augmenter son dividende de 13 %, en dépit d'un recul de 0,5 % de ses revenus et de 2 % de son bénéfice d'exploitation, au premier trimestre.

Astral Media compte activer ses rachats d'actions en 2011. À la mi-janvier, le câblodistributeur Shaw Communications a également haussé son dividende de 5 %, bien que ses revenus moyens par abonné aient baissé pour la première fois, au premier trimestre.

Le fournisseur de services informatiques Groupe CGI joue aussi cette carte. D'ici la fin de 2011, l'entreprise aura dépensé plus de 2,4 milliards de dollars pour éliminer presque la moitié de ses actions entre 2005 et 2010. Cette période coïncide avec le rebond de 31 % de la valeur de son titre, et à un sommet de celui-ci depuis 2000.

Bons répartiteurs de capital

Les gestionnaires de portefeuille n'y voient pas une manoeuvre d'embellissement, mais une saine gestion du capital par des entreprises solides dont la croissance mûrit. " Au lieu de dilapider l'argent dans des projets de croissance au rendement incertain, les entreprises visent juste en redistribuant leurs bénéfices aux actionnaires ", dit Christian Godin, gestionnaire chez Montrusco Bolton.

" Des dividendes et des rachats ne diminuent pas nécessairement la qualité du rendement que fournit une entreprise à ses actionnaires. Pour l'actionnaire, il est plus important que le rendement par action augmente, que les revenus totaux s'accroissent ", explique Alain Chung, gestionnaire chez Claret.

" Tant que l'entreprise réalise un bon rendement sur son capital, le fait que le rendement financier provienne en partie de rachats ou de dividendes ne me rebute pas. C'est un bon moyen de récompenser ses actionnaires en attendant que la valeur de l'action reflète mieux la valeur accumulée de ses bénéfices ", dit François Rochon, président de Giverny Capital.

Une entreprise qui rachète ses actions, lorsqu'elles s'échangent sous leur valeur juste, enrichit les actionnaires, car chaque action restante vaut plus cher, explique M. Rochon.

Les bons répartiteurs de capital tels que Canadien National ou Metro soulèvent peu de soucis, mais encore faut-il que la croissance fondamentale (et surtout sans acquisition) soit au rendez-vous pour que ces entreprises aient des bénéfices croissants à redistribuer dans l'avenir, reconnaît M. Chung.

Se méfier des moins bonnes décisions

Les investisseurs devraient davantage douter des entreprises qui font usage de pratiques comptables créatives pour afficher des bénéfices en forte croissance, sans les partager avec leurs actionnaires, car les flux de trésorerie n'augmentent pas autant.

M. Rochon se méfie des entreprises qui se plaignent régulièrement de la valeur sous-évaluée de leur action en Bourse, mais qui n'en rachètent pas sur le marché.

Le gestionnaire aime encore moins celles qui réalisent une importante acquisition à fort prix, en émettant de nouvelles actions, dans le simple but de gonfler leurs revenus.

M. Chung, de Claret, ne voit pas d'un bon oeil non plus une entreprise qui s'endette trop pour racheter ses actions, à un moment où leur évaluation est chère.

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