L'avantage d'investir à la maison est sous-estimé


Édition du 20 Juillet 2019

L'avantage d'investir à la maison est sous-estimé


Édition du 20 Juillet 2019

Par Dominique Beauchamp

ANALYSE. L'industrie financière vante sans cesse les mérites de la diversification internationale pour l'investisseur canadien. Après tout, la Bourse canadienne représente moins de 3 % de la valeur des Bourses mondiales.

Il est vrai que l'indice torontois S&P/TSX est fortement concentré dans les financières et les ressources naturelles, qui constituent 32 % et 28 % de sa valeur, respectivement. De plus, la consommation de base, la technologie et la santé, trois industries phares, sont très peu représentées à la Bourse de Toronto. L'investisseur devrait donc se tourner vers l'étranger pour combler les lacunes du marché canadien.

Malgré tout, investir à la maison offre un certain avantage « psychologique » à l'investisseur, défend Murray Leith, vice-président exécutif et directeur de la recherche chez Odlum Brown. « La préférence nationale ou la tendance d'investir chez soi n'est pas unique au Canada, écrit-il dans un récent bulletin. Les investisseurs du monde entier aiment le confort que leur procure le fait d'investir près de chez eux, dans des entreprises qui leur sont familières. »

La diversification à l'étranger s'est avérée rentable pour les investisseurs canadiens, reconnaît M. Leith. La Bourse canadienne a procuré un rendement total (incluant les dividendes) de 124 % depuis 10 ans, alors que l'indice mondial MSCI a donné 240 %, en dollars canadiens. Le S&P 500 a encore mieux performé, avec un rendement total de plus de 350 %.

Par contre, le financier croit que l'investissement local comporte un avantage qu'il ne faut pas sous-estimer à long terme. « Notre expérience nous a démontré que la connaissance des placements évite à l'investisseur des erreurs émotives coûteuses lorsque les marchés traversent une tempête », renchérit-il.

Autrement dit, un investisseur serait moins tenté de vendre une société en portefeuille qu'il connaît bien lorsque l'économie ou les marchés trébuchent.

C'est encore plus vrai si l'investisseur a suivi l'évolution de l'entreprise pendant plusieurs cycles économiques. Lorsque les placements sont éloignés géographiquement, l'investisseur peut avoir l'impression que des forces lointaines prennent le contrôle de sa situation financière, ce qui l'incite à vendre lorsque « l'inconfort » ressenti sème le doute ou la panique, poursuit M. Leith.

Avoir la patience d'investir à long terme dans des placements familiers procure un avantage important quand ça compte et offre un contrepoids, en partie, à la théorie de la diversification internationale.

Le Canada abrite également de plus en plus de multinationales hors du secteur des ressources. On n'a qu'à penser à Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 84,43 $), au Groupe CGI (GIB.A, 102,41 $), au Groupe WSP Global (WSP, 73,04 $), à CAE (CAE, 36 $), à Vêtements de sports Gildan (GIL, 51,03 $), à CCL Industries (CCL.B, 64,86 $), à Intertape Polymer (ITP, 18,81 $), à Magna International (MG, 63,25 $) ou encore à Constellation Software (CSU, 1 245,45 $).

Le grand voisin encore plus mondial

Heureusement, les Canadiens peuvent compter sur le vaste marché américain pour garnir leur portefeuille de multinationales ayant une présence dans le monde.

Les entreprises du S&P 500 réalisent aussi 43 % de leurs revenus à l'étranger.

La Bourse américaine représente 55 % de la valeur boursière mondiale. Et l'indice new-yorkais couvre les angles morts du S&P/TSX.

Si on regroupe les nouveaux secteurs de la technologie et des communications, la technologie pèse 32 % dans le S&P 500, plus 3,2 % avec Amazon (AMZN, 2001,07 $ US) qui est classé dans le secteur de la consommation discrétionnaire. C'est sept fois plus qu'à Toronto. Le secteur de la santé, pour sa part, compte pour 13,5 % du S&P 500 et à peine 2 % dans le S&P/TSX. Le poids de 7 % de la consommation de base dans l'indice américain semble bien peu, mais cette pondération est de seulement 3,9 % dans l'indice torontois.

Un bémol

Ryan Modesto, président de 5i Research, doute que la préférence nationale aurait empêché un investisseur de vendre une banque canadienne pendant la crise de 2008.

« Bien connaître ce que l'on détient peut éviter du stress, mais il ne faut pas négliger le risque de concentration pour autant », écrit-il, dans une récente chronique dans le Globe & Mail.

Investir localement comporte aussi des avantages pour certains types d'investisseurs, admet-il.

Les retraités, par exemple, peuvent bénéficier du crédit d'impôt sur les dividendes canadiens dans certaines circonstances. Pour les investisseurs qui vivent déjà de leurs placements, le taux de change est aussi un facteur d'incertitude, notamment lorsque vient le moment de convertir ses revenus étrangers en dollars canadiens. M. Modesto rappelle toutefois que de nombreux fonds négociés en Bourse (FNB), qui calquent des indices étrangers, neutralisent l'effet des changes.

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