Des placements réconfortants

Publié le 01/12/2009 à 00:00

Des placements réconfortants

Publié le 01/12/2009 à 00:00

Ah ! la belle époque où l'on pouvait acheter des obligations à 9 % et des blue chips qui nous payaient des dividendes réguliers... Peut-on encore trouver des produits qui assurent rendement et tranquillité d'esprit ?

Aujourd'hui, rares sont les placements qui offrent un bon équilibre entre la performance et la sécurité, que l'on peut détenir à long terme sans tracas, qui évoquent de bons souvenirs ou auxquels on s'attache à la longue. Que sont devenus ces placements sécurisants et apaisants qui font penser aux aliments-réconfort ? Ces placements capables d'avoir un effet positif sur notre métabolisme, un peu comme la bonne soupe de grand-maman ? Six experts nous présentent leur placement réconfortant.

TransCanada Corporation

C'est un blue chip solide ! TransCanada Corporation (TRP, Toronto) évolue dans un secteur très défensif : le transport, le stockage et la production d'énergie. Plus de la moitié de ses revenus proviennent des gazoducs. Le reste est tiré de centrales électriques (10 900 MW) et du stockage et du transport de gaz liquide.

" Constant et prévisible, ce titre a toujours bien joué son rôle de stabilisateur ", dit Martin Roy, conseiller principal en gestion du patrimoine chez ScotiaMcLeod, qui détient des actions de TransCanada Corporation depuis 14 ans.

Moins volatil que le marché en général, le titre a fluctué durant la crise, passant de 38,50 dollars en juillet 2007 à un creux de 29,78 dollars en avril 2008. Il s'agit d'un repli de 22,6 %, par rapport à celui de - 43 % pour l'indice S&P/TSX.

L'action verse en ce moment un dividende annuel de 1,52 dollar (début octobre), pour un rendement de 4,57 %. " Le dividende a augmenté de 4 à 5 % chaque année depuis cinq ans, souligne Martin Roy. Cette tendance devrait se poursuivre au cours des prochaines années. "

Fonds canadien de dividendes RBC

" Avec ce fonds, on peut dormir sur ses deux oreilles ", dit Jean Dupriez, planificateur financier chez Valimax. " C'est un fonds d'actions qui a une gestion semi-paresseuse ", ajoute-t-il. Il contient de 40 à 50 blue chips, presque toujours les mêmes.

Les placements sont sélectionnés selon le style valeur, qui préconise d'acheter des titres de grande qualité au plus bas du marché et de les conserver longtemps. Ce style résiste mieux aux chutes boursières. En 2008, l'indice S&P/TSX a reculé de 33 %, par rapport à 27 % pour le Fonds canadien de dividendes RBC.

Son rendement annuel moyen sur dix ans surclasse de 2,62 % celui de l'indice de référence. L'indice S&P/TSX a procuré 6,73 %, par rapport à 9,35 % pour le Fonds canadien de dividendes RBC.

" Son ratio de frais de gestion (RFG) est raisonnable, ajoute Jean Dupriez. Il est de 1,7 %, alors que beaucoup de fonds d'actions demandent plus de 2 % par an. "

Débentures convertibles de Rogers Sugar

" C'est presque du bonbon... Ce placement est idéal pour quiconque souhaite obtenir un meilleur rendement sur ses liquidités ", dit Éric Bodnar, conseiller en placement chez MacDougall, MacDougall & MacTier.

La débenture convertible du raffineur de sucre Rogers Sugar arrive à échéance dans un peu plus de deux ans, soit le 29 juin 2012. Elle se négocie autour du pair, c'est-à-dire qu'elle se vend aux environs de 100 dollars, comme lors de son émission. Et son coupon d'intérêt est de 6 %. À titre de comparaison, les obligations du Canada de même échéance rapportent un peu moins de 2 %.

" C'est un très bon rendement d'intérêt dans le contexte actuel, remarque Éric Bodnar. Et il n'y a pas de risque important d'inflation qui pourrait contre-indiquer ce placement. "

Cette débenture peut se convertir en unités de Fonds Rogers Sugar. Les rapports comptables de la fiducie ont même été adaptés (provisions fiscales) pour tenir compte du changement de la fiscalité, prévu en 2011, qui rendra la fiscalité des fiducies de revenu comparable à celle des sociétés cotées - sauf quelques exceptions. Le passage devrait donc se faire sans qu'il y ait d'impact sur le cours des unités ou sur les résultats financiers.

" Cette fiducie est dans les portefeuilles de mes clients depuis environ sept ans, conclut Éric Bodnar. Elle a toujours performé comme elle le devait et a procuré un taux de distribution d'environ 10 % par an. "

ACTIONS PRIVILÉGIÉES À TAUX RAJUSTÉS ÉMISES PAR LES BANQUES

Ces actions privilégiées sont en vogue. " Plusieurs banques canadiennes en ont émis récemment ", remarque Yves Colpron, directeur de succursale chez HSBC Valeurs mobilières.

Le rendement en dividendes proposé à l'émission fluctue entre 6,25 et 6,75 %. Cependant, après cinq ans, le détenteur a la possibilité - si c'est plus avantageux - de convertir ses actions privilégiées en titres à taux flottant. Le calcul du taux flottant se fonde sur un taux gouvernemental, plus une prime. Par exemple, les actions privilégiées à taux rajustés de la Banque Nationale du Canada proposent d'ajouter une prime de 4,63 % au rendement sur cinq ans des obligations du gouvernement du Canada. Ainsi, si, dans cinq ans, le taux de ces obligations est de 5 % (2,83 % actuellement), le détenteur obtiendra un rendement annuel de 9,63 %.

" Dans une conjoncture où les taux sont anormalement faibles, cette offre est très intéressante, dit Yves Colpron. Il faut toutefois se souvenir que les émetteurs se réservent le droit de racheter les actions privilégiées au prix d'émission dans cinq ans. " L'investisseur initial va donc soit récupérer sa mise dans cinq ans, soit obtenir un taux rajusté.

Moins risquées que les actions ordinaires mais plus risquées que les obligations, les actions privilégiées à taux rajustés donnent une meilleure garantie aux actionnaires. " Mais comme le titre est moins volatil, il ne faut pas s'attendre à des gains en capital importants, dit Yves Colpron. C'est une façon d'aller chercher un rendement en dividendes intéressant. "

Fonds de revenu mensuel Standard Life

Doté d'un horizon de placement très long, le Fonds de revenu mensuel Standard Life est une autre solution intéressante.

Il s'agit d'un fonds équilibré - fonds défensif - qui investit uniquement dans les blue chips, les actions privilégiées, les obligations gouvernementales, les obligations d'entreprise et les obligations à haut rendement. Mais il a cette particularité de distribuer continuellement de l'argent, soit des revenus de placement, soit du gain en capital ou encore le capital investi. Les distributions sont effectuées de manière à procurer un avantage fiscal par rapport aux revenus d'intérêt.

Depuis sa création en 2002, le Fonds de revenu mensuel Standard Life a procuré un rendement annuel moyen de 5,76 %, ce qui est mieux que les taux actuels des CPG. " Il a connu une mauvaise année en 2008 avec une performance de - 15,95 %, mais la perte a été presque entièrement récupérée à ce jour ", note Claude Montreuil, planificateur financier chez Groupe financier Caron.

Le fonds distribue mensuellement 8 cents par part. Comme chaque part coûte 14,09 dollars, cela représente un taux de distribution annuel de 6,81 %.

Comme le taux de distribution est similaire au rendement à long terme, soit 5,76 %, le détenteur de parts est assuré de tirer des revenus de ce placement pendant au moins 40 ans. Le taux de distribution peut être ajusté à la hausse ou à la baisse, selon les perspectives de rendement. Disponible dans différentes séries, son ratio de frais de gestion fluctue de 2,44 à 1,39 %.

CPG à rendement accru BMO

" Il s'agit d'un produit hybride qui combine le rendement de la Bourse à la sécurité du CPG ", dit Daniel Gladu, planificateur financier à la succursale Outremont de la Banque de Montréal.

Le CPG à rendement accru a un terme de deux ans et interdit tout retrait avant l'échéance. Par rapport à d'autres placements à capital protégé, l'épargne n'est donc pas bloquée trop longtemps.

De plus, on a souvent reproché au CPG boursier de calculer la performance de façon nébuleuse, voire discutable. Or, avec le CPG à rendement accru, le rendement est bel et bien lié à la performance annuelle d'un portefeuille d'actions. " Chaque mois, une nouvelle série est lancée, explique Daniel Gladu. L'argent recueilli est placé dans les actions de dix blue chips canadiens, tels Rogers Communications, la Banque Royale et Power Corporation. "

Cependant, la performance de ce portefeuille ne sera pas parfaitement reflétée par le CPG boursier, dont le rendement a un plancher et un plafond. Au pire, l'épargnant aura un rendement de 1 % sur deux ans. Mais au mieux, un rendement additionnel de 4 %, lié à la performance du portefeuille d'actions, pourrait s'ajouter chaque année, pour un rendement total de 9 %. On parle donc d'un rendement annuel qui va de 0,50 à 4,50 %, par rapport à 1,05 % pour les dépôts à terme BMO.

" C'est un bon compromis, dit Daniel Gladu. Les investisseurs espèrent un rendement d'intérêt un peu plus élevé tout en conservant la tranquillité d'esprit. Ils ne se réveilleront pas la nuit en se demandant si la Bourse a bien performé. "

DÉBENTURES CONVERTIBLES

Il s'agit d'obligations émises par une entreprise qui permettent à leur propriétaire de les échanger contre des actions ordinaires, conformément aux conditions stipulées pour la conversion. La conversion se produit habituellement selon la volonté du détenteur des titres. Si le coût de conversion dépasse le cours du titre, ce n'est pas avantageux de convertir la débenture. C'est le cas de celle de Rogers Sugar.

COMMENT ÊTES-VOUS IMPOSÉ SUR DES DIVIDENDES ?

À l'extérieur du REER, comme les revenus de placement sont imposables, les dividendes procurent un avantage fiscal. Pour estimer le taux d'intérêt qui équivaut à un rendement en dividendes donné une fois l'impôt enlevé, il faut multiplier le rendement en dividendes par 1,3. Ainsi, un rendement en dividendes de 5 % équivaut à un taux d'intérêt de 6,5 %.

ACTIONNAIRES... PRIVILÉGIÉS

Les actions privilégiées constituent une catégorie du capital-actions qui donne aux porteurs le droit de toucher des dividendes fixes avant les actionnaires ordinaires et un montant donné par action en cas de liquidation de la société. En général, l'actionnaire privilégié occupe une situation intermédiaire entre celle du détenteur des obligations de la société et celle de l'actionnaire ordinaire. Si les bénéfices d'une société diminuent au point de compromettre le paiement des intérêts et des dividendes, l'actionnaire privilégié est mieux protégé que l'actionnaire ordinaire, mais moins bien que les détenteurs de titres de créance. En revanche, les actions privilégiées ne comportent pour ainsi dire pas de droit de vote.

Moins risquées que les actions ordinaires mais plus risquées que les obligations, les actions privilégiées à taux rajustés donnent une meilleure garantie aux actionnaires.

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