Des arguments nouveaux en faveur des fonds indiciels


Édition du 17 Juin 2020

Des arguments nouveaux en faveur des fonds indiciels


Édition du 17 Juin 2020

Par Raymond Kerzérho

(Photo: 123RF)

INVESTISSEUR ACADÉMIE. Comment se débrouille votre portefeuille en cette année 2020 si volatile ? Pour beaucoup d'investisseurs, la réponse dépend des titres qu'ils détiennent. C'est aussi ce que conclut une étude du professeur Hendrik Bessembinder (Université de l'Arizona) publiée dans le prestigieux Journal of Financial Economics. Cette étude analyse les rendements des 25 000 titres qui ont été cotés sur les Bourses américaines entre 1926 et 2016. Les résultats sont étonnants !

Il est normal que le rendement des actions surpasse celui des bons du Trésor (BT) ; c'est ce qu'on appelle la prime de risque des actions. Depuis 1926, la Bourse américaine est l'une des plus performantes du monde : son rendement dépasse celui des BT par une marge de 0,65 % par mois (8,55 % annuellement) avec une bonne régularité.

Une contradiction ?

On s'attendrait donc à ce que la majorité des actions surpassent les BT. Il n'en est pourtant rien, selon cette étude. Chaque mois, seulement 48 % des actions surpassent les BT et 46 % surpassent le rendement global de la Bourse. À long terme (plusieurs décennies), seulement 43 % des actions ont surpassé les BT et 31 % battent le marché. Comment expliquer une telle contradiction ?

Selon l'étude, la prime de risque des actions est généralement propulsée par une minorité de titres qui obtiennent des rendements exceptionnels, tandis que la majorité des titres sous-performent. On dit alors que les rendements boursiers sont «asymétriques». Ce phénomène est encore plus prononcé à long terme, parce que la volatilité efface une partie de la création de richesse avec le temps, ce qui réduit le nombre de titres performants. Prenons un exemple. Vous achetez un titre à 100 $ pour votre portefeuille. La première année, vous obtenez un rendement de 25 %, vous terminez donc avec 125 $. L'année suivante, votre titre produit un rendement de moins de 25 %, votre capital, à la fin, est de 93,75 $. Au bout des deux ans, votre rendement moyen est de 0 %, mais vous êtes encore dans le rouge !

Pas une anomalie spécifique

À cause du grand nombre de titres peu performants, l'asymétrie des rendements boursiers fait que sur 10 ans, un portefeuille ne détenant qu'un seul titre choisi au hasard a une probabilité de seulement 30 % de battre le marché. Si on augmente le nombre de titres en portefeuille, cette probabilité augmente assez rapidement. Toutefois, même un portefeuille de 100 titres a seulement 47,5 % de chances de surpasser le marché, avant déduction des frais de gestion. Ce résultat n'est pas une anomalie spécifique aux actions américaines ; une étude subséquente du même auteur (en collaboration avec trois autres chercheurs) parvient à la même conclusion pour le marché mondial.

Même avant les frais de gestion, une sélection de titres concentrée a peu de chances de surpasser le marché. Les actions surpassent en moyenne les bons du Trésor la majorité du temps. Toutefois, ce résultat repose de façon disproportionnée sur la performance extraordinaire d'un petit nombre de titres.

Si vous ou votre gestionnaire de portefeuille possédez des informations exceptionnelles - c'est-à-dire inaccessibles aux autres investisseurs institutionnels (Goldman Sachs, Caisse de dépôt, etc.) -, bravo ! Vous pouvez déterminer régulièrement les titres qui vont transporter les rendements boursiers. Sinon, un portefeuille indiciel d'obligations et d'actions mondiales à faibles frais de gestion vous offre le meilleur rendement ajusté par rapport au risque.

Parlez-en à votre conseiller financier.

 

EXPERT INVITÉ
Raymond Kerzérho CFA, MBA, est le directeur de la recherche de PWL Capital. Il enseigne également la finance à l'Université McGill.

 

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