Concevoir un portefeuille de FNB, un art

Offert par Les affaires plus


Édition de Novembre 2018

Concevoir un portefeuille de FNB, un art

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Édition de Novembre 2018

Par Pierre Théroux

Comment démarrer de la base et apporter graduellement de la complexité à son portefeuille ?

Un fonds négocié en Bourse (FNB) international à rendement en dividendes élevé, un autre qui investit dans les biens de consommation discrétionnaires mondiaux ou le secteur de la santé... L'univers des FNB contient aussi des fonds encore plus nichés qui misent sur les sociétés aurifères canadiennes, la robotique et l'automatisation, les producteurs de marijuana...

Pour les investisseurs amateurs de ces produits d'investissement, il est aujourd'hui difficile de s'y retrouver. «Le choix est très vaste et on voit apparaître des dizaines de nouveaux FNB chaque année. Il y en a pour tous les goûts», constate Dan Hallett, vice-président et responsable, Gestion d'actifs, de la firme HighView Financial Group.

Justement... «C'est une lacune de cette industrie. Il y a tellement de fonds que ça devient compliqué de faire les bons choix», se désole Ian Gascon, président de la firme de gestion de portefeuille Placements Idema, précurseur de l'investissement automatisé.

Il y a dix ans, les actifs sous gestion des FNB atteignaient à peine 30 milliards de dollars et étaient concentrés dans les mains d'une poignée de fournisseurs (iShares, Horizons et BMO). Aujourd'hui, plus de 160 milliards de dollars d'actifs sont répartis dans 600 FNB mis à la disposition de l'investisseur canadien par 28 fournisseurs, dont Desjardins, Manuvie et Franklin Templeton, qui ont lancé leur propre gamme de paniers de titres ces dernières années.

Cette progression des FNB vient en grande partie de leurs faibles frais de gestion, qui ont fait leur marque de commerce. Et les coûts continuent de baisser, les manufacturiers de FNB étant engagés dans une guerre de prix sans merci. «Ce n'est qu'une question de temps avant qu'un fonds négocié en Bourse avec des frais de gestion de 0 % ne fasse son apparition. On y est déjà presque», croit Ian Gascon.

Outre le fait qu'ils sont bon marché, les FNB ont aussi l'avantage d'offrir à l'investisseur une diversification quasi instantanée. «Ils donnent accès à un panier de titres diversifiés pouvant comprendre des actions, des obligations ou des marchandises», rappelle Alain Desbiens, directeur des ventes FNB chez BMO, l'un des principaux fournisseurs de FNB au pays.

Le FNB BMO biens de consommation discrétionnaires mondiaux (DISC), par exemple, compte 339 titres aussi variés que Amazon, Home Depot, Toyota, Walmart, Walt Disney ou encore Nike. Certains FNB détiennent jusqu'à des milliers de titres, comme le fonds Vanguard Total Stock Market ETF (VTI), qui regroupe quelque 4 000 titres américains et pratiquement 100 % des sociétés négociées sur les marchés publics.

Ce sont encore les classiques, ceux qui calquent les indices et les grands secteurs économiques, qui représentent le gros du marché, soit 60 % des ventes annuelles nettes.

Cela ne freine pas l'inventivité des gestionnaires qui, au contraire, multiplient les produits spécialisés, généralement plus gourmands en frais de gestion. C'est ainsi qu'on peut désormais investir dans des FNB pointus qui se focalisent sur des secteurs comme l'intelligence artificielle (FNB Horizons Actif I.A. actions mondiales - MIND), la cybersécurité (FNB indiciel cybersécurité Evolve - CYBR), les voitures électriques (Global X Lithium & Battery Tech - LIT) ou encore la technologie naissante de chaînes de blocs (Blockchain Technologies - HBLK) ou des produits à la mode comme la marijuana (FNB Horizons Marijuana médicale sciences de la vie - HMMJ).

Cette prolifération de produits complexifie par contre le travail de l'investisseur. «Ce n'est pas parce qu'il y en a plus de 600 qu'il faut tous les avoir dans son portefeuille. Au contraire. Un seul peut suffire, dans la mesure où il y a une grande diversité de titres», dit Yves Rebetez, analyste financier indépendant et spécialiste des FNB.

Du plus simple au plus compliqué

L'univers des FNB peut contenter aussi bien l'investisseur sophistiqué que l'épargnant le plus passif. Ian Gascon donne en exemple les FNB de répartition d'actifs de Vanguard, lancés en début d'année. Ces produits tout-en-un sont déclinés en trois versions, de «dynamique» à «prudent». «Ils permettent de se lancer avec un petit portefeuille très diversifié», dit le gestionnaire.

Le Vanguard Conservative ETF Portfolio (VCNS) détient 40 % en actions et 60 % en titres à revenu fixe ; le Vanguard Balanced ETF Portfolio (VBAL) détient 60 % en actions et 40 % en titres à revenu fixe ; enfin, le Vanguard Growth ETF Portfolio (VGRO) détient 80 % en actions et 20 % en titres à revenu fixe. Ces nouveaux fonds sont eux-mêmes composés de sept FNB indiciels et détiennent un total de 25 000 titres, soit quelque 10 000 actions et 15 000 obligations.

«Chacun des dix secteurs de la Bourse y est bien représenté, de sorte que le portefeuille est en partie prémuni contre une crise qui frapperait un secteur boursier en particulier, comme la crise des technos en 2000-2002 et celle des institutions financières en 2008», souligne Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital.

La plupart des firmes de courtage proposent également des portefeuilles modèles de FNB, composés à l'aide d'algorithmes, qui offrent une répartition d'actifs en actions et en revenu fixe, selon différents niveaux de risque. L'investisseur peut aussi se tourner vers l'un des nombreux robots-conseillers, comme Idema, Wealthsimple, InvestCube ou encore Portefeuille futé BMO, pour placer ses avoirs dans un portefeuille de base adapté à son profil d'investisseur et qui se rééquilibrera automatiquement.

Pour celui qui veut mettre la main à la pâte, il faudra faire lui-même le travail du robot, en amalgamant des FNB représentant les principales catégories d'actifs (bourses canadienne, américaine et mondiale, titres à revenu fixe).

Cette avenue est semée d'embûches, soulève Ian Gascon. L'investisseur autonome doit faire attention à la fiscalité, notamment en ce qui concerne les fonds d'obligations et les fonds de dividendes étrangers. Aussi, certains FNB sont peu liquides, rappelle le professionnel. «L'écart entre le cours acheteur et le cours vendeur peut être élevé, ce qui occasionne des frais supplémentaires pour l'investisseur.»

Les FNB indiciels ont aussi comme contrainte de limiter l'exposition à ces catégories d'actifs. «Avec un fonds indiciel, vous savez que vous aurez le rendement du marché, pas plus, mais pas moins non plus. C'est un peu comme passer la nuit dans une chambre d'hôtel classé trois étoiles : vous n'aurez pas de mauvaises surprises. Il n'y aura pas de "wow !" non plus», illustre Raymond Kerzérho.

Du wow... ?

«Quelqu'un qui s'est d'abord construit un portefeuille de base pour se familiariser avec le concept des FNB peut ensuite acquérir des fonds plus complexes basés sur des marchés géographiques ou des secteurs d'activités plus pointus, ou encore qui proposent une gestion moins passive», dit Dan Hallett.

On trouve dans cette catégorie les FNB appuyés sur l'indice des marchés émergents, comme le iShares MSCI Emerging Markets (XEM), qui compte près de 850 titres de grandes et moyennes entreprises sur les marchés émergents, comme Samsung et Alibaba, dont 30 % sont chinois. La Corée du Sud (14,8 %), Taïwan (12,2 %) et l'Inde (8,5 %) sont aussi représentés.

Même les pros s'y aventurent progressivement. «Quand j'ai commencé à acheter des FNB pour mes clients, je m'intéressais essentiellement aux FNB qui reproduisent les grands indices boursiers comme le S&P 500. Puis, je me suis intéressée aux FNB sectoriels qui tiennent compte des développements de l'économie, comme le secteur de la santé aux États-Unis qui allait sans doute profiter de l'élection du président Trump», raconte Dominique Vincent, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Groupe gestion privée, de 3Macs.

Les FNB à bêta intelligent ou stratégique, sans offrir une vraie gestion active, se distancent de la gestion purement passive. En s'écartant des indices traditionnels, ils cherchent à dégager à long terme des rendements potentiellement supérieurs à ceux des indices de référence traditionnels.

Un exemple : le tout récent FNB de la société Hamilton Capital, qui représente le secteur bancaire canadien. Portant le symbole HCB, le Canadian Bank Dynamic investit dans les six grandes banques canadiennes, mais leur poids dans l'indice est déterminé par leurs récentes performances, et non par leur capitalisation boursière.

«En matière de gestion active et de stratégie de bêta intelligent, un portefeuille devrait en contenir seulement entre 10 % et 30 %», conseille Yves Rebetez.

«Tous ces fonds spécialisés demandent des frais supérieurs à ceux des fonds indiciels», dit Ian Gascon. Si vous les collectionnez dans votre portefeuille, celui-ci finira par se comporter comme le marché en général, mais avec des coûts plus élevés que s'il était composé avec des fonds indiciels.

La démarche plus nichée

Au fil du temps, Dominique Vincent a augmenté la portion FNB de ses portefeuilles en ciblant des thèmes et des secteurs en pleine croissance. Elle s'intéresse par exemple aux FNB Robo Global Robotics and Automation Index (ROBO) et Horizons Robotics and Automation Index (RBOT) «pour profiter du potentiel de développement du secteur de la robotique». D'autres secteurs, comme la protection des données, le traitement des eaux ou encore les voitures électriques, sont aussi dans sa mire.

Le FNB Evolve Innovation Index (EDGE), lancé en mai dernier, offre pour sa part une participation dans des entreprises de diverses industries engagées dans des tendances dites «novatrices et perturbatrices». Ce FNB cherche à reproduire les rendements de l'indice Solactive Global Innovation, qui mesure la performance de titres boursiers appartenant aux secteurs de la robotique et de l'automatisation, des automobiles du futur, de la cybersécurité, de l'infonuagique, de la génomique et des médias sociaux.

Mais les investisseurs moins aguerris doivent jouer de grande prudence quand vient le temps de s'intéresser à des FNB plus spécialisés. «Les risques sont évidemment plus grands et ils doivent résister à la tentation de devenir trop spécialisés», conseille Dan Hallett.

«Si un FNB sur le cannabis vous permet peut-être une entrée dans un secteur très diversifié, ce n'est toutefois certainement pas la base d'un bon portefeuille», rappelle l'analyste Yves Rebetez.

La démarche spéculative

Les FNB à effet de levier sont des placements très spéculatifs et doivent être utilisés par des investisseurs aguerris. Ces produits, qui cherchent à doubler ou tripler les mouvements quotidiens d'un indice, peuvent vous faire gagner... ou perdre beaucoup. Par exemple, si l'objectif du FNB est de tripler l'indice, mais que l'indice chute de 10 %, la valeur des actions du fonds chutera de 30 %. Le fournisseur Horizons offre une vingtaine de ces fonds, comme le FNB BetaPro S&P 500 Haussier quotidien 2x (HSU) ou encore le FNB BetaPro sociétés aurifères canadiennes Haussier quotidien 2x (HGU).

«Ces FNB ne devraient pas se retrouver dans des portefeuilles à long terme», prévient Ian Gascon, qui ne s'y aventure jamais.

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