Comment investir en début de carrière

Publié le 01/05/2017 à 09:23

Comment investir en début de carrière

Publié le 01/05/2017 à 09:23

Parce qu'ils commencent à peine, les accumulateurs en début de carrière, que l'on définit en gros comme ceux âgés dans la vingtaine et la trentaine, n'ont en général pas grand-chose comme capital financier (à moins que ce ne soient des génies technologiques ou des top-modèles). Non seulement leurs revenus sont-ils souvent faibles comparés à ce qu'ils seront dans l'avenir, mais les nouveaux diplômés peuvent aussi être aux prises avec des prêts étudiants.

Toutefois, les accumulateurs en début de carrière ont d'autres actifs que leurs homologues plus âgés peuvent jalouser. Avec toute une vie de revenus en perspective, les gens en début de carrière regorgent de ce que les chercheurs appellent le capital humain : leur capacité à gagner leur vie est de très loin leur actif le plus important.

Les investisseurs dans la vingtaine et la trentaine ont aussi un actif valable en termes d'investissement : avec beaucoup de temps devant eux avant qu'ils doivent retirer leur argent (pour leur retraite du moins), les investisseurs en début de carrière peuvent mieux maîtriser le pouvoir des intérêts composés. Ils peuvent aussi tolérer des placements plus volatils qui, sur de longues périodes, sont de nature à générer des rendements plus élevés que les placements plus sûrs.

Si vous commencez à vous aventurer dans les placements, il est difficile de sombrer trop profondément dans l'erreur si votre devise est d'investir régulièrement autant d'argent que possible et de vous en tenir à des placements de base bien diversifiés. Mais il est aussi payant d'envisager vos « investissements » dans un sens large et d'orienter cet argent durement gagné vers les occasions qui promettent le meilleur rendement sur vos placements compte tenu du temps dont vous disposez. Pour la plupart des gens, cela demandera de jongler un peu avec des tâches multiples : plutôt que d'attendre que vos prêts étudiants soient remboursés avant de commencer à investir sur le marché ou à économiser pour verser par exemple un acompte sur l'achat d'une maison, peut-être feriez-vous mieux de réserver une portion de votre salaire tous les mois aux trois « investissements ».

Voici quelques tuyaux pour bien investir et, oui, pour jongler avec ces tâches à la vingtaine ou la trentaine.

Remettez la dette à sa place

Un des premiers choix que de nombreux accumulateurs doivent faire une fois qu'ils ont commencé à gagner un salaire est de consacrer une portion de ce dernier au service de leur dette ou d'investir sur le marché. S'ils sont tributaires d'une carte de crédit ou d'un prêt étudiant dont les taux d'intérêt sont particulièrement élevés, il convient de réserver le gros de leur argent disponible à ces « investissements », la raison étant qu'il est impossible de gagner un revenu élevé garanti égal au taux d'intérêt de vos remboursements, alors que supprimer une dette vous rapporte un montant garanti égal à votre taux d'intérêt. En règle générale, les investisseurs titulaires d'une dette dont le taux d'intérêt est de 5 % ou plus feraient bien de se concentrer sur son remboursement (ou de la refinancer avec des termes plus favorables) avant de se précipiter à toute vapeur sur des investissements boursiers. Une exception : la constitution d'un fonds d'urgence (voir ci-dessous).

Investissez dans votre capital humain

Puisque nous parlons d'« investissements » au sens large du terme, les décennies de la vingtaine et de la trentaine sont aussi le stade idéal dans la vie pour investir dans votre propre capital humain, par exemple en suivant des cours ou des séances de formation supplémentaires pour améliorer votre revenu potentiel pendant votre vie. Bien sûr, tous les investissements de ce type ne sont pas payants, et la situation idéale est une prise en charge au moins partielle de ces coûts par votre employeur. Mais si vous avez envisagé la préparation d'un diplôme plus avancé ou une formation supplémentaire quelle qu'elle soit, plus vous commencez tôt, plus le rendement de vos investissements à vie est a de chances d'être élevé.

Constituez-vous un filet de sécurité

Avec un capital financier limité, il est essentiel que les jeunes accumulateurs protègent ce qu'ils ont et soient capables de faire face à des urgences éventuelles. Une règle d'or est de se prémunir contre des risques qui créeraient une situation de précarité financière extrême et de ne pas prendre cette précaution pour des questions moins pressantes. L'assurance habitation et l'assurance automobile sont incontournables, comme l'est l'assurance vie si vous avez des enfants mineurs. Mais d'un autre côté, vous pouvez vous passer d'une garantie prolongée pour votre ordinateur portable ou votre machine à laver.

Il est également essentiel d'avoir un fonds d'urgence, car avoir sous la main un coussin de liquidités peut empêcher que vous ayez recours à des formes de financement moins réjouissantes comme une carte de crédit ou le pillage de vos comptes d'épargne retraite si vous perdez votre emploi ou en cas de frais imprévus. Il se peut que la règle d'or de mettre de côté entre trois et six mois de frais de subsistance en argent liquide puisse sembler décourageante, mais rappelez-vous qu'il s'agit de trois à six mois de frais de subsistance essentiels, et pas de revenu. L'article suivant contient des tuyaux pour les fonds d'urgence.

Démarrez vos comptes de retraite

Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les jeunes accumulateurs repoussent le moment où ils économisent pour la retraite. Il y a le fait non négligeable que de nombreuses personnes dans la vingtaine ou la trentaine soient aux prises avec un endettement étudiant très lourd. De surcroît, les plus de 20 ans et plus de 30 ans ont souvent au moins un objectif à court terme rivalisant avec l'épargne-retraite pour l'utilisation de cet argent durement gagné : un acompte sur l'achat d'une première habitation ou d'une auto, un mariage et des enfants, par exemple. Et puis la psychologie s'en mêle : avec une retraite éloignée de trois ou quatre décennies, les gens qui viennent de s'embarquer dans une carrière professionnelle ont peine à éprouver un sentiment d'urgence à cet égard.

Et pourtant, ce sont les plus jeunes investisseurs qui ont le plus de temps devant eux pour bénéficier de l'effet de la composition, et cet avantage s'accroit même quand ils ne peuvent économiser que des sommes assez petites et que le marché procure des rendements couci-couça pendant leur vie. Un jeune de 22 ans qui commence en économisant 200 $ par mois et qui gagne un rendement de 5 % par an aura plus de 362 000 $ à l'âge de 65 ans. En revanche, un investisseur qui attend l'âge de 35 ans pour commencer à investir mais qui met de côté 300 $ par mois à un taux de 6 % aura à peine plus de 300 000 $ à 65 ans. Ces 10 premières années de rendements composés ratés épongent à la fois des rendements et versements ultérieurs plus élevés, soulignant ainsi l'avantage de commencer à économiser pour la retraite aussitôt que possible, même si ça veut dire commencer petit.

Forcez sur les abris fiscaux

Les gens de tous les âges qui économisent pour la retraite seraient bien inspirés de se concentrer sur des véhicules de placement qui leur offrent un avantage fiscal comme les REER et les régimes enregistrés de retraite d'entreprise.

Un régime de retraite d'entreprise, si votre employeur en a un, est invariablement la façon la plus simple de commencer son épargne-retraite. Non seulement de nombreux régimes de retraite d'entreprise offrent de cotiser dollar pour dollar le montant des placements de leurs employés, mais déduire ses placements du salaire contribue à adoucir la souffrance du passage à l'acte (si vous ne mettez pas la main sur cet argent, il ne vous manquera pas). Les cotisations automatiques contribuent aussi à discipliner son épargne, même si le marché est défaillant ou que vos revenus sont en creux de vague.

Pour les jeunes accumulateurs qui ne disposent pas d'un régime de retraite d'entreprise bien généreux, il est toujours intéressant de cotiser suffisamment pour que l'employeur verse sa cote part intégrale; après cela, tournez-vous donc vers un REER pour vos actifs investissables supplémentaires. S'il vous reste encore suffisamment d'argent à investir une fois que vous avez obtenu la cote part intégrale de l'employeur et cotisé à un REER, vous pouvez retourner à votre régime de retraite d'entreprise et cotiser le maximum autorisé. Ce n'est qu'après que vous aurez épuisé les possibilités qu'offrent ces abris fiscaux que vous devriez songer à investir dans un compte qui ne soit pas un compte de retraite (c'est-à-dire un compte de courtage imposable.)

Choisissez le CELI si votre revenu imposable est faible ou si vous jonglez avec des tâches multiples

Ceux qui investissent pour la retraite ont une autre décision à prendre : devraient-ils cotiser à leur REER ou à un CELI? La réponse revient à décider si vous voulez payer des impôts maintenant ou plus tard. On cotise à son REER avant impôt mais on paie un impôt sur le revenu ordinaire quand on retire l'argent à la retraite. Le traitement fiscal des cotisations à un CELI est exactement le contraire : il n'y a pas d'avantage fiscal à cotiser, mais les retraits effectués à la retraite sont tous libres d'impôt.

Les cotisations avant impôt (au REER) offrent une gratification immédiate dans la mesure où la totalité de l'argent investi peut vous rapporter dès le premier jour sans que vous n'ayez à payer d'impôts. Toutefois, des cotisations à un CELI peuvent en fait avoir plus de sens pour les jeunes accumulateurs, dont le taux d'imposition au moment de la cotisation pourrait bien être plus faible que quand ils commenceront à prélever de l'argent à la retraite.

Le CELI offre une autre caractéristique attrayante que n'offrent pas les comptes REER : les cotisations peuvent en être retirées à tout moment et pour n'importe quelle raison sans impôt ni pénalité. Cela fait d'un CELI un compte « multi-tâches » idéal pour les investisseurs qui doivent se constituer à la fois un fonds d'urgence et des actifs de retraite.

Bien sûr, on n'est pas tenu de choisir à 100 % une formule ou l'autre. Cet article souligne les circonstances où un investisseur peut faire le meilleur usage de tous ses comptes de retraite différents.

Investissez conformément à votre capacité d'assumer le risque

On conseille souvent aux investisseurs de considérer leur tolérance au risque : comment ils se sentiraient si leur portefeuille perdait 5 % ou 10 % au cours d'une semaine ou d'un mois donnés. Cela n'est pas une mauvaise idée, surtout si un investisseur nerveux est enclin à mettre sens dessus dessous un régime de retraite bien conçu à un moment inopportun. Mais le concept vraiment important est celui de la capacité d'assumer le risque : combien on serait capable de perdre sans avoir à changer de train de vie ou de plan financier. (Cet article parle de la différence entre la tolérance au risque et la capacité d'assumer le risque, et la manière dont ces deux notions peuvent parfois s'opposer.)

En ce qui concerne l'épargne-retraite, les accumulateurs en début de carrière ont une forte capacité d'assumer le risque parce qu'en toute vraisemblance ils n'auront pas besoin de leur argent pendant de nombreuses années. Voilà pourquoi les portefeuilles de retraite comportent généralement une pondération en actions élevée : même s'ils comportent des hauts et des bas plus brutaux que les investissements plus sûrs comme les obligations et les liquidités, les actions ont historiquement récompensé davantage les investisseurs à long terme en fournissant de meilleurs rendements que d'autres catégories d'actifs.

Par ailleurs, si vos objectifs de placement sont plus rapprochés dans le temps, comme le versement d'un acompte pour l'achat d'une maison, peut-être feriez-vous mieux de n'avoir que peu d'argent, sinon pas du tout, d'investi dans les actions. Oui, le rendement provenant des obligations et des liquidités est plus faible, mais ces placements ont aussi beaucoup moins de chances d'encourir d'énormes fluctuations à la baisse.

Employez des éléments de base simples et bien diversifiés

Vous avez donc décidé de tirer profit d'abris fiscaux pour votre épargne-retraite et de placer le gros de votre portefeuille à long terme dans les actions. Mais il vous faut encore décider comment investir cet argent de façon spécifique. Avec des milliers d'actions, de fonds communs et de fonds négociés en bourse, cette tâche peut paraître monumentale, mais il faut résister à la tentation de trop compliquer les choses et de s'aventurer dans des types de placements au créneau trop réduit.

Concentrez-vous plutôt sur des placements largement diversifiés et peu onéreux. Pour les investisseurs débutants, les fonds communs à échéance cible peuvent enlever son cachet mystérieux au processus de placement : ces fonds adoptent des partis pris dynamiques avec de fortes pondérations en actions tant que les investisseurs n'atteignent pas l'âge de 50 ans, puis deviennent de plus en plus prudents à l'approche de la retraite.

Si vous ne voulez pas déléguer à d'autres le contrôle de la combinaison d'actions, d'obligations et de liquidités de votre portefeuille et la sélection de vos placements, la meilleure façon de mettre sur pied un portefeuille bien diversifié est d'employer des fonds négociés en bourse indiciels. Ces fonds pistent un segment du marché, comme l'Indice composé S&P/TSX, au lieu d'essayer de le surclasser. Cela peut paraître peu inspiré, et peu inspirant. Toutefois, les grands indices boursiers ont souvent le mérite d'avoir des coûts faibles, ce qui peut les avantager dans le temps par rapport aux fonds activement gérés. Si vous vous décidez bel et bien pour des fonds activement gérés constituant une partie ou la totalité de votre portefeuille, la modicité des frais devrait demeurer une priorité.

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