Cinq conseils sur les actions privilégiées

Publié le 31/01/2009 à 00:00

Cinq conseils sur les actions privilégiées

Publié le 31/01/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Voici cinq clés pour apprivoiser les actions privilégiées.

1 Un traitement fiscal avantageux

Le principal attrait de ces actions est leur rendement élevé après impôts. Les investisseurs devraient placer ces titres en priorité à l'extérieur de leur régime de retraite pour profiter pleinement du traitement fiscal avantageux des dividendes, recommande James Hymas, président d'Hymas Investment Management.

Chaque dollar de dividende reçu a plus de valeur dans un compte non enregistré qu'un revenu d'intérêts - environ 1,36 fois plus -, grâce au crédit d'impôt pour dividendes.

Pour les Québécois les plus imposés, le rendement de dividende de 6,25 % des dernières actions privilégiées émises par les banques équivaut à un revenu d'intérêts de 8,5 % après impôts, puisque le fisc impose moins les dividendes que les revenus d'intérêts.

2 Plus proches des actions que des obligations

"Le rendement élevé après impôts des actions privilégiées est séduisant, mais l'investisseur doit être prêt à tolérer des pertes en capital", souligne Caroline Nalbantoglu, planificatrice financière principale chez PWL Capital.

D'ailleurs, la désastreuse année 2008 l'illustre bien : l'indice Desjardins des actions privilégiées a chuté de 24 %, et certaines actions ont perdu plus de la moitié de leur valeur.

Le recul inhabituel des cours des actions privilégiées l'an dernier a abaissé leur rendement total à -2,6 % sur cinq ans (en présumant que les dividendes sont réinvestis dans l'achat d'actions identiques).

"Il ne faut pas tomber dans le piège de croire que ces titres sont des placements à revenu fixe. Les actions privilégiées sont la catégorie de titres la plus risquée d'une entreprise, après les actions ordinaires", dit David Tremblay, vice-président d'ING Gestion de placements et gestionnaire du Fonds Omega actions privilégiées, le seul de sa catégorie au Canada.

L'émetteur n'est pas tenu contractuellement de verser les dividendes, contrairement aux intérêts sur les obligations. Et les détenteurs d'actions privilégiées n'ont aucun recours pour exiger le remboursement de leur capital en cas de liquidation de l'entreprise.

Les actions privilégiées à dividende cumulatif ont une clause qui stipule que, si l'entreprise suspend le versement de ses dividendes, les dividendes privilégiés devront être versés avant tout dividende ordinaire lorsque la situation se rétablira.

Les actions à dividende non cumulatif ne bénéficient pas de cette protection.

Si une entreprise éprouve des difficultés financières, il est plus probable qu'elle élimine ses dividendes ordinaires avant ceux qu'elle verse sur ses actions privilégiées.

C'est ce qui explique que la Banque Scotia émet actuellement des actions privilégiées versant un dividende de 6,25 %, alors que ses actions ordinaires versent un dividende de 7 %. Cet écart reflète le fait que les investisseurs jugent que le dividende ordinaire est moins sûr que le dividende privilégié.

Dans le cas récent de Nortel Networks, ses actionnaires privilégiés ont touché leurs dividendes jusqu'à ce que l'entreprise se place sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers, à la mi-janvier. Mais leurs actions, émises au prix de 24 $, ne valent plus que 0,05 $.

Il n'est pas tout à fait juste de comparer les actions privilégiées aux actions ordinaires puisque ce sont deux placements visant des objectifs différents.

Les premières s'adressent aux investisseurs qui cherchent des revenus réguliers bénéficiant d'un traitement fiscal avantageux, et les secondes visent avant tout le gain en capital, précise James Hymas.

3 Des dividendes variables

L'avantage des actions privilégiées réside surtout dans leur rendement de dividende. Or, ce rendement varie continuellement afin de demeurer concurrentiel avec les rendements offerts par les autres types de placements, comme les obligations.

En outre, quand de nouvelles actions privilégiées versent un dividende supérieur à celles en circulation, le cours de ces dernières baisse, car leur dividende n'est plus aussi attrayant.

Par ailleurs, la plupart des actions privilégiées sont perpétuelles : elles ne prévoient pas de date à laquelle l'entreprise remboursera le capital à l'investisseur, comme c'est le cas pour les obligations. Comme les obligations à long terme, elles sont aussi particulièrement sensibles aux fluctuations des taux d'intérêt.

La majorité des actions privilégiées ont aussi une clause qui permet à l'émetteur de les racheter à un prix déterminé. C'est avantageux pour lui de le faire quand il peut émettre de nouvelles actions privilégiées versant un dividende moindre.

Ce rachat oblige l'investisseur à remplacer les actions qui lui procurent les revenus réguliers par un autre placement souvent moins intéressant, indique M. Hymas.

Pour cette raison, les actions privilégiées perpétuelles à taux fixe ne sont intéressantes que si leur cours est nettement inférieur à l'option de rachat, ajoute-t-il.

4 Des titres peu négociables

La valeur totale des actions privilégiées en circulation au Canada est d'environ 39 milliards de dollars (et 80 % des émetteurs sont des institutions financières).

Cette somme, énorme au premier coup d'oeil, représente seulement 3,9 % de l'ensemble des titres inscrits à la Bourse de Toronto. Il est donc parfois difficile de les revendre au prix souhaité.

Les investisseurs l'ont appris à leurs dépens l'automne dernier : les vendeurs étaient nombreux au pire de la crise du crédit, ce qui a amplifié la chute des actions privilégiées.

Il faut donc en détenir une petite dose dans le portefeuille et adopter une perspective à long terme, recommande M. Tremblay.

5 À quoi s'attendre ?

Le pire scénario pour les actions privilégiées serait un retour en force de l'inflation et une économie faible, car la hausse des taux d'intérêt abaisserait leur cours et la valeur de leur dividende, dit M. Hymas.

Dans ce contexte, les actions privilégiées à taux variable ou qui prévoient un ajustement du taux de dividende dans cinq ans protégeront mieux le capital de l'investisseur.

Si une importante entreprise cessait de verser le dividendes sur ses actions privilégiées pendant la récession, la valeur de toutes les actions privilégiées chuterait en Bourse, de même que si l'économie rebondissait beaucoup plus tard que prévu.

Les rendements de dividende élevés des actions privilégiées protègent en partie l'investisseur contre ces risques, mais pas complètement, explique M. Tremblay.

En revanche, si l'économie se redresse comme prévu, les actions privilégiées dont les cours sont les plus dépréciés devraient regagner de la valeur, car les risques de crédit s'estomperont et les écarts de taux reviendront à la normale, et ce, même si les taux d'intérêt augmentent.

UNE PLUIE D'ÉMISSIONS D'ACTIONS PRIVILÉGIÉES

La tempête financière a fait pleuvoir de nouvelles actions privilégiées au Canada depuis l'automne dernier.

Les institutions financières canadiennes en ont émis pour pas moins de 4,2 milliards de dollars depuis le 8 novembre, car elles ont besoin de capital pour atténuer les pertes sur prêts que la récession provoquera.

Les petits investisseurs achètent ces actions en grand nombre, car ils sont attirés par leur rendement alléchant. Leur rendement moyen (6,6 %) a rarement autant dépassé ceux d'autres placements, comme les obligations, soulignent plusieurs experts.

Par exemple, les dernières actions privilégiées émises par la Banque Nationale versent un dividende de 6,6 %, soit un taux de 4,9 % supérieur à celui des obligations canadiennes de cinq ans, précise John F. Nagel, vice-président de Valeurs mobilières Desjardins. "Je n'ai jamais vu un tel écart en 20 ans de carrière", dit-il.

"Il n'y a aucun doute que les actions privilégiées sont plus intéressantes qu'au printemps dernier, et nettement plus qu'en 2006 et 2007", affirme David Tremblay, gestionnaire du Fonds Omega actions privilégiées.

Des risques plus élevés

De tels rendements ne sont pas sans risque. Si les écarts de rendement sont si prononcés, c'est aussi parce que le risque que les émetteurs de ces titres cessent de verser des dividendes a rarement été aussi élevé, dit M. Tremblay.

En fait, ce risque croît depuis le début de la crise du crédit, et les cours de tous les titres de placements s'ajustent en conséquence.

La déconfiture des assureurs hypothécaires américains Freddie Mac et Fannie Mae l'automne dernier, qui a anéanti la valeur de leurs actions privilégiées, a amené les investisseurs à douter de la sécurité de ces titres, explique M. Tremblay.

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